23 Juillet 2010
Le maire PS de Paris a refusé la présidence de l’Atelier international du Grand Paris.
Sophie de Ravinel
GRAND PARISL’Élysée le lui a proposé. Le maire PS de Paris a refusé. Bertrand Delanoë n’a pas
voulu de la présidence de l’Atelier international du Grand Paris, que Nicolas Sarkozy a voulu lui confier.
Déception. L’idée, c’était de trouver une sorte d’équilibre politique entre cet Atelier dont le conseil
scientifique est constitué de dix équipes d’architectes qui ont travaillé sur le Grand Paris, et la Société du
Grand Paris dont la présidence du conseil de surveillance est revenue mercredi au député maire (Nouveau
Centre) d’Issy-Ies-Moulineaux, André Santini . Un autre équilibre aurait été trouvé, entre l’État et les collectivités territoriales cette fois, puisque Santini a été élu par une assemblée composée
majoritairement de hauts fonctionnaires, au grand agacement des élus de gauche franciliens, membres du conseil de surveillance. Dans l’entourage de Bertrand Delanoë, on récuse ces calculs. « Pas
question de donner l’impression qu’i! s’agit d’un partage politique des postes. Ce serait un signal déplorable et vraiment pas la meilleure manière d’avancer dans ce dossier. »Un dossier d’urbanisme et
d’architecture sur lequel la mairie est très impliquée depuis le lancement
par le chef de l’État, en 2008, de la consultation des dix équipes d’architectes.
Le transport en priorité
Si Delanoë a refusé, c’est d’abord pour envoyer un message clair à l’État: «La priorité, c’est le
transport et son financement.» Le transport, c’est à la fois la double boucle de métro de l’ancien ministre
Christian Blanc - dont se charge légalement la Société du Grand Paris
et le projet concurrent de la région socialiste, Arc Express. Or, si Christian Blanc, lors du débat
parlementaire, a soutenu qu’il y aurait une dotation initiale en capital de 4 milliards d’euros - pour un chantier
évalué au total à 21 milliards d’euros au moins -, le montant de cette dotation a disparu du dernier dossier
à destination de la commission du débat public, qui lance ses travaux le 1 octobre, en même temps que ceux
sur Arc Express. Lors d’une réunion interministérielle, vendredi dernier, Bercy aurait obtenu
la suppression du montant chiffré. « Cette double boucle est un château de cartes construit sur du sable »,
indique-t-on à l’Hôtel de ville. « Ces 4 milliards étaient un élément fort de crédibilité du projet Blanc. Leur
disparition est inquiétante. L’État n’a pas les moyens pour ce chantier auquel i! ne croit pas. »
Mais le refus du maire de Paris pourrait aussi être plus prosaïquement politique. « À dix-huit
mois de la présidentielle et vu l’ambiance, on peut comprendre sa défiance face aux propositions qui
viennent de l’Élysée », indique le député ex-PCF de Seine-Saint-Denis, Patrick Braouezec. Il fut lui-même
proche de Christian Blanc comme président de la communauté d’agglomération Plaine Commune sur
laquelle poussent de nombreux projets «Grand Paris ». Un des dix architectes, Antoine Grumbach,
« regrette» le refus de Bertrand Delanoë, qui a «le sens de l’organisation d’un très grand
territoire ». « Il manque une gouvernance politique à cet Atelier pour en faire une véritable plateforme
de débats entre architectes et décideurs », note pour sa part le benjamin des dix, Djamel Klouche.
Le refus de Bertrand Delanoë «ne veut pas dire qu’i! se désengage », nuance-t-on cependant, alors que le
directeur de l’AIGP, Bertrand Lemoine, « espère» trouver un accord «d’ici au 1 octobre» avec
Paris, la Région, l’Association des maires d’Ile-de-France et Paris Métropole pour qu’ils intègrent le
conseil d’administration et que l’AIGP «soit consultée sur la mobilité en Ile-de-France sous sa
forme définitive, lors du débat public ». La question de la présidence du conseil d’administration reste entière.