15 Avril 2010
Le lyrisme du préfet de la région francilienne, Daniel Canépa, n’a pas emporté l’adhésion, loin s’en faut, des très nombreux élus présents au débat sur le Grand Paris organisé, mardi 13 avril, dans le cadre de son salon annuel, par l’Association des maires d’Île-de-France (AMIF), au Parc floral de Paris.
Le préfet voulait faire « rêver » les maires sur le projet de Nicolas Sarkozy. Ceux-ci l’ont rappelé à la réalité. Et d’abord celle, évoquée par Jean-Luc Laurent, conseiller régional (MRC), du rejet du projet gouvernemental que les citoyens ont exprimé en votant pour la gauche aux élections régionales. Le débat actuel au Sénat et les dispositions d’ores et déjà arrêtées, bien que la discussion sur le texte se poursuivra fin avril, témoignent d’une volonté d’imposer un projet avec son métro en boucle de 130 kilomètres, ses 40 gares aux implantations pour l’heure inconnues, ses aménagements urbains autour de ces dernières sous contrôle de la Société du Grand Paris (SGP) dirigée par l’État, ses 9 pôles d’excellence qui laisseront des territoires en déshérence… Un projet qui, s’il répond aux besoins des milieux d’affaires ne répond pas, selon nombre d’élus présents, aux besoins et aux urgences des populations.
Jean-Yves Le Bouillonnec, président (PS) du syndicat Paris métropole qui regroupe plus de 109 collectivités dont 6 départements et la région, explique : « Nous voulons un projet qui prenne en compte toutes les difficultés, le logement, les transports, l’emploi, les inégalités sociales et territoriales. » Or, affirme-t-il, « le projet gouvernemental va conduire à l’échec » tant pour l’État que pour les collectivités. Même son de cloche chez le sénateur (UMP) Philippe Dallier : « Nous n’avons pas les outils pour affronter le problème des inégalités », même si lui veut croire à l’effet d’entraînement du métro en boucle. De son côté, Pierre Mansat, maire adjoint de Paris, a estimé que « l’État, qui n’est ni stratège ni régulateur dans cette affaire, veut passer en force en niant le rôle, qui devrait être premier aujourd’hui, des collectivités locales ». Et d’en appeler à un rôle nouveau de gouvernance pour Paris métropole « qui doit s’élargir à toutes les collectivités dans leur diversité ». Un projet si controversé quant à ses finalités, ses conséquences, son financement nullement assuré, peut-il se construire sans ou même contre les collectivités locales et leurs élus ? Pari plus que risqué.
Max Staat