EDITORIAL

Archétype de la grande ville, Paris est… trop petit. Les hommes, l’économie ou la culture débordent au-delà des limites fixées à l’avant-dernier siècle. Mais pour ces projets d’expansion, le périphérique est un mur, qui entrave la nécessaire réunion avec la banlieue. Et, selon l’expression consacrée, ce mur murant Paris rend Paris murmurant…

Une solution : le Grand Paris, qui permettra à la ville lumière de rayonner jusqu’à devenir une ville monde. Juste innovation, qui doit à la droite comme à la gauche, le Grand Paris permettra à six millions de Parisiens et de Franciliens d’unir leurs efforts, d’attirer les industries et les services, de coordonner leurs équipements collectifs, en un mot de soutenir la compétition des autres métropoles du monde futur.

Encore faut-il garder le sens de l’humain. La compétitivité n’est pas seulement économique ; elle est aussi urbaine, sociale et écologique. Qui voudrait s’implanter au milieu d’une ville carbonée et déchirée ? Qui veut vivre dans un ensemble urbain où la misère et la pollution seraient imposées comme décor aux champions de la mondialisation?

C’est l’autre mission du Grand Paris : user de ses futures prérogatives pour prévenir la dégradation de l’environnement, pour lutter contre les disparités entre les îlots riches et les archipels défavorisés, pour faciliter les déplacements de ceux qui doivent contourner Paris pour aller gagner peur vie. Par une fiscalité redistributive, par l’aménagement équilibré, des grands projets urbains, par la construction d’un super-métro sur le pourtour de la conurbation à venir, le Grand Paris a pour devoir de bâtir une immense ville à l’échelle humaine. Les élus se sont attelés à la tâche, les citoyens sont impatients d’intervenir. Il est temps d’ouvrir ce débat qui commande notre avenir.

Par LAurent Joffrin et Tania Kahn