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Pierre Mansat et les Alternatives

Luttes émancipatrices,recherche du forum politico/social pour des alternatives,luttes urbaines #Droit à la Ville", #Paris #GrandParis,enjeux de la métropolisation,accès aux Archives publiques par Pierre Mansat,auteur‼️Ma vie rouge. Meutre au Grand Paris‼️[PUG]Association Josette & Maurice #Audin>bénevole Secours Populaire>Comité Laghouat-France>#Mumia #INTA

Marie-Christine Jaillet-Roman, directrice de recherches au CNRS à Toulouse

Un texte très stimulant.
Adapté à « l'individu triomphant », capable de se mouvoir et de se repérer dans un monde complexe et instable, parce qu'il en maîtrise les codes, l'univers métropolitain risque de s'éloigner de l'idéal démocratique et citoyen qu'a incarné la ville, même si celui-ci relève pour partie d'un mythe fondateur. S'il répond aux aspirations des « nouvelles élites circulantes » et si d'autres strates sociales finissent par s'en accommoder parce qu'elles disposent de ressources suffisantes pour s'y fabriquer un « petit monde rassurant », d'autres s'épuisent à y chercher en vain une place et au mieux en « grappillent les restes » : la nouvelle pauvreté, avec ou sans travail, trouve son terreau dans la métropole. Univers abrupt qui « classe » les individus et discrimine entre « perdants » et « gagnants », sa diversité sociale, pourtant réelle, produit moins du brassage et de la « mixité » qu'un monde socialement et territorialement fragmenté, avec une tendance qui tend à s'affirmer à l'enclosure physique pour mieux trouver à se ré-assurer. Dans des sociétés de plus en plus ouvertes et incertaines, où l'insécurisation des conditions de vie et l'incertitude quant à l'avenir augmentent, le besoin de disposer d'un territoire-refuge où retrouver une certaine maîtrise sur le cours de sa vie et dans son rapport aux autres est devenu une des aspirations sociales les plus partagées. Le paradoxe des métropoles urbaines pourrait se résumer à ce constat d'une diversité sociale plus grande qu'ailleurs, d'un cosmopolitisme pour certaines, qui produit moins du « frottement » ou de l'interaction qu'elle ne génère un réflexe de mise à distance ou d'évitement, à l'exception d'une partie des élites métropolitaines qui la valorise au moins comme un fond de scène « exotique ». Dans le contexte de la globalisation de la société, qui se traduit par l'abolition des frontières et des barrières physiques entre continents et nations, les métropoles sont devenues un condensé de la mosaïque humaine.
Cela devrait favoriser l'expérience concrète, à la fois sensible et charnelle, de l'altérité. Mais force est de constater que la société métropolitaine tend à s'organiser selon une logique de l'appariement électif qui produit un archipel urbain où l'individu surinvestit la protection de son îlot communal ou infra-communal, en tenant à distance ceux qui incarnent la figure, pour lui sinon menaçante, du moins insécurisante, de l'altérité et de la pauvreté. Dans un tel univers, qu'est-ce qui peut donc constituer « l'espace commun », au sens physique et métaphorique, celui qui a permis aux villes d'assumer une fonction d'incorporation à la société ?
Car la ville, historiquement, non seulement a permis à des générations successives de faire l'expérience de la « liberté » et de l'affranchissement des tutelles familiales ou communautaires, mais elle a également permis, dans la confrontation à l'altérité que sa densité et sa diversité sociale autorisent, sinon la fabrication d'une société par « fusion » ou par dépassement des différences, du moins l'émergence d'une commune identité et d'une capacité à vivre ensemble. Si elles ne s'y opposent pas nécessairement, les stratégies sociales d'agrégation affinitaire, qui se développent aujourd'hui, qu'elles soient territoriales ou réticulaires, n' contribuent cependant pas vraiment.
Dès lors, comment l'action publique peut-elle aider à produire de la société dans la métropole ? En luttant contre les logiques de l'entre-soi par la « mixité », malgré les limites et les difficultés de l'exercice ? En s'attachant à fabriquer des lieux, des moments, des événements qui facilitent l'expérience du frottement social ? En portant intérêt non seulement à la question de l'image de la métropole, mais à celle d'une identité commune étayée sur un patrimoine, des emblèmes, une histoire ? La métropolisation n'est pas qu'un processus économique qui appelle attention et soutien de la part du politique, elle est aussi un processus social qui vient accélérer la décomposition/recomposition de la société urbaine. Or, l?action publique est trop souvent focalisée, d'une part, sur les élites qu'elle entend continûment séduire et, d'autre part, sur les « exclus » qu'elle doit continûment contenir et « pacifier ». En revanche, elle prête moins attention aux strates sociales intermédiaires qui ne constituent ni un atout ni un risque, mais qui forment pourtant le corps de la société métropolitaine, et dont les attitudes et les comportements structurent pour une grande part la société urbaine et son devenir.
(1) Directrice du CIRUS-CIEU, université de Toulouse-II
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