23 Mai 2023
🟥 L'hommage de David Mangin
à Philippe Panerai
‼️Philippe Panerai est important. L’importance de l’assistance de ce jour et des messages reçus de ses compagnes et compagnons de route et de vie parle pour cela. Certes l’histoire et certains diront pourquoi, ici et là, il le fut et le sera.
Mais je voudrais plutôt dire aujourd’hui que Philippe ou Panerai, c’est selon, était INTÉRESSANT.
Intéresser les étudiants, surtout pour un enseignant et un chercheur à ses débuts, est capital. Bernard Huet était intéressant par ses disgressions ou Jean Castex l’est par la précision de ses analyses. Sa capacité d’analyser les villes et les cartes lui venaient peut être de son père dont il m‘ a dit qu’il savait décrypter, lors de leurs promenades, les paysages à partir de leur structure géomorphologie. Philippe l était par sa concision et sa clarté/ une idée par cours/ des images et des schémas essentiels/ mais aussi par son insistance , sa persistance à regarder avant tout les choses telles qu’elles sont avant de considérer ce qu' on voudrait qu' elle soit. Une fois ruminé, une fois énoncé et écrit il n’a eu de cesse de persister et signer sur ce qu’ il croyait important, de permanent et changeant dans une ville, dans les villes, dans l’urbain dans ses dimensions banales et ordinaires/l espace public, les tracés, le découpage du sol ( ce qui a lui a valu des accusations de passéiste alors que finalement c’est devenu une évidence aujourd hui..."Je suis moderne tchi tchi..", avait il répondu, malin, dans un article dès les années 80). Cette continuité il l admirait chez les architectes catalans et Manuel de Sola Morales. Ils s’aimaient beaucoup. Lors des 50 ans du laboratoire de l'EtsaBarcelone nous avions été invités tous les deux avec une communauté internationale de chercheurs. Il leur a dit que cette persistance d’études du Labo, via évidemment le plan Cerda , était leur grande qualité au regard, on s’en doute, de la versatilité trop habituelle ou superficielle des sujets « innovants » et des slogans oxymores.
Intéressant. Mais aussi, une fois ses convictions affirmées dans la trilogie bien connue, Analyse, Formes urbaines et Projet Urbain, il va développer ses curiosités et ses intérêts:
Il s‘intéresse
🔸1/ il a commencé une activité professionnelle en installant des tracés qui pouvait sembler une évidence et permettait de tout déduire, de faire durer le projet et le transmettre. "La théorie c’est pratique" pourrait il dire
🔸2/ il a été militant pour que davantage de moyens et de stabilité soient attribués à l’enseignement de l’architecture et à la recherche. Mais aussi à construire une diversité d’exercices professionnels dans le mouvement pour des Ateliers Publics accompagnant la décentralisation de 1981 et la mise en œuvre de projets urbains et territoriaux.
🔸3/ il a varié les échelles , notamment sur la métropole du Grand Paris ou sa proposition d’alternative au métro souterrain, n’a malheureusement pas été publicisé ,
🔸4/ il a multiplié les échanges et les enquêtes avec Pierre Clément et Jean Charles Depaule, puis Sawsan Noweir sur les tissus agricoles du Caire. Et, en Amérique du Sud, où il a rencontré notamment la Salsa . Il pouvait expliquer Brasilia en partant des villes satellites et des quartiers dits informels pour finir sur les images iconiques du Plan Pilot de Costa et Niemeyer. Inverser le regard.31
🔸5/ il a changé de médias, bon et trop rare polémiste, il avait, à mon avis, une vocation d’éditorialiste et de journaliste, qu’ il a pu exercer notamment dans "Tous urbains". Il savait écrire, sujet/verbe/ complément sans jargonner et nous a appris à essayer de le faire. Il savait ne pas parler pour ne rien dire… et se taire pour faire comprendre ses désaccords.
Voilà. J’ai souvent vu Philippe terminer des cours ou des conférences en disant, une coquetterie "british so british", qu’il n’avait jamais su finir. Mais aujourd’hui aussi ce n’est pas une fin.
David Mangin
Le 22/5/2023