5 Septembre 2007
Mais si j'ai décidé de m'engager à nouveau, c'est pour impulser une dynamique nouvelle. Mon projet consiste, avec les Parisiens, avec une équipe, à donner un temps d'avance à Paris.
C'est la « couleur » de votre prochain mandat ?
Quand j'ai été élu en 2001, Paris accusait de nombreux retards. Nous en avons comblé beaucoup, en commençant par restaurer le climat démocratique. Les faux électeurs, les emplois fictifs, le clientélisme, appartiennent au passé. C'était la condition pour remettre Paris en mouvement. Grâce aux Parisiens eux-mêmes, notre cité est à nouveau une ville solidaire qui innove, qui surprend, qui rayonne sur la scène internationale. Mais nous nous n'avons pas tout réussi: je veux donc aller plus loin. Ce « temps d'avance », c'est une ville qui ne subit pas l'avenir, mais qui se donne les moyens de l'écrire. La signature de Paris au XXIème siècle, ce doit être un modèle urbain qui met en harmonie performance sociale, économique, environnementale et culturelle.
Qu'est ce qui aurait pu vous faire renoncer?
Des choix personnels. J'aurai 58 ans l'an prochain et tout au long de ma vie, je me suis toujours remis en cause. Mais m'investir pour l'avenir de Paris a vraiment du sens. Si ma candidature est, bien sûr, soumise aux militants socialistes, c'est avec l'ensemble des Parisiens que je veux élaborer notre projet pour 2008-2014. Je souhaite d'ailleurs une campagne digne, sans attaques personnelles, mais concentrée sur le fond et les propositions, car c'est cela qui intéresse les citoyens.
Bâtirez-vous votre campagne autour de votre bilan ?
D'abord, même si par respect pour les Parisiens, je ne souhaitais pas attendre pour rendre publique ma décision, l'actuel mandat est loin d'être terminé. J'ai donc bien l'intention d'assumer mes fonctions jusqu'au bout, avec la même volonté d'innovation et de résultats. Je m'engage pour l'avenir de Paris. Mon équipe et moi-même portons un regard exigeant sur l'action que nous menons. Depuis six ans, Paris a connu une dynamique sans précédent. J'entends que la dynamique 2008-2014 soit encore plus forte, plus collective.
Avec quels alliés partirez-vous ?
La nouvelle équipe devra mêler expérience et renouvellement, dans l'ouverture, non pas politicienne, mais à la richesse de Paris. Richesse des origines, des générations, des cultures, des expériences économiques, sociales, démocratiques, culturelles, sportives... Nos listes devront refléter cette diversité, en intégrant aussi des candidats européens, qui sont des Parisiens à part entière. Avec sa double nationalité, française et espagnole, Anne Hidalgo, ma première adjointe, symbolise très bien ce formidable atout, et au-delà, l'identité de l'équipe municipale.
Les Verts auront-ils autant de place qu'aujourd'hui ?
Toutes les composantes de la majorité ont apporté quelque chose et contribué, même imparfaitement, à la dynamique de Paris. Je veux saluer leur travail. Mais soyons honnêtes. Il y a eu parfois des désaccords et des comportements qui s'apparentaient à de la surenchère. Les Parisiens seront juges. Par leur vote au premier tour, c'est à eux de déterminer la représentativité de chacun à l'avenir.
Au second tour, sur quelles bases le rassemblement s'opèrera-t-il ?
Les alliances n'ont de sens que par rapport à un projet, à une vision d'avenir. Je souhaite donc que les électeurs soient traités avec une totale loyauté.
Cela veut dire quoi ?
Les uns et les autres devront dire dès avant le premier tour - la remarque vaut pour les Verts comme pour le Modem - ce qu'ils ont l'intention de faire au second. Je ne veux pas d'arrangements politiciens qui, même avec les meilleures intentions du monde, équivalent à des compromissions. Le paysage du second tour devra donc être connu avant le premier.
Vous sentez vous «Modem-compatible» ?
Nous soumettrons aux Parisiens un projet progressiste, novateur, ambitieux. C'est ce projet qui déterminera les alliances futures. Mais que veulent les élus du Modem? Aujourd'hui, au Conseil de Paris, ils ont souvent des votes disparates. Sont-ils pour le développement de l'emploi à Paris, oui ou non ? Pour de nouveaux parkings résidentiels en centre-ville, oui ou non ? Pour la construction d'un stade de rugby, oui ou non ?
Ils ressemblent aux Verts !
Et pour cause puisque certains sont passés des Verts au Modem! Moi, je n'ai aucun goût pour les jeux politiciens, mais pour les idées et la clarté devant les électeurs. Donc, à chacun de se déterminer par rapport au projet. En Italie, le centre a bien choisi la gauche contre la droite. Pour ma part, je m'adresse à tous les Parisiens. Et s'il y a des électeurs de droite d'accord avec nos ambitions pour Paris, s'il y en a même qui ont voté Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle et qui croient à la dynamique que je propose, ils sont les bienvenus !
Comment, dans cette campagne, allez-vous donner la parole aux Parisiens puisque c'est votre souhait ?
J'ouvre dès aujourd'hui un site (bertranddelanoe.net), sur lequel j'invite les Parisiens à réagir, proposer, dialoguer, y compris entre eux. J'ai besoin de leur influence, pour que le projet 2008-2014 soit conçu collectivement. D'autre part, avant la fin de l'année, je tiendrai une réunion publique ouverte à tous dans chacun des vingt arrondissements. J'y serai largement à l'écoute, comme dans les compte-rendus de mandat que j'ai réalisés tous les ans. Je suis le maire de tous les Parisiens. Je serai aussi un candidat de conviction pour tous les Parisiens. Y compris ceux qui ne votent pas pour moi.
Il s'agit là de «démocratie participative» ?
Cela fait six ans et demi que nous la pratiquons, et nous partions de très loin ! Mais dans ce domaine aussi, Paris doit avoir un temps d'avance. Je proposerai donc un renforcement significatif des budgets des Conseils de quartier et je suis prêt à réserver 25% de l'enveloppe totale des subventions aux maires d'arrondissements. J'entends également donner aux Parisiens les moyens d'influer sur l'ordre du jour des séances du Conseil de Paris.
A Paris, l'automobile sera toujours indésirable ?
Allons !... Je ne suis pas anti-voitures : je suis anti-pollution ! C'est la santé des habitants qui est en jeu. J'assume donc cette politique qui a déjà fait baisser de 9% les émissions de gaz à effet de serre. Pour la prochaine mandature, nous devrons viser 25%. Quant à la pollution de proximité, elle a déjà diminué de 32%, mais c'est insuffisant. Je souhaite que Paris soit la plus performante dans ce combat, afin de devenir la première métropole à respecter strictement les normes européennes dans ce domaine.
Comment comptez-vous vous y prendre ?
Il faut agir sur tous les leviers : prolonger le tramway jusqu'à la porte de la Chapelle, et même jusqu'à la porte d'Asnières, si l'Etat nous épaule, puisque pour l'instant sa contribution est égale à 0. Nous souhaitons également que la fréquence des métros et des bus soit renforcée aux heures de pointe, même si cet objectif engage évidement nos partenaires. Nous avons lancé les voitures en libre-service : nous amplifierons ce dispositif. Vélib' atteindra son plein régime à la fin de l'année. Et n'oublions pas le transport fluvial: en 2008 sera inaugurée la première ligne de navettes sur la Seine, entre Austerlitz et Maisons-Alfort. A terme, il faut un vrai métro fluvial. Car plus l'offre de déplacement sera diversifiée, moins les usagers seront contraints de recourir à la voiture. Ce volontarisme environnemental s'appliquera aussi au « plan climat » que nous examinerons prochainement ainsi qu'à l'émergence de nouveaux « éco-quartiers », après ceux déjà engagés aux Batignolles ou Gare de Rungis, par exemple.
Vous allez finir par être plus vert que les Verts !
Mes convictions écologistes sont anciennes et fortes, ce qui n'a jamais fait de moi un Vert, notamment parce que j'ai toujours revendiqué une exigence gestionnaire. Ainsi je suis favorable à une reconquête progressive des voies sur berges, mais conditionnée par une baisse de la circulation dans Paris. Sur cette base, dès la prochaine mandature, nous nous fixons l'objectif d'en reconquérir une partie. Ce site est unique au monde : avec Paris-plages, il est ouvert à tous un mois par an. Bien entendu, ce sera mis en œuvre en concertation avec l'Etat, les riverains et les communes voisines.
Comptez-vous réserver une file sur le périphérique aux taxis et aux bus ?
C'est une hypothèse intéressante qui devrait s'appliquer aussi au co-voiturage. Mais, là encore, rien ne peut se concevoir sans une réflexion approfondie avec nos voisins et l'Etat, car il s'agit d'un axe majeur au sein de l'agglomération.
Précisément, êtes-vous favorable à la création d'une structure intercommunale, telle que proposée par Nicolas Sarkozy ?
Je n'ai pas attendu son intervention pour restaurer le lien avec les communes de l'agglomération, après des décennies d'arrogance parisienne. Conventions bi-latérales, Conférence métropolitaine: nous avons énormément avancé. Mais je suis favorable à une nouvelle étape. Au lendemain des élections de 2008, en prenant appui sur la légitimité des nouveaux élus, mettons-nous autour de la table. Pour concevoir d'autres outils communs et élaborer un schéma institutionnel. Car Paris est plus grand que Paris. Et la Région Ile-de-France doit jouer un rôle central dans cette future institution. Quant à l'Etat, il devra clarifier ses positions, notamment sur le plan budgétaire.
Il reste très difficile à Paris de se loger...
C'est vrai et c'est pour nous une priorité absolue : pouvoir rester ou s'installer à Paris. Nous avons déjà rattrapé des retards. Nous avions promis 24 500 logements sociaux financés, à comparer aux 9000 de nos prédécesseurs. En mars 2008, nous en aurons finalement financé plus de 30 000 ! Mais il faut aller au-delà. La loi SRU impose aux communes 20 % de logements sociaux en 2020. Je souhaite donner un temps d'avance à Paris, en atteignant cet objectif dès 2014. Je proposerai également un dispositif municipal d'aide à la caution, pour les jeunes ménages qui cherchent à louer.
Allez-vous construire des tours, malgré le veto des Verts ?
Sur cette question, j'ai affronté une coalition de conservateurs de droite et de gauche, ainsi qu'une vraie réticence des Parisiens. Pourtant je pense que, sur un territoire limité à 105 km2, quand on a une ambition économique, il faut accepter de dépasser parfois les 37 mètres de hauteur, aux portes de Paris et avec de vraies exigences écologiques et architecturales. Je ferai d'ailleurs en sorte que ce débat se clarifie au cours des sept mois qui nous séparent de l'élection...
Paris pourrait mieux faire en matière de nouvelles technologies...
Avec 400 points wifi gratuits dès ce moi-ci, Paris est déjà très bien placée dans la compétition mondiale. Mais notre objectif est de couvrir la totalité du territoire parisien en très haut débit, dès 2012, ce qui concerne autant les particuliers que les entreprises. Paris prendrait alors le leadership mondial.
A Paris, le chômage reste plus important que dans l'ensemble de la France...
Depuis quatre ans, le chômage a baissé de 28% à Paris, contre seulement 18% sur le plan national. En 2003, le taux de chômage parisien se situait 1,7 point au-dessus du taux national. Aujourd'hui, l'écart n'est plus que de 0,3 points. Avec un solde net de 130 000 créations d'entreprise, nous sommes sur la bonne voie. Mon ambition est donc d'installer durablement le taux de chômage parisien en dessous du niveau national.
Pourquoi allez-vous cette fois augmenter les impôts ?
Je suis le premier maire de Paris qui n'aura pas augmenté les impôts de toute la mandature, contrairement à mes prédécesseurs. Les impôts à Paris restent plus faibles que dans les autres villes de France. Comparez, à logement équivalent, avec Bordeaux, Marseille ou Toulouse. Au service d'une nouvelle dynamique urbaine, nous prévoyons donc une augmentation très modérée de la fiscalité qui, je m'y engage, sera strictement limitée aux deux premières années.
Est-il possible d'être maire de Paris à temps plein en continuant à jouer un rôle politique majeur sur le plan national ?
En démissionnant du Sénat dès mon élection à la mairie de Paris, je me suis appliqué le mandat unique. Si je suis candidat, c'est pour être à nouveau maire de Paris à 100%. Mais je ne vois pas pourquoi cela m'interdirait de prendre part au débat national, de m'intéresser aux grands enjeux de notre société.
Si vous êtes réélu, vous ne serez donc jamais candidat au poste de Premier secrétaire du PS ?
Cette question n'est pas d'actualité. Réélu demain, je ferai, je le répète, mon travail de maire à 100%. J'ai installé ma relation avec les Parisiens dans la loyauté. Ce sera toujours le cas.
Continuerez-vous à tolérer chez vos amis le cumul des mandats ?
Ce que je recommande c'est de limiter au maximum le cumul des mandats, sauf raisons locales qui le justifieraient.
Vos relations avec Nicolas Sarkozy sont-elles bonnes ?
Je respecte le Président de la République. Il est légitime. Nos rapports sont cordiaux. Mais il ne peut pas y avoir de confusion puisqu'il est le leader de la droite et que je suis un citoyen de gauche. Il n'y a pas besoin d'arrangements politiciens pour faire du bon travail, de manière pragmatique, sincère, en restant fidèle à ses valeurs.
Paris, ville moderne, on le dit souvent, mais on dit aussi: Paris, ville furieusement bourgeoise !
Ce n'est pas juste. 72% des ménages parisiens sont éligibles à un logement social : c'est cela votre « ville bourgeoise » ? Paris se sent liée au destin des collectivités qui l'entourent et avec lesquelles elle conduit de nombreux projets, par exemple d'aménagement urbain avec St Ouen. Et sans sectarisme. Ainsi, au dernier Conseil de Paris, j'ai fait voter 8,5 millions d'euros pour le tramway d'Issy-les-Moulineaux, parce que notre avenir est commun. Paris n'est ni égoïste, ni fermée. Au contraire, sa richesse, c'est sa diversité et son ouverture aux autres.
Propos recueillis par Maguelone Bonnaud, Martine Chevalet, Dominique de Montvalon et Sébastien Ramnoux
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Réaction de Jean Vuillermoz
Président du groupe communiste au Conseil de Paris
Bertrand Delanoë vient d’annoncer dans la presse quotidienne qu’il sera candidat en mars 2008 à un nouveau mandat de maire de Paris. Nous nous félicitons de cette clarification qui permet d’ores et déjà aux Parisiens de connaître ses projets et sa conception de la future équipe municipale.
Démocratie participative, solidarité, amélioration de la qualité de vie et des services rendus aux Parisiens, maintien de la diversité de la population avec une offre soutenue et en constante progression de logements publics, modification profonde des déplacements pour inscrire notre Capitale dans un véritable développement durable, dynamisme économique au service de l’emploi, nouveaux rapports avec les villes voisines….autant d’éléments qui ont guidé les actions de l’actuelle majorité municipale et en faveur desquels les élus communistes ont activement participé.
Ainsi, si notre municipalité finance en 2007 plus de 6000 logements sociaux contre 3.500 annuel au début de la mandature, c’est aussi le résultat d’une persévérance des élus communistes. Isolés en début de mandature sur ce sujet majeur, ils se félicitent aujourd’hui du bon niveau d’engagement partagé par l’ensemble de la gauche municipale.
Ces évolutions engagées depuis 2001 ont toutes été proposées et soutenues par les seuls groupes de gauche dont chacune des composantes y a inscrit son empreinte tant dans sa genèse que dans l’ampleur de sa mise en oeuvre. Cette dynamique s’est nourrie d’un élément central : rééquilibrer le territoire parisien en mettant fin aux ségrégations de toute nature entre le nord-est et le sud-ouest. Rééquilibrage qui n’a jamais reçu le soutien de la Droite, ni du centre, ni du MoDem aujourd’hui. Tous les grands dossiers majeurs au service de ce rééquilibrage en témoignent. Il en est ainsi du Plan Local d’Urbanisme, du Plan Local de l’Habitat, du Plan des Déplacements de Paris, de la réalisation du Tramway, des couloirs de bus…
Bertrand Delanoë vient d’informer les parisiens de la nouvelle dynamique qu’il compte impulser avec eux et à laquelle les élus communistes entendent participer et faire connaître leurs propres propositions.
Ce projet peut-il se réaliser avec la participation d’élus de la droite parisienne dans la future équipe municipale ? Ce serait semer l’illusion qu’il peut y avoir consensus sur un projet de gauche, populaire et démocratique.