9 Avril 2010
Grand Paris: fin de l'examen du texte au Sénat dans un climat d'affrontement (PAPIER GENERAL)
Par Eric BASSI
=(Infographie)=
PARIS, 9 avr 2010 (AFP) - Le Sénat s'efforçait vendredi d'achever l'examen du projet de loi du Grand Paris dans un climat d'affrontement, la gauche victorieuse aux régionales reprochant au gouvernement d'imposer un texte qui ne respecte pas, selon elle, les compétences des collectivités.
Le projet de loi, déjà adopté à l'Assemblée, prévoit la création d'une double boucle de métro automatique autour de Paris reliant des pôles économiques (Saclay, La Défense, Plaine-Commune, Roissy, Orly...) avec des contrats d'aménagement autour des futures gares et permettant des liaisons banlieue-banlieue.
D'un coût de 21,4 milliards d'euros, ce métro est censé favoriser le développement économique de l'Ile-de-France et, "par effet d'entraînement", de la France entière.
Treize ans seulement, selon le secrétaire d'Etat Christian Blanc (région-capitale), seraient nécessaires pour réaliser 130 km de réseau et 40 gares, grâce à 10 tunneliers creusant en même temps, en commençant par le Val-de-Marne.
"La bonne surprise pourrait être une mise en fonctionnement d'une boucle non en 2023, mais quelques années auparavant", a déclaré M. Blanc.
Le projet est destiné à maintenir Paris et la région IdF "dans le peloton de tête des quatre premières villes-monde, avec New York, Londres et Tokyo", a souligné M. Blanc.
Nicole Bricq (PS) a répondu que "dans les secteurs à forte intensité de croissance, l'IdF est la première région européenne".
Selon elle, M. Blanc "ne songe qu'à développer des pôles économiques reliés par des moyens de transport rapide" alors que la région IdF présidée par Jean-Paul Huchon (PS) "a passé plus de quatre ans à négocier un schéma d'urbanisme bloqué par l'Etat et un plan pour les transports que personne ne conteste".
Abrupt, le rapporteur Jean-Pierre Fourcade (UMP) a lancé à la gauche: "Vous reprochez au texte de ne pas tenir compte de l'expression populaire, mais nous ne sommes pas liés, nous, parlementaires nationaux, par le vote aux régionales".
M. Blanc a annoncé que la dotation en capital de 4 milliards d'euros pour la double boucle viendrait du remboursement de prêts de l'Etat aux constructeurs automobiles.
"En mars 2014, la Société du Grand Paris (chargée de réaliser la double boucle) encaissera 4 milliards de remboursement", a-t-il dit.
Dès mars 2011, elle bénéficiera du produit des créances, "soit 260 millions d'euros par an", les prêts ayant été accordés à un taux de 6%.
"Montage irresponsable", a affirmé le rapporteur général du budget à l'Assemblée Gilles Carrez (UMP) aux Echos.
Le reste de l'investissement sera couvert par des emprunts d'une durée totale de l'ordre de 40 ans.
Pour rembourser, le gouvernement compte sur la valorisation foncière permise par le nouveau réseau de transports, les recettes commerciales des gares et le droit de péage payé par le futur exploitant du réseau.
"Financement improbable", pour Mme Bricq.
Le Sénat a maintenu vendredi la disposition mettant fin au débat public sur le projet de rocade ferroviaire en proche banlieue de la région Arc Express dès promulgation de la loi, deux jours après le feu vert de la commission nationale du débat public.
"C'est sans précédent", pour Jean-Pierre Caffet (PS), M. Huchon rappelant dans un communiqué qu'Arc Express, dont le premier tronçon est prévu pour 2017, a été "officiellement lancé en mars 2007 avec l'accord de l'Etat".
Appelant au "consensus", Philippe Dallier (UMP) a mis en garde contre "un risque de blocage" Etat/région, Hugues Portelli (UMP) évoquant une "guérilla juridique".