12 Janvier 2008
Karoutchi: "Oui à la conférence métropolitaine, si..." Propos recueillis par Hervé GUENOT
Le Journal du Dimanche
Ayant boudé la conférence métropolitaine, structure de concertation sur un futur Grand Paris, la droite francilienne révise son jugement. Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement et leader régional de l'UMP, fait volte-face. Il accepte de participer, moyennant conditions, à cette conférence.
Explications, en exclusivité. Roger Karoutchi a finalement accepté de participer à la conférence métropolitaine.
L'UMP francilienne accepte donc de s'asseoir à la table de la conférence métropolitaine? Comme l'a dit Françoise de Panafieu lors de ses voeux, j'y suis prêt si les conditions de la conférence métropolitaine changent. Bertrand Delanoë dit partout : « Je traite bien les villes voisines. Je leur parle. » Or, il décide uniquement en fonction des intérêts parisiens, sans tenir compte des villes voisines. Ainsi, il ferme le tunnel de Charenton pour faire passer le tramway, Charenton doit s'incliner. Je suis donc prêt à venir à la conférence métropolitaine, si Paris montre clairement une attitude ouverte d'équilibre, sans parti pris parisien, en dépassant les clivages politiques. C'est ce que nous demandons, avec Françoise de Panafieu, depuis deux ans dans nos réunions "Paris coeur d'agglomération". S'asseoir à la table de la conférence pour dire quoi? Nous sommes prêts à discuter d'une structure de coeur d'agglomération - qu'on l'appelle Grand Paris ou Paris Métropole -, pour résoudre les problèmes communs en Ile-de-France. Définissons les compétences de cette structure. Le coeur de l'agglomération a besoin de gestes forts. Lesquels ? Avec quels moyens ? Quel est le rôle de l'Etat, à qui on va demander de l'argent ? Je suis pour un retour de l'Etat. Moi qui suis membre du gouvernement, donc côté Etat, j'irai avec le maire de Paris - quel qu'il soit - et avec le président de la région défendre l'agglomération. Cette conférence métropolitaine renouvelée donnerait du poids au coeur de région et lui conférerait une nouvelle capacité pour décider. Et elle serait, à mon avis, plus acceptable pour la droite parisienne, comme d'ailleurs pour toutes les collectivités voisines.
Qu'est-ce que qui vous a fait changer d'avis? La gravité de la situation en Ile-de-France. De 2004 à 2007, j'y ai fait 400 déplacements. Partout, des difficultés: logement, transports, emploi. Un prix du logement qui s'envole et des structures grippées : des discussions à n'en plus finir pour que les trains s'arrêtent dans les gares de banlieue toutes les heures et non pas toutes les trois heures. Une vie si chère que les entreprises délocalisent, ne pouvant servir aux salariés de rémunérations adaptées. Les administrations, les structures, les entreprises publiques se renvoient les responsabilités, cela ne peut durer. On étouffe. Il faut une révolution. Il faut, comme le dit Nicolas Sarkozy, redonner du souffle à toute l'agglomération parisienne.
Quels thèmes prioritaires traiter au sein de cette conférence métropolitaine renouvelée? D'abord, l'urbanisme, le logement, les gestes architecturaux. Comment édifier des tours de qualité? Faut-il créer un grand musée ? Si l'on veut vraiment construire des logements, l'Etat et les grandes entreprises publiques qui disposent de terrains sans affectation doivent les rétrocéder pour contourner la spéculation foncière. Selon un rapport officiel, il y aurait 2,5 millions de m² de terrains publics dans le coeur de l'agglomération qui ne sont pas affectés. Construisons-y des logements. Ensuite, les transports. Il faut investir massivement en trouvant de nouvelles sources de financement : péage sur les nouvelles structures, partenariat public-privé, grand emprunt fait par le Syndicat des transports d'Ile-de-France. C'est pour que les habitants aient le choix : aujourd'hui, ils n'ont que celui de la voiture. Enfin, l'attractivité de l'Ile-de-France qui découle des deux premiers. Avec des logements et des transports, la région serait vivable et retrouverait un rôle leader perdu, attirant les entreprises et créant des emplois.
Quelles initiatives proposez-vous? Au lendemain des municipales, je suggère un tour de table avec Paris, les communes, la région, les départements, pour une grande concertation. Le but: définir des objectifs clairs en matière de logement, de transports et d'attractivité. Cette réunion doit avoir lieu en avril prochain. Car, encore une fois, il y a urgence à faire la révolution en Ile-de-France.