3 Août 2009
Paul Roll directeur de l'OTCP sur BFM
Grégoire Favet : C'est le coup d'envoi officiel du travail dominical, puisque dès ce dimanche tous les magasins situés dans les zones touristiques, s'ils le veulent et le peuvent, pourront ouvrir leurs portes. En tant que professionnel du tourisme, comment voyez-vous cette loi sur le travail dominical ?
Paul Roll : Pour Paris, on ne peut y voir que des choses positives, dans la mesure où on a aujourd'hui sept quartiers qui sont classés zone touristique. Permettre à ces quartiers de proposer une offre commerciale plus large, qui ne soit pas cantonnée au commerce touristique ou culturel mais qui touche aussi l'habillement et les achats alimentaires, c'est offrir à nos visiteurs une ville plus vivante et la possibilité d'acheter. N'oublions pas que, pour nos visiteurs, la deuxième motivation pour venir visiter Paris, après la culture, c'est quand même le shopping.
Concrètement, cela devient un argument de poids auprès de vos clients, un argument que vous allez mettre en avant, qui va être inscrit dans les plaquettes de promotion de la ville de Paris à l'étranger ?
Je ne pense pas que cela ira jusqu'à être inscrit dans les plaquettes, mais cela nous donnera d'abord un avantage par rapport à d'autres pays européens dont les commerces ne sont pas du tout ouverts le dimanche, ce sera un élément de recettes supplémentaires pour tous ces visiteurs qui viennent de nouveaux marchés, pour qui Paris fait partie d'un tour de l'Europe et qui auront la possibilité, s’ils sont à Paris un dimanche, d'y faire des achats, chose impossible jusqu’ici. C'est donc évidemment un élément important.
Le jour le plus faible de l'activité touristique à Paris, c'est d’ailleurs le dimanche. C'est donc évidemment un levier supplémentaire pour développer notre activité sans pour autant augmenter les capacités.
Il faut quand même préciser que le sort de Paris n'est pas entièrement réglé, puisque l'évolution des zones touristiques, leur extension ou leur création, dépend désormais de la Mairie. Cela veut dire que vous, professionnels du tourisme et du commerce, vous vous préparez aujourd'hui à un bras de fer avec Bertrand Delanoë ?
Je n'ai pas préparé de bras de fer avec Bertrand Delanoë, j'ai d'abord à mettre en avant les sept quartiers existants. Ils sont dans des zones touristiques qui sont parmi les hauts lieux pour nos visiteurs, on a donc la chance d'avoir un point de départ qui répond déjà à une logique touristique.
On parle des Champs, de Montmartre, de l'axe Louvre-Rivoli, des Francs-Bourgeois, de Saint-Germain, de la rue d'Arcole, sans oublier que la Défense est venue s’y greffer. Donc, aujourd'hui, on a la chance d'avoir un laboratoire qui nous permettra au jour de la mise en œuvre du texte de faire des expériences et de voir dans quelle mesure cela répond ou non aux inquiétudes que l'on peut avoir concernant l'ouverture le dimanche.
Quel dosage va-t-il falloir trouver ?
A court terme, il n'y a pas de dosage, on a sept quartiers, et il faudra voir quelle clientèle les fréquente, comment y fonctionnent les commerces. N'oublions pas que Ales commerçants ont la liberté d'ouvrir ou non, il faudra donc voir s’ils trouvent un intérêt à faire quelque chose qu'ils ne faisaient pas auparavant. C'est une véritable expérience que l'on va vivre, et, à partir de là, je pense que les uns et les autres tireront des enseignements qui permettront de faire évoluer cette offre touristique.
Vous n’êtes pas favorable par principe à une extension à toute la ville de Paris de ces zones touristiques ?
Je ne peux répondre que pour la cible touristique, parce que ce que l'on va commencer à vivre est une réelle avancée, pour les raisons que j'évoquais, c'est-à-dire ne pas pénaliser un visiteur qui fait un tour d'Europe, qui arrive dans une ville où il n'y a pas de commerce ouvert. C'est offrir aux opérateurs hôteliers un argument supplémentaire important pour occuper le jour de plus faible occupation de l'année.
Après cela, je pense que l'on est dans une nouvelle voie et qu’elle va être écrite avec les commerçants, avec les organes politiques. Le bon sens va primer. N'oublions pas qu'à Paris le tourisme est la première activité en termes d'emploi et qu'aujourd'hui c'est un métier, une industrie, dont on connaît mal les limites et les frontières de croissance, puisque l'organisation mondiale du tourisme considère que, d'ici à 2020, les flux touristiques devraient être multipliés par deux ou trois.
Justement, pour parler du tourisme cet été à Paris, avez-vous déjà quelques éléments sur le mois et demi de la saison estivale dans la capitale, qui n'est jamais la grosse saison ?
Août, surtout, fait partie des mois à l'activité la plus faible, parce qu’il n’y a pas de tourisme d'affaire et qu’il n’y a donc que le tourisme de loisir. La bonne nouvelle de ces dernières années, c'est que le mois d'août s'est plutôt normalisé. Il reste un des mois faibles, mais quasiment aucun hôtel ne ferme, ce qui était le cas auparavant, et l’activité reste digne de mention.
Concernant l'activité de cet été, on peut constater que le marché français nous est resté très fidèle pendant la crise, qu’il continue à être notre première nationalité et qu’il n'a pas reculé. D’autres nationalités ont reculé avec la crise, je pense en particulier les Etats-Unis, qui à partir du mois d'août 2007 ont commencé à reculer sur Paris.
Depuis trois mois, on a des chiffres qui sont redevenus positifs et des indicateurs globaux qui nous disent que, pour l'activité, le pire a été évité. On craignait que cette année 2009 ressemble à 2003 ou à 1994, et on s'aperçoit que l'on est plutôt sur des chiffres comparables à ceux de 2006, qui était une année « normale »