Les défis qui se posent à toutes les métropoles mondiales sont de plusieurs natures et appellent une vision partagée de ce que doit être la ville de demain : solidaire, attractive, inventive, généreuse et ouverte sur le monde. S’agissant de la métropole francilienne, celle-ci présente un très fort potentiel mais est confrontée à des contradictions lourdes, avec la coexistence de grandes richesses et de pauvreté croissante. Elle doit donc trouver en elle-même les voies et moyens d’un développement durable, au service du bien-être de ses habitants, et du rayonnement de notre pays.
Or aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies pour ce faire : la situation actuelle – enchevêtrement de compétences, éloignement du citoyen, inefficacité entravant les dynamiques territoriales – est interrogée de tous côtés, par les acteurs économiques, sociaux ou associatifs, les experts, les citoyens et les élus eux-mêmes. Le statu quo est impossible : il nous faut nous organiser pour relever les défis cruciaux du Grand Paris.
Il s’agit de dessiner une gouvernance pour la métropole que nous appelons de nos vœux, au service d’un projet, traduisant une vision partagée, optimisant les conditions d’exercice de l’action publique. Réunis lors des débats que Paris Métropole a organisés à l’automne dernier, beaucoup de citoyens nous ont fait part de leurs exigences en matière de déplacement, de logement, d’environnement, d’attractivité, d’emploi, d’éducation, de sécurité. Ils et elles nous ont dit leur envie d’appartenir à un lieu qui compte, leur souci de l’égalité républicaine entre tous les territoires.
L’expérience originale du syndicat mixte Paris Métropole1, réunissant plus de 200 collectivités dans leur diversité politique et territoriale, invite justement à aborder la gouvernance en partant des territoires, de leurs projets, sans craindre les contradictions, mais en imaginant des réponses inédites. Le Bureau de notre syndicat a adopté en ce sens 14 principes pour une métropole solidaire et attractive.
Des années de travail de fond, de partage, de regards croisés nous ont appris la nécessité d’œuvrer ensemble, au-delà de solutions séduisantes mais simplistes, à bâtir une métropole inclusive. La volonté de simplification ne saurait conduire à retenir une approche réductrice, alors que la réalité de notre métropole, son histoire et sa géographie, nous obligent à intégrer la complexité pour mieux la traiter dans la durée.
Avec les évolutions de l’Ile-de-France, l’idée d’un hyper-centre a vécu, le caractère polycentrique du Grand Paris est désormais avéré, tout comme en atteste la montée en puissance des Contrats de développement territorial. Les coopérations territoriales sont bien les leviers pour dépasser des clivages politiques stériles, des baronnies fatales au développement de projets porteurs d’avenir. A l’instar de nombre d’intercommunalités déjà opérationnelles en région, il nous faut maintenant renforcer et systématiser ici les coopérations intercommunales. Prenant la forme de « coopératives de villes », respectueuses du rôle des communes comme fondement de la démocratie locale, recherchant mixité sociale et mixité fonctionnelle, elles seront ainsi en capacité de traduire les dynamiques de territoire.
C’est à partir de cette approche ascendante que doit à notre sens se construire, en lien avec l’Etat, un établissement public métropolitain organisant la coopération, la mutualisation ou la délégation de compétences, selon un partage des responsabilités, efficient et transparent pour les citoyens. Cet établissement, destiné à concevoir ou mettre en œuvre des réponses aux enjeux métropolitains, sociaux, économiques ou environnementaux pourra en particulier être doté des outils nécessaires à la construction urgente de nouveaux logements, à la résorption des inégalités, à la transition énergétique…
Ce Grand Paris Métropole aura pour périmètre celui de l’unité urbaine, tout en permettant l’adhésion aux EPCI hors de cette unité mais en continuité territoriale, qui en feront la demande. Sa composition veillera au pluralisme: y siègeront la Ville de Paris, les intercommunalités, un collège représentant les communes, ainsi que la région et les départements – de petite comme de grande couronne, évitant ainsi de réinstaurer des fractures territoriales. Les villes nouvelles, les aéroports, les pôles de développement qui seront reliés par le réseau du Nouveau Grand Paris ne sauraient en être exclus. Un conseil de développement métropolitain permettra, quant à lui, la prise en compte des aspirations des partenaires socio-économiques.
A Paris Métropole, nous avons affronté les complexités du réel, confronté les points de vue avec patience et détermination. Aujourd’hui, à l’heure où se dessinent les prémices de la métropole de demain, nous espérons que cette démarche et cette expérience trouveront un écho favorable auprès du législateur dans le cadre du débat sur le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles. Il nous faut construire la métropole du XXIème siècle en mobilisant notre intelligence collective pour forger des réponses innovantes, et créer ainsi les conditions durables d’un développement partagé par tous.
Le Président, le 1er Vice-président et les Vice-présidents suivants de Paris Métropole :
Dominique Adenot, Maire de Champigny-sur-Marne
Patrick Braouezec, Président de la CA Plaine Commune
Véronique Coté-Millard, Maire des Clayes-sous-Bois
Daniel Guiraud, Délégué de la CA Est Ensemble
François Kosciusko-Morizet, Maire de Sèvres
Jacques Kossowski, Maire de Courbevoie
Laurent Lafon, Maire de Vincennes
Philippe Laurent, Maire de Sceaux
Olivier Leonhardt, Président de la CA du Val d’Orge
Pierre Mansat, Adjoint au Maire de Paris, chargé de Paris Métropole
Jacques JP Martin, Maire de Nogent-sur-Marne
Jean-Marc Nicolle, Délégué spécial Grand Paris – Métropole francilienne, Conseil régional d’Ile-de-France
Patrick Ollier, Maire de Rueil-Malmaison
Dominique Voynet, Maire de Montreuil