30 Septembre 2014
RÉCIT
Le conseil des élus de la mission de préfiguration se réunit ce mardi pour tenter de dégager un proposition commune sur une «métropole raisonnée», malgré l'hostilité d'une partie de la droite.
Que peut-il se passer ce mardi matin lors du conseil des élus de la mission de préfiguration de la métropole du Grand Paris, séance qui doit proposer une organisation métropolitaine au gouvernement ? Deux choses : le consensus ou le bazar.
La réunion peut déboucher sur une avancée vers le consensus recherché par des «gens raisonnables», dixit une source gouvernementale qui évoque sous ce vocable des élus de gauche comme de droite, généralement piliers de longue date du syndicat d’élus Paris Métropole. Travaillé depuis des semaines au sein de ce cénacle, un compromis semble en voie de se dessiner pour proposer une reécriture de l’article 12 de la loi métropoles sur les territoires du Grand Paris. Il faut trouver une voie de passage entre la métropole intégrée, qui a été votée par les députés mais reste rejetée par une grande majorité des élus locaux, et une version fédérée qui accorde pouvoirs et moyens aux territoires au risque d’affaiblir la métropole.
Aparemment, cette voie se dégage. Anne Hidalgo, maire de Paris, affirme que l’on va vers «une métropole intégrée mais raisonnée». La métropole entrerait bien en fonction au 1er janvier 2016 comme la loi le prévoit mais les compétences et les ressources lui seraient transférées de manière évolutive. Patrick Braouezec, président de Plaine Commune rappelait la semaine dernière que toutes les agglomérations ont pris des années à se faire. Le Grand Paris pourrait lui aussi prendre son temps. «Il faut qu’il y ait tout de suite un tuyau financier vers la métropole, dit encore Anne Hidalgo. Mais on sait qu’il faut très longtemps pour rattraper les inégalités territoriales.» On s’acheminerait ainsi vers un réglage fiscal plus subtil que le transfert brutal des toutes les taxes économiques d’un seul coup à un seul niveau.
DEVEDJIAN EN PREMIÈRE LIGNE
Pour ce conseil des élus, Patrick Ollier, député-maire UMP de Rueil-Malmaison, a fignolé avec un petit groupe une proposition qui va dans ce sens. Il compte bien obtenir de l’assembée un vote au moins sur le schéma qu’il dessine, sur «une direction à suivre». «Nous sommes une douzaine à travailler sans relâche, avec des positions opposées au départ et nous sommes arrivés à une convergence entre nous», souligne-t-il. Il est essentiel à ses yeux, que les «élus ne proposent qu’une seule solution au gouvernement».
Ce n’est peut-être pas gagné. Cette réunion du conseil des élus de la préfiguration pourrait aussi devenir assez chaotique sous la pression de Patrick Devedjian, adversaire déclaré de la métropole, qui multiplie les obstacles et espère entraîner derrière lui les nouveaux élus des dernières municipales. Ce week-end, Devedjian a envoyé à son camp un mail l’exhortant à pratiquer sur ce dossier une opposition absolue.
Parmi ses récentes recrues, le président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine compte déjà Nathalie Kosciusko-Morizet, qu’il cornaque à tel point que lorsque l’on souhaite interroger NKM sur le Grand Paris, son attaché de presse conseille de «se rapprocher plutôt de Devedjian sur ce sujet». D'une façon générale, Devedjian fait campagne auprès des nouveaux avec un objectif : faire pièce aux élus UMP acquis à la cause métropolitaine, dont Patrick Ollier, maire de Rueil-Malmaison, bien placé jusqu'à présent pour devenir le prochain coprésident de la mission de préfiguration (avec le préfet), fonction que Patrick Devedjian compte bien conquérir.
COMITÉ DE PILOTAGE SANS POUVOIR
Le conseil des élus de la préfiguration devant procéder ce mardi à l’élection d’un comité de pilotage de cinquante personnes, l'élu des Hauts-de-Seine a composé une liste de candidats dans laquelle il n’a invité ni Patrick Ollier, ni Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, ni Eric Berdoati, maire de Saint-Cloud, assidus de la question. Il s’est placé en revanche au premier rang suivi par NKM et une ribambelle d’élus que l’on n’a jamais vus travailler sur le sujet.
Manoeuvre de pure démonsration. «Le comité de pilotage est un truc qui n’a pas beaucoup de pouvoir, commente Pierre Mansat, délégué d’Anne Hidalgo au Grand Paris. C’est vraiment le conseil des élus qui décide. Tout ça n’est que l’expression des rivalités à droite.»
Le problème, c’est que la séance de ce mardi doit précisément commencer par cette élection. Combien de temps pour ce cirque avant de parler du fond ?
Sibylle VINCENDON