Rédigé par Pierre MANSAT et publié depuis
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Le Conseil de Paris a adopté un voeu demandant qu'une rue de Paris porte le nom de Maurice Kriegel Valrimont. Voici le texte de mon intervention
Le maire de Paris a, au nom du Conseil rendu hommage a Maurice Kriegel Valrimont. Je ne reprends pas l’intégralité de l’exposé des motifs de notre voeu. Je veux en quelques mots dire en quoi il a été un artisan majeur de l’insurrection parisienne et de la Libération de la capitale. Il faut le dire parce que trop longtemps son action a été passée sous silence Je souhaite que ce texte qui s’appuie sur les archives du COMAC ( Comite d’Action militaire ) soit porté au BMO. L'insurrection de Paris en août 1944 se déroula en neuf journées du 17 au 25 août. Ce soulèvement populaire, ce rassemblement de tous les patriotes permet alors à la France d'échapper au protectorat américain pour au moins dix ans et de ne pas être administrée par l'AMGOT comme l'avaient annoncé les alliés. La bataille de Paris a permis de faire entrer la France dans le cercle des alliés. C'est ce qu'affirme De Gaulle dans son discours de Paris libéré: « Paris libéré par lui-même, Paris libéré par son peuple.... avec l'appui des forces alliées ». Cette insurrection a été préparée de longue date par la résistance intérieure, son succés se joue entre le débarquement et le 25 août. Il faut se souvenir qu'à Paris en 1944, l'occupation est apparente et pesante, la répression partout présente, la vie difficile, les journées épuisantes pour les parisiens. - En mai 1944 le Conseil National de la Résistance met en place le comité d'action militaire, le COMAC, commandement suprême des forces militaires de l'intérieur, État Major National des FFI et il désigne comme responsables les trois V. Les trois V ce sont : Vaillant, Valrimont, Villon. A côté se situe le commandement extérieur représentant Londres et les alliés. Sous l'autorité du COMAC qui va les désigner, le général Joinville et le colonel Rol-Tanguy. Tous les chefs de régions comme Joinville et Rol sont hiérarchiquement sous les ordres de Valrimont. A travers plus de quarante réunions clandestines avec des PV rédigés par Valrimont, le Comac organise et engage l'action en coordonnant toutes les sensibilités politiques et sociales. Il met en oeuvre la résistance intérieure car c'est « de l'intérieur qu'on peut le mieux intervenir ». Le Comac élabore comme l'explique Valrimont, la conception de la guerre (qu'il a lui-même étudié avec soin). Il puise ses modèles dans les soldats de l'An II, les francs-tireurs, les communards organisés contre Bismark, à partir de toutes les expériences de résistance nationale et de guérilla française, y compris Clausewitz. Cette conception réclame le soulèvement de l'action populaire. Elle met en oeuvre une armée de volontaires, la population toute entière sert d'armée de réserve. - - - Le 14 août l'Etat Major et les FFI sont en alerte. - - Le 16 août l'heure du combat insurrectionnel est annoncé. - - A partir des 17, 18, 19 août le combat est engagé. L'action populaire se déploie et récupère des armes, elle engage des grèves dans les chemins de fer, le métro, la police. - Le commandant du Gross Paris exerce la répression au bois de Boulogne mais « la peur a changé de camp ». - - Le 20 août on évoque une trêve, celle-ci génère de vifs affrontements entre les représentants des alliés et la résistance intérieure car chez les alliés l'insurrection populaire suscite la crainte et la consigne est de « freinez la guérilla ». Le COMAC se rebiffe, s'élève avec force car il considère que c'est « un grave danger que de laisser les nazis libres de leurs mouvements dans Paris ». - - Le 21 août les combats se poursuivent, Pierre Crénesse lit à Radio Paris l'appel à l'insurrection rédigé par Valrimont en concertation avec le COMAC. Chaque quart d'heure et toute la nuit, entre le chant de la Marseillaise, l'appel à l'insurrection est répété. - - Le 22 août le matin à la préfecture de police, Valrimont conduit par le préfet de police s'adresse à des centaines de policiers pour leur annoncer « l'accord de toutes les forces de résistance pour aller à la victoire ». L'appel à insurrection lancé à la radio à été entendu. D'innombrables barricades se construisent. Elles transforment Paris en piège pour les Allemands. Les journaux paraissent sur les boulevards et les barricades : Le populaire, Front National, Francs-Tireurs, Combat, Libération, Résistance, Défense de la France... - - Le 23 août les Allemands rompent. - - Le 24 août Annonce de Leclerc « Tenez bon, nous arrivons » - - Le 25 août l'acte de la réédition est signé par Von Chotitz. A la demande expresse de Valrimont, Leclerc donne son accord pour que les FFI soient présents dans la signature. Valrimont insiste pour ce soit Rol-Tanguy. La place de la résistance intérieure est reconnue. Elle va être symbolisée par la traversée de Paris dans le half-track de la 2e DB de Leclerc, où Von Choltitz fait prisonnier est vu de toute la population parisienne. Placé prostré, entre le Général Leclerc et Valrimont, derrière se trouve Rol-Tanguy et à côté Chaban. - - Le 26 août a lieu la traversée des Champs Elysée avec De Gaulle. Vaillant et Valrimont sont côte à côte, l'aristocrate Vaillant, de Vogüe est émut aux larmes devant la victoire du peuple de Paris. - Parce qu'ils symbolisent l'action par l'union de toutes les forces rassemblées, le devoir de mémoire s'applique aux hommes qui ont conduit la lutte mais qui ont été effacés, pour partie, par l'histoire, L'esprit de résistance qui les a animé a assuré la sauvegarde de Paris et il doit continuer à être transmis à la jeunesse. Il faut aussi rétablir la vérité historique et comprendre que le refus de Von Choltitz de ne pas détruire Paris est de la fiction et de la propagande contre cet esprit de résistance, l'insurrection et la détermination de la résistance ne lui a seulement pas donné les moyens de le faire. Maurice Kriegel-Valrimont a joué un rôle central d'organisateur de l'insurrection de Paris. Dans Paris qu'il appelait « ma ville » sa vie entière y est inscrite. Il n'est pas indifférent de savoir qu'avec son intelligence restée intacte, il est venu mourir, dans les dernières chaleurs de la canicule, en costume, à deux pas de l'endroit où a démarré l'insurrection de Paris. Aussi je vous demande, sans que s’applique la règle implicite du délai de 5 ans , qu’un lieu , une rue , une place de Paris porte le nom de Maurice Kriegel Valrimont.