4 Septembre 2007
PUBLIC SENAT LE 18 H - EMMANUEL KESSLER Avec nous Pierre MANSAT qui est adjoint au maire de Paris. Peut-être un petit commentaire sur ce panorama économique au moment où I,e Sénat vote ces mesures du paquet fiscal. Je rappelle que vous êtes un élu communiste, cela ne doit pas vous enchanter le paquet fiscal de Nicolas SARKOZY.
PIERRE MANSAT Je ne crois pas; les chiffres que vous avez donnés dans votre sujet montrent que ces mesurées bénéficient à quelques milliers de foyers français sont tout à fait même scandaleux. Ils ne permettront surtout pas, certainement pas un développement de la croissance et un développement du pays.
EMMANUEL KESSLER L'on voit bien l'inquiétude du pays et l'inquiétude de l'opposition dans le débat parlementaire d'ailleurs. Alors, vous êtes adjoint au maire de Paris, vous êtes chargé des relations entre Paris et la banlieue. Et là, pour Paris, l'actualité en ce moment c'est Paris Plages bien sûr mais c'est aussi le succès du VELlB' qui a été lancé il y a moins de quinze jours, il y a plus de 440 000 locations et on entend des maires de banlieue, il y a Vincennes, il y a Rosny-sous-Bois, qui disent « pourquoi pas nous? » Alors, vous qui êtes chargé des relations avec ces communes, d'ailleurs Bertrand DELANOË vient de vous dire, «étudiez ce que l'on pourrait faire. » Est-ce que le VELlB' va pouvoir dépasser les seules frontières parisiennes?
PIERRE MANSAT Oui, oui, tout à fait, Bertrand DELANOË m'a chargé d'une mission de créer les conditions,en tout cas de rechercher les conditions qui permettraient un partage de VELlB' à une autre échelle. Alors, d'abord, la question n'est pas nouvelle; au moment où la municipalité parisienne élaborait son appel d'offres, on s'est posé cette question puisque, bien évidemment, la vie des Parisliens ou des Franciliens est celle-là. On sait qu'on franchit le périph ...
EMMANUEL KESSLER Il n'y pas de frontières ....
PIERRE MANSAT On franchit le periph pour aller travailler, il y a 800 000 Franciliens qui viennent travailler à Paris tous les jours, 300 000 Parisiens qui font le chemin inverse. On franchit le périph pour des tas de raisons, pour aller voir sa famille, ses amis, pour aller au Stade de France ou à l'inverse pour aller au cinéma ou au resto à Paris. Donc le bassin de déplacement des habitants n'est pas celui de la frontière administrative. Donc on s'est posé cette question mais là, on s'est heurté à deux problèmes qui sont d'une part la nature du marché que l'on avait passé, c'est-à-dire qu'on liait le marché de fourniture des vélos au marché de la publicité, des panneaux publicitaires parisiens.
EMMANUEL KESSLER C'est JC DECAUX qui a le marché et qui a aussI envie le marché publicitaire. PIERRE MANSAT Oui qui les a dans cet appel d'offres, ça aurait pu être d'autres concurrents mais qui les a dans cette ...On a lié les deux, les vélos et le marché publicitaire des panneaux et cela, ce n'était pas possible de le faire avec la banlieue puisque la banlieue n'a pas forcément des marchés avec cette même société.
EMMANUEL KESSLER Donc ça c'est un problème juridique.
PIERRE MANSAT C'est un problème juridique qui est très compliqué. Evidemment, ce sera l'un des sujets. Le deuxième, c'est que de toute façon, on est dans une difficulté qui a avoir d'ailleurs avec le sujet qui est d'actualité aujourd'hui qu'on appelle le Grande Paris ..,
EMMANUEL KESSLER On va en parler dans quelques minutes.
PIERRE MANSAT Dont on va parler, qui est l'absence de lieux communs, de lieux de travail communs et même la diversité, voire même la division entre collectivités, fait qu'il est très difficile de se projeter à l'échelle pertinente et d'avoir par exemple le marché qui aurait permis de correspondre au bassin de déplacements. Donc la question était posée au moment où on a décidé. de VELlB'.
EMMANUEL KESSLER Ce n'est pas une peur des banlieues?
PIERRE MANSAT Bien au contraire puisque l'ensemble des ... E
MMANUEL KESSLER Des dégradations éventuelles qui seraient plus fortes en banlieue qu'à Paris. PIERRE MANSAT Je ne crois pas; on voit d'ailleurs à l'exemple parisien qu'il n'y a pour le moment aucun vandalisme, aucune dégradation, il n'y a pas de raison qu'à partir du moment où on met à disposition un bien utile, un bien qui corresponde aux attentes des gens, le respect est absolument général et c'est vrai en banlieue comme à Paris.
EMMANUEL KESSLER Dans quel délai vous pensez pouvoir résoudre ce problème et essayer de pouvoir résoudre ce problème et faire en sorte que VELlB' ne soit pas simplement limité à la ville intra muros ? PIERRE MANSAT D'abord, on y tient beaucoup. C'est le vélo ....on voit bien ce qui se passe autour des stations et puis le chiffre que vous avez cité, cela correspond à une attente, un point de vue des gens, cette envie de se déplacer autrement, de vivre la ville différemment, donc cette volonté de partager ce que nous avons mis à disposition des Parisiens est extrêmement forte. C'est le sens de la déclaration de Bertrand DELANOË. On tient à ce partage mais il est clair que ça ne sera pas très facile, il y a des sujets juridiques qui sont forts.
EMMANUEL KESSLER Donc quelques mois probablement avant de ...
PIERRE MANSAT En tout cas, il m'a chargé d'une mission qui est à la fois d'essayer de repérer les enjeux financiers et puis ...
EMMANUEL KESSLER Quelle échéance?
PIERRE MANSAT En tout cas, il y a une volonté très forte de la part des élus parisiens et des élus de banlieue puisque vous le rappelez de travailler très vite sur le sujet. Donc dès la rentrée, on va se réunir avec les maires, avec les élus qui le souhaiteront pour examiner les conditions dans lesquelles on peut avancer.
EMMANUEL KESSLER Dans un discours le 26 juin dernier, Nicolas SARKOZY s'est étonné que Paris soit la seule agglomération à ne pas vraiment avoir une structure forte intégrant la ville et les banlieues autour, ce que l'on appelle parfois le ({Grand Paris. » Est-ce qu'il va voir le jour un jour ce Grand Paris puisque vous le disiez tout à l'heure, les frontières de la vie ne s'arrêtent pas aux frontières de la ville de Paris?
PIERRE MANSAT C'est un débat qui est, je ne dirais pas que c'est un serpent de mer, c'est un débat qui est tout à fait récurrent. L'expression «Grand Paris» date du début du siècle, les années 20, les années 40, les années 50. Il Y avait ce débat autour des limites administratives parisiennes. Il est clair que Paris est petit et que Paris étouffe dans son périphérique: tout le monde le sait et que la division actuelle, la division de l'agglomération en une multitude d'institutions démocratiques tout à fait légitimes ne permet pas de rendre compte des enjeux et des possibilités d'une agglomération, d'une métropole comme la nôtre.
EMMANUEL KESSLER Si on compare Paris à Londres, par exemple, on est beaucoup plus petit? PIERRE MANSAT Tout à fait mais la région IIe-de-France et l'agglomération sont d'une taille tout à fait comparable à Londres. Ce qui est inefficace, c'est la division entre collectivités, c'est l'absence de coordination des politiques publiques, tout au moins dans un certain nombre de domaines. C'est les domaines où. il y a coordination, où il y a action commune, je pense aux transports, au syndicat des transports d'Ile-de-France par exemple. Donc Nicolas SARKOZY aujourd'hui, je dirais, ce n'est pas lui qui lance le débat. Le débat a été relancé de façon très forte en 2001. Bertrand DELANOË l'a posé devant une assemblée des maires, des conseillers généraux en décembre 2001 et nous avons avancé à travers des protocoles de coopération entre Paris et les collectivités de banlieue et à travers la création de quelque chose qui est tout à fait inédit en France et en lIede- France, ce que nous appelons la conférence métropolitaine où, depuis juillet 2006,60 collectivités du coeur de l'agglomération se retrouvent pour aborder les enjeux de déplacement, de logement, bientôt à la rentrée de développement économique. Donc il y a un lieu qui discute de cet enjeu là.
EMMANUEL KESSLER Vous dites «on discute» mais est-ce que l'on agit? On cite souvent l'absence de liaison express entre Roissy Charles de Gaulle et la capitale. C'est vrai que pour une agglomération comme la grande région parisienne, c'est in croyable de ne pas avoir une bonne liaison entre un aéroport international comme Roissy et le centre de ville de Paris? PIERRE MANSAT Tout à fait. Le maire de Paris partage ce point de vue mais jusqu'à maintenant, les projets opposaient la création de cette liaison rapide à la mise à niveau du RER B et le RER B, c'est tous les jours des centaines de milliers de gens qui l'utilisent. Donc on ne peut pas opposer le développement d'un transport qui est quotidien, qui est indispensable pour la vie des gens et pour l'activité économique de la capitale et de la région au développement de cette infrastructure; par ailleurs, dans le même temps, et c'est ce que les élus d'lIede- France disent « le gouvernement a diminué de 50 % sa contribution aux transports collectifs en région lIe-de-France. » Donc on ne peut pas à la fois exiger et dire « il manque des transports lourds », retirer les investissements nécessaires. Il faut effectivement faire un diagnostic sur les besoins en matière de transports lourds, Roissy, la capitale mais aussi les transports de banlieue à banlieue et décider comment on finance ces infrastructures de transports ..
EMMANUEL KESSLER Il semblerait que les rivalités les plus fortes aujourd'hui, ce soit entre le maire de Paris et le président de la région lIe-de-France bien qu'ils soient dans le même Parti politique.
PIERRE MANSAT Ecoutez, aujourd'hui, la confiance métropolitaine qui réunit 60 collectivités, je rappelle, voit se réunir le maire de Paris,le président HUCHON de la région IIe-de-France et des maires de toutes obédiences politiques, à l'exception de la dernière conférence de maires UMP. Donc il y a un llieu qui existe et je crois que, par exemple, autour du discours de Nicolas SARKOZY, les réactions de Bertrand DELANOË et de Jean-Paul HUCHON étaient tout à fait concordantes.
EMMANUEL KESSLER Juste un dernier mot; il Y a un péage urbain qui va être mis en place à Stockholm le 1er août comme cela a été fait à Londres, à Rome pour le centre historique de Rome, vous y êtes favorable pour Paris?
PIERRE MANSAT Absolument pas, absolument pas, parce que les situations, je dirais, urbaines sont d'une part tout à fait différentes. Le flux d'activité économique est tout à fait différent. Les flux de déplacements ne sont pas cela. Le centre n'est plus le seul lieu qui capte l'ensemble de l'activité, on peut penser à la Défense, on peut penser à Roissy.
EMMANUEL KESSLER Il n'est pas question aujourd'hui pour une ville comme Paris?
PIERRE MANSAT Aujourd'hui, il n'en est pas question. Par contre, il y a des interrogations autour par exemple du péage pour les poids lourds qui utilisent les infrastructures autoroutières d'ile-de-France gratuitement et ce qui se pose un sacré problème.
EMMANUEL KESSLER Merci à vous.