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Pierre Mansat et les Alternatives

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Sur Le journal du Grand Paris:
Ph. Laurent : « L’organisation de la métropole telle qu’elle se dessine n’a pas de cohérence »

5 avril 2015

Maire de Sceaux, vice-président de Paris métropole, pionnier du Grand Paris, Philippe Laurent estime que la métropole qui se profile, résultat d’un compromis boiteux entre deux conceptions antagonistes, ne fonctionne pas.

Vous défendez dans une récente tribune le maintien des Offices publics de l’habitat au niveau communal. Pourquoi ?

La réponse est en réalité assez simple. Tout d’abord, les attributions de logements gagnent à être effectuées au niveau local, par des services qui connaissent la population. Je constate que les grands OPH ont des antennes de proximité pour cela. Par ailleurs, contrairement à ce que l’on dit, les coûts de gestion des petits OPH ne sont pas élevés. Au contraire. Tout simplement parce que ces offices sont proches des mairies, partagent donc avec elles des frais de gestion, mutualisant certaines fonctions, par exemple en matière de gestion des espaces verts. Je considère néanmoins que cela n’exclut pas de penser qu’un ensemble d’OPH de petite taille ou de taille moyenne puissent constituer une équipe commune de maîtrise d’ouvrages. On commence déjà à évoquer cette possibilité avec les offices voisins. Plus globalement, ne vaut-il pas mieux un léger surcoût, avec des gens qui s’engagent et au final des opérations réalisées dans de bonnes conditions, ou des programmes dans lesquels personne ne participe pleinement ?

De même, vous défendez le PLU communal ?

J’ai parfois le sentiment que certains députés ignorent ce qu’est réellement un plan local d’urbanisme, ce que cela contient. Il y a énormément d’éléments, très disparates, dans ces documents. Ils intègrent à la fois le plan d’aménagement de développement durable (PADD), qui traduit les grandes orientations stratégiques de la commune. Mais les PLU contiennent aussi toute une série de détails, qui concernent la protection du caractère, du paysage urbain, ou celle du patrimoine. Cela va jusqu’à la nature des clôtures ou la couleur des façades. Le bon sens aurait voulu, par conséquent, que la métropole ou les territoires déterminent les grands axes du plan de zonage, reflétant la stratégie métropolitaine. Et que le niveau local conserve la maîtrise de sa déclinaison, avec, naturellement, l’obligation de respecter les directives du niveau supérieur. Mais transférer le PLU dans sa globalité aux territoires me semble absurde. Que va-t-il se passer ? Je rappelle que les maires ne délivrent pas les permis de construire en fonction de leur bon vouloir mais exclusivement en fonction des règles du PLU. Autrement dit, si les maires n’ont pas leur mot à dire sur l’édiction des règles d’urbanisme, ils refuseront de délivrer les permis de construire, et ils auront raison ! Le transfert de cette compétence aux territoires va en outre conduire à des négociations permanentes et sources de tensions avec les communes.

Les maires sont accusés de malthusianisme, ce qui expliquerait le faible taux de construction de logements en Ile-de-France. Qu’en pensez-vous ?

Je rappelle tout d’abord que les maires réticents à la construction de logements le sont parce que leur population y est elle-même très majoritairement hostile. Il faut entendre les commentaires de certains habitants lorsqu’on leur parle de logements sociaux…

Et si la population affiche cette opposition, c’est qu’elle garde en mémoire les énormes erreurs commises en l’espèce par l’Etat dans les années 60 et 70. Même si aujourd’hui, ce qui se fait en matière de densification est de bien meilleure qualité, beaucoup plus réfléchi, nous ne pouvons que craindre que la centralisation de la décision à travers l’OIN multi-sites aboutisse aux mêmes erreurs. Si l’on prend les communes voisines de Sceaux, le Plessis-Robinson, Chatenay-Malabry ou Antony, les maires ont densifié, et ils ont été réélus. Tout dépend en réalité du type de projet urbain que l’on porte. Tout dépend aussi de la façon avec laquelle on accompagne les constructions, de la qualité de l’aménagement des espaces publics, de la présence pérenne de commerces, du lien avec les autres quartiers, …. C’est la raison pour laquelle nous avons mis l’accent, depuis longtemps, au sein de Paris métropole, sur la nécessité d’aider les maires bâtisseurs. Hélas, avec 100 millions d’euros pour l’ensemble de la France, les mesures annoncées récemment par le gouvernement en ce sens demeurent insuffisantes. En résumé, les maires ne sont pas malthusiens par plaisir. Ils sont globalement d’accord pour bâtir, à condition qu’ils puissent accompagner ces projets par les équipements publics nécessaires, et que les projets soient de qualité, c’est-à-dire qu’ils donnent réellement envie aux gens de venir y habiter. Il y a d’ailleurs eu de nets progrès en ce sens au cours des dernières années. Mais si l’on éloigne un peu plus l’attribution des logements sociaux du maire, il est sûr que cela ne va pas les inciter à en construire davantage. Il faut savoir faire des compromis.

Vous ne contestez-pas la nécessité de bâtir davantage ?

Personne ne la conteste. Certains estiment simplement qu’il faudrait répartir les objectifs sur toute la France, au nom de la décentralisation. Par ailleurs, le desserrement se poursuit. C’est-à-dire que le nombre d’occupants par logement continue de décroître. A Sceaux, par exemple, qui compte 9.000 logements et 20.000 habitants, nous perdons des habitants si l’on ne construit pas au moins 60 logements supplémentaires chaque année. Cela provient de l’allongement de la durée de vie, conjugué à la décohabitation. Et puis, il faut construire également pour réduire le déséquilibre entre l’est et l’ouest de la région parisienne, qui a des conséquences extrêmement fâcheuses. Dans les Hauts-de-Seine, par exemple, les gens qui exercent des métiers faiblement rémunérés ne peuvent pas se loger. Ils doivent donc effectuer chaque jour de longs trajets en RER pour venir de la Seine-Saint-Denis nettoyer les bureaux de la Défense. C’est un système absurde et coûteux pour la collectivité. Je le dis à mes habitants : quel est votre intérêt à ce que les aides à domicile résident en Seine-Saint-Denis ou au fin fond de la Seine-et-Marne, et soient absents régulièrement parce que les transports en commun ne fonctionnent pas ? Pour cela, il faut de la mixité sociale, et donc du logement social. Cette ségrégation urbaine n’est en fait l’intérêt de personne. Je m’enorgueillis donc que 60% des agents employés par ma commune résident à Sceaux. Par ailleurs, il me semble utile de construire davantage en Ile-de-France car la région capitale constitue la locomotive économique du pays. Lyon, Toulouse ou Bordeaux sont certes également des moteurs de l’économie, mais des moteurs auxiliaires.

Quel regard portez vous sur l’état de l’article 12 tel qu’issu de la première lecture de la loi NOTRe par le parlement ?

Le texte actuel résulte d’un compromis en réalité boiteux, entre deux conceptions de la métropole. Au départ, nous souhaitions que la métropole se construise par la fédération des énergies déjà existantes au sein des communes et des intercos. Il s’agissait de bâtir une métropole tournée vers l’attractivité. Mais l’attractivité, cela veut dire également du logement, et naturellement un rééquilibrage territorial. Cela supposait un périmètre qui englobe assez largement les différents acteurs, les villes nouvelles, les pôles universitaires, les aéroports. Notre idée de départ n’était pas d’abord de faire de la péréquation et/ou de mutualiser les moyens. Cela serait venu naturellement par la suite. Le seul objet pour lequel nous pensions qu’il fallait mutualiser les moyens sans attendre, c’était les transports. Et cela s’est fait d’ailleurs, par le biais de la Société du Grand Paris, puisque le Grand Paris express est financé, pour partie, par une taxe dont s’acquittent tous les Franciliens. Et puis, compte tenu des aléas parlementaires de la loi Maptam, on a abouti à un basculement complet de la conception de la métropole. Il s’est agi alors de centraliser les ressources pour les redistribuer de manière différente. Ce n’était pas ce que nous voulions au départ. On est donc revenu un peu sur cette idée, mais pas complètement, pas jusqu’à la conception initiale. Cet entre-deux est très mauvais. J’ai lu ce qu’a écrit récemment Pierre-Antoine Gailly, le président de la CCI Paris Ile-de-France, à ce sujet. Je suis globalement en accord avec lui. Je pense que le signal qui est donné aux acteurs économiques par le texte adopté en première lecture est très mauvais. Je note que ce ne sont pas tellement les maires qui ont donné ces signaux, mais les parlementaires, dont beaucoup ne sont pas maires justement. La vraie faute de notre part a été de ne pas avoir pu nous faire entendre à la fin 2012. Aujourd’hui on est sur une métropole qui recule, qui va reculer. Car elle se met en place contre les acteurs du quotidien.

Quelle est, selon vous, la bonne taille pour les territoires en petite couronne ?

Là aussi, deux conceptions s’opposent sans que le débat soit clairement tranché. Soit les territoires sont des circonscriptions d’action de la Métropole, notamment en termes de développement économique, d’attractivité. Alors il n’est pas idiot de bâtir des territoires qui regroupent 800.000 habitants ou même davantage. Soit ce sont de simples outils de mutualisation de moyens et d’équipements. Et alors même 400.000 habitants me semble trop grand. Nous gérons par exemple déjà cinq conservatoires de musique à la communauté d’agglomération des Hauts-de-Bièvre, ce n’est pas déjà mal… Or elle ne rassemble que 180.000 habitants. En réalité, l’organisation de la métropole telle qu’elle se dessine n’a pas de cohérence. Donc, en l’état, ça ne tiendra pas. Ça ne donnera rien. Notre schéma initial progressif était bien meilleur. Et puis la métropole rassemblera trop d’élus pour que l’esprit de l’interco puisse s’y exprimer. Cet esprit repose sur une culture du consensus, qui signifie que les décisions sont prises avec ce que j’appelle le « respect des maires ». Cela signifie que si une décision est désapprouvée par une commune, on en rediscute, jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé. A plus de 300 conseillers métropolitains, ce ne sera pas possible. Je crains que la métropole ne soit qu’un outil très politicien, très politique, avec une majorité et une opposition, des groupes partisans, etc… Le contraire d’un lieu collaboratif !

Le texte va-t-il encore bouger selon vous ?

Les sénateurs vont l’amender de nouveau, mais l’Assemblée reviendra à la version actuelle. Le groupe socialiste y demeure majoritaire et ne semble pas ouvert à la discussion. Cela peut éventuellement évoluer après 2017, encore que dans ce domaine, il faut naturellement se garder de toute illusion reposant sur des promesses …

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