25 Avril 2010
La Croix : Le concept de « Grand Paris » est-il propre à faire rêver ?
Paul Chemetov : Dans la notion d’agglomération parisienne, on ne peut pas oublier Paris. Quand un habitant de banlieue est à l’étranger, il se définit d’ailleurs le plus souvent comme Parisien.Le sujet intéresse-t-il vraiment les Franciliens ?
Oui. L’exposition au Palais de Chaillot du travail des équipes d’architectes qui ont travaillé sur la question a attiré plus de 200 000 visiteurs, alors qu’elle était, disons, quelque peu ésotérique. Et un récent sondage dans la revue Beaux Arts a montré que le sujet tient à cœur aux habitants de Paris et d’Île-de-France. Cela dit, on peut comprendre leur déception.Pourquoi ?
Le discours que le président de la République a tenu en avril 2009 sur le Grand Paris était remarquable. Il évoquait la réconciliation de la capitale et de ses banlieues. Comme le dit Richard Rogers, l’un des dix architectes de la consultation : Paris est la seule métropole au monde dont les membres sont disjoints de son cœur.Comment aurait-il fallu s’y prendre pour élaborer un projet qui soit constructif ?
En donnant aux équipes d’architectes et d’urbanistes les moyens financiers de continuer leur travail. Depuis qu’ils ont rendu leur copie, plus d’un an s’est passé. Un an pendant lequel ils auraient pu développer leurs projets, valoriser ce qui leur était commun et proposer des stratégies concrètes à dix ans.Nicolas Sarkozy va installer au début mai l’atelier international du Grand Paris où seront incluses ces équipes. Des architectes aussi connus peuvent-ils facilement travailler ensemble ?
On ne leur demande pas de dessiner des bâtiments, mais de réfléchir et de proposer une vision commune de Paris Métropole. De déterminer quels sont les points d’appuis qui peuvent changer la donne. Ils doivent se prononcer sur la pertinence d’urbaniser le plateau de Saclay, de celle de reboiser les zones d’interdiction de construction à Roissy…Quelle votre vision du Grand Paris ?
Le Paris haussmannien, dense, est quasi fini. On ne peut imiter son modèle au-delà du périphérique, là où la ville devient distendue. Et c’est une chance, car elle peut accueillir des vallées boisées, des parcs, ainsi que de l’agriculture vivrière.