28 Mars 2014
>Dans La Tribune .fr
Cela va se jouer sur quelques villes au deuxième tour : la Métropole du Grand Paris dont le gouvernement a toujours pensé qu’elle serait présidée par un socialiste, a de fortes chances de tomber à droite. Et, quel que soit le résultat final, un socialiste ne pourra y être élu sans des voix communistes et de droite. Imbroglio annoncé !
Là non plus, personne n'avait vu venir le coup : si le deuxième tour des élections municipales confirme le premier, les métropoles de Lyon, Marseille et, surtout, Paris n'auront pas de président de gauche. Pour la métropole de Marseille, Jean Marc Ayrault ne se faisait guère d'illusion. Pour Lyon c'est plus étonnant, mais les habitudes métropolitaines et la tradition lyonnaise font qu'éventuellement Gérard Collomb pourrait être élu avec des voix de droite.
A Paris en revanche, c'est une énorme pagaille qui s'annonce. Les spécialistes de la carte électorale du gouvernement ont donc fait leurs additions : aujourd'hui l'UMP et l'UDI ont déjà acquis 153 conseillers métropolitains. S'ils font tomber les villes qu'ils devraient logiquement faire tomber au deuxième tour, ils auront 53% des sièges, soit 179 conseillers métropolitains. Le PS, EELV et le PCF se partageront les 162 autres. En clair ce qui était prévu ne tient plus : un président PS aura besoin non seulement des voix communistes - alors que le PCF, qui a voté contre la Métropole et que certains de ses dirigeants (surtout en Seine St Denis !) ne voteront jamais socialiste de leur vie - et d'un fort contingent de voix de droite (Nouveau Centre, UDI et probablement un peu d'UMP) : des probabilités extrêmement minces.
De lourdes pertes pour le PS
L'enjeu du deuxième tour est considérable car sortiront des urnes l'appartenance politique des conseillers métropolitains qui choisiront le futur président de la Métropole en 2016. Il y a un conseiller par tranche de 25 000 habitants. Issy les Moulineaux, Neuilly ou Antony en ont par exemple 3 conseillers, Rueil Malmaison et Courbevoie en ont 4 et Boulogne Billancourt en a 5 : avec le raz de marée annoncé dans les Hauts de Seine, l'UMP-UDI va probablement truster la quasi-totalité des 80 sièges du département (le PS a d'ores et déjà perdu Clamart et ses 3 sièges, et il est menacé de perdre Asnières et Colombes soit 6 sièges).
De plus les communes échappant à la droite ont l'habitude (même au PCF) de voter avec elle…. Donc quand le PS perd, il perd beaucoup : en Seine St Denis Bruno le Roux le président du groupe PS à l'Assemblée Nationale a retiré sa liste faisant ainsi cadeau de 2 conseillers au PC (alors qu'il aurait pu en négocier 1) ; dans le Val de Marne l'accumulation des pertes de petites villes dès le premier tour fait perdre une série de grappes de deux conseillers ( 2 à L'Hay les Roses, 1 à Limeil Brévannes…) ; en Seine St Denis le passage possible de grandes villes du PS à l'UMP (4 conseillers à Aulnay sous Bois, 2 autres à Villepinte) ou du PCF à l'UDI (Bobigny a 2 conseillers), du PCF à l'UMP (3 conseillers au Blanc Mesnil) ou le faible score de certains élus à Paris, font que la barre des 50% pour la gauche est loin d'être atteinte. Dit autrement : si Asnières, Clichy, Colombes, Aulnay sous Bois et deux ou trois autres passent, comme c'est hautement possible, de gauche à droite toute la Métropole bascule !
Petits arrangements entre ennemis
Une donne politique quasi ingérable s'annonce si la Métropole échoit à un élu de droite alors que l'UMP a voté contre au Sénat et à l'Assemblée. Personne à droite ne peut en tout cas assumer cette candidature. Hormis peut être le sénateur Philippe Dallier, le maire centriste de Sceaux Philippe Laurent ou, ce serait original, Nathalie Kosciusko Morizet si elle était battue à Paris.
Du coup la mission de préfiguration de la Métropole qui débute dans les prochains jours risque de se transformer en une immense foire aux marchandages. En effet quelque soit le résultat final, il est désormais sûr qu'un socialiste, pour être président de la Métropole, va devoir aller chercher des voix qui ne lui sont pas acquises à sa gauche et à sa droite. Il va falloir faire des arrangements et des compromis, ce qui peut ne pas d'enthousiasmer les citoyens
C’est le scénario qui affole la gauche et prend de court la droite: même si Paris reste à gauche après le deuxième tour des municipales, la métropole du Grand Paris, qui verra le jour au 1er janvier 2016, sera probablement à droite. La présidence de la structure deviendrait ainsi, selon le mot d’un spécialiste «le plus beau poste d’opposition en France». Ce que personne n’avait prévu.
Par
Les 337 membres du futur conseil métropolitain étant issus des conseils municipaux, le premier tour des élections dans les 124 communes de la métropole a d’ores et déjà dessiné l’esquisse générale, peinte en noir pour la gauche. Il faudrait qu’elle ne perde aucune des villes difficiles à garder, type Bobigny, Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil, Villepinte, Saint-Ouen ou Livry-Gargan pour espérer un petit 51% des conseillers. Hypothèse peu vraisemblable. Daniel Guiraud, maire PS des Lilas (réélu) et président de Paris Métropole pense que «c’est la déroute» et que «dimanche va amplifier ce résultat».
Le système de désignation des conseillers offre, dans chaque ville, une forte prime majoritaire au camp qui emporte la municipalité. Paris, cas à part, enverra à la métropole 90 conseillers reflètant le rapport gauche-droite au sein du Conseil de Paris. Mais dans les autres communes, le nombre de conseillers, lié à la population, sera au maximum de cinq dont minimum quatre pour la majorité et un pour l’opposition. Avec quelques villes qui basculent, c’est vite plié.
Dans la gauche francilienne, «souffle un vent d’affolement», reconnaît un élu. L’arithmétique étant sans espoirs, tous les regards se tournent vers les communes limitrophes de la métropole. Elles ont jusqu’à septembre pour décider si elles y adhèrent ou pas. Argenteuil par exemple, où le socialiste Philippe Doucet pourrait conserver la mairie, apporterait cinq sièges à la gauche si l’envie lui prenait de rejoindre la métropole. Ce genre de montage rendrait la victoire envisageable quoique peu honorable.
Mais ce retrournement de situation est problématique aussi pour la droite. Ce coup-là, elle ne l’a absolument pas vu venir. Contrairement au prudent Claude Bartolone qui a pris la précaution de se faire élire au conseil municipal du Pré-Saint-Gervais, aucun des pontes de la droite n’a rien prévu. Ni Patrick Devedjian, ni Roger Karoutchi, ni Valérie Pécresse ne sont élus municipaux. Reste... Nathalie Kosciusko-Morizet. La chef de l’opposition parisienne présidente du Grand Paris? Pittoresque.
S’estimant «légitime sur le sujet», Philippe Dallier, sénateur-maire UMP des Pavillons-sous-Bois, militant d’une métropole très intégrée, a posé ce matin sa candidature à la présidence, via Twitter. Il a pour lui la constance et contre, son isolement parfait chez les siens.
Cette nouvelle donne électorale provoque en outre de multiples effets secondaires. Elle réactive le débat entre les partisans d’une métropole fédérée, coopérative des intercommunalités, et ceux d’une métropole intégrant les communes dans une structure unique. Les premiers avaient perdu à l’Assemblée et ils rappellent aujourd’hui que si on avait gardé le filtre des intercommunalités, le paysage politique serait moins net. Les fédéralistes voient leurs adversaires, et leur mentor Claude Bartolone, «pris à leur propre jeu». «Ils avaient une conception un peu propriétaire de la métropole», dit l’un d’entre eux. Et brusquement, changement de propriétaire... Daniel Guiraud, le maire des Lilas qui faisait partie des «intégrateurs», se veut beau joueur: «On savait tous, quand on a lancé cette construction, qu’il n’y avait aucune garantie pour la gauche là-dessus.»
Reste enfin le gouvernement, que cette situation met dans une posture difficile. Est-il si urgent désormais de supprimer les intercommunalités en première couronne comme c’est prévu dans la loi de modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles? Ne vaudrait-il pas mieux observer quels seront les rapports droite-gauche au sein de ces structures avant de les envoyer au cimetière des institutions? Et les départements? Faut-il encore se dépêcher de les faire disparaître, comme l’a annoncé le Premier ministre, en les offrant à la métropole dirigée par la droite? Nouvelle donne.
La Tribune.fr
Après la claque des municipales, les hypothèses pour le Grand Paris
Anne Hidalgo s'était convertie au Grand Paris en ayant l’assurance que si Paris laissait partir sa fiscalité à la Métropole, la capitale gardait en échange un pouvoir politique fort dans la nouvelle configuration. Mais maintenant ? | REUTERS Jean-Pierre Gonguet | 31/03/2014, 17:27 - 718 mots Avec une UMP-UDI ultra-majoritaire, le PS, Claude Bartolone en premier, a perdu toute chance de contrôler la Métropole du Grand Paris. Le gouvernement pourrait céder aux arguments UMP-UDI-PCF et oublier l’essentiel de son texte voté en réduisant fortement les pouvoirs de la future Métropole. Et Anne Hidalgo pourrait l’y pousser car Paris a peu de raisons de jouer le jeu d’une Métropole qui lui échappe politiquement
C'est pire que prévu. Mais c'est clair : l'UMP et l'UDI sont majoritaires dans la Métropole du Grand Paris et devraient truster près de 200 des 341 sièges. Elles n'ont même pas besoin du soutien ou de l'abstention de la petite vingtaine de communistes pour porter l'un des leurs à la tête de la Métropole début 2016. A l'inverse aucun candidat socialiste ou écologiste ne peut plus y prétendre. Même en implorant le PCF (vues les détestables relations PC-PS en petite couronne que la campagne à St Denis n'a fait qu'aggraver, c'était de toute façon irréaliste !).
Un UDI à la Métropole ?
Le gouvernement de Jean Marc Ayrault a donc créé une métropole et l'a offert à l'UMP qui ne s'y attendait absolument pas et ne sait absolument pas quoi en faire. C'est le premier constat : les élus UMP ont tellement tiré à boulets rouges sur cette Métropole, que Jean-François Copé n'a plus personne à mettre en avant pour la présider ou même la négocier. Philippe Dallier le sénateur UMP de la Seine St Denis est bien candidat, mais il a peu de chances. Patrick Ollier l'ancien président de l'Assemblée Nationale et député maire de Rueil Malmaison se verrait bien, lui, finir sa carrière à ce poste (il aura 72 ans lors de l'élection). Il fait en tout cas campagne et veut succéder au socialiste Daniel Guiraud à la présidence de Paris Métropole d'ici la fin de l'année pour devenir incontournable.
De toute façon, si jamais un leadership UMP n'est pas tenable politiquement - car ce serait trop se déjuger que de vouloir diriger une Métropole que l'on a voué aux gémonies - l'UDI ramasserait la mise. A Sceaux le maire UDI Philippe Laurent vient d'être réélu (avec le soutien notable d'Alain Juppé, ce qui a prodigieusement énervé l'UMP des Hauts de Seine) et il a le profil parfait. Sauf qu'il n'acceptera jamais sur la base de la loi actuelle de la Métropole
Sans geste fort du gouvernement, pas de Métropole
C'est le deuxième constat : le gouvernement va devoir refaire sa loi ou promulguer des ordonnances sérieusement rectificatives. La mission de préfiguration de la Métropole du Grand Paris démarre et le Préfet de Région a désormais face à lui une majorité d'opposants pour la mettre au point. La saveur particulière de cette mission ? Elle va être coprésidée par Daniel Guiraud en tant que président de Paris Métropole alors que celui-ci, proche de Claude Bartolone, est totalement minoritaire au sein de Paris Métropole : sa motion en faveur de l'actuelle réforme en septembre dernier avait fait 21% et celle UMP-UDI-PCF 75%. Il va donc mener une négociation en défendant des positions auxquelles il est opposé en essayant d'éviter l' icebergs des intercommunalités supprimées par la loi et qu'UMP-UDI-PCF veulent maintenir. En clair si le nouveau gouvernement ne fait pas un geste très fort en redonnant du pouvoir aux territoires supposés remplacer les intercommunalités, adieu la Métropole.
Le Grand Paris... sans Paris ?
C'est le troisième constat : une Métropole du Grand Paris récupérant la quasi-totalité de la fiscalité des communes et des intercommunalités est désormais impensable. Il faut que les futurs territoires (ceux qui vont remplacer les intercommunalités) aient un statut juridique et la possibilité de passer des contrats ce qui leur est refusé pour l'instant. Même des élus socialistes sont d'accord. Et il en existe au moins une qui peut avoir désormais un véritable doute sur l'existence de cette Métropole, c'est Anne Hidalgo.
Bertrand Delanoë n'a jamais été vraiment favorable à cette Métropole très intégratrice qu'a voulu Jean Marc Ayrault. Anne Hidalgo s'y est convertie en ayant l'assurance que si Paris laissait partir sa fiscalité à la Métropole, la capitale gardait en échange un pouvoir politique fort dans la nouvelle configuration. Mais maintenant ? Pourquoi donner sa faculté de prélever la fiscalité et accepter des augmentations de taux pour les Parisiens, alors qu'elle n'a plus aucun pouvoir dans la future structure politique métropolitaine ? La question se pose à l'Hôtel de Ville