20 Novembre 2007
En visite à Roissy, le Président a relancé l'idée d'une structure intercommunale en Ile-de-France.
SERAFINI Tonino
Nicolas Sarkozy n'est pas du genre à faire un déplacement à Roissy juste pour couper un ruban en guise d'inauguration d'une nouvelle aérogare. En se rendant mardi dans cet aéroport, infrastructure emblématique de la région parisienne, le chef de l'Etat avait manifestement une autre idée en tête : remettre en cause, bousculer l'«organisation des pouvoirs publics» en Ile-de-France. «Paris est la seule agglomération de France à ne pas avoir de communauté urbaine», a regretté le président de la République. Sous-entendu : il n'existe pas de structure intercommunale englobant la ville centre et sa périphérie et permettant de traiter, au coeur d'une agglomération de 11 millions d'habitants, des questions telles que le logement, la circulation ou le développement économique. Le sujet n'est pas nouveau.
L'idée d'un Grand Paris englobant la capitale et les communes alentour dans un rayon très variable refait régulièrement surface. Dès son arrivée aux manettes en 2001, le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, a engagé une politique des petits pas pour tisser des liens, parfois des partenariats, avec les collectivités territoriales situées de l'autre côté du périphérique. Jusque-là, la capitale vivait dans un splendide isolement : 29 communes et 3 départements touchent Paris, mais c'était chacun chez soi. «Il y a des maires de communes proches les unes des autres qui ne s'étaient jamais rencontrés», relate Pierre Mansat, adjoint (PCF) au maire de Paris, organisateur en 2006 de la première «conférence métropolitaine». Opérationnelle depuis un an, elle est un lieu d'échange auquel sont conviés les élus locaux toutes étiquettes confondues. Rien d'institutionnel. Rien qui préfigure une quelconque intercommunalité.
Mais, sous couvert de débats thématiques, la question de la création d'une «communauté d'agglomération» ou d'un «Grand Paris» plane en filigrane sur les débats. Au point que cette «conférence» s'est attiré les foudres du président (PS) du conseil régional, Jean-Paul Huchon, qui «redoute de voir émerger au coeur de l'Ile-de-France une collectivité qui concentrerait l'essentiel de la richesse et qui serait politiquement très puissante», décrypte un élu parisien. A contrario, la ville de Paris, aimerait, elle, se redonner un peu d'air en élargissant son périmètre par le biais de l'intercommunalité. D'où des différences de tonalité notables dans les réactions au chantier du «Grand Paris», ouvert par l'inépuisable Sarkozy. «La municipalité parisienne est disponible pour participer à une telle réflexion», indiquait hier Delanoë, se contentant de demander d'y «associer l'ensemble des collectivités de l'agglomération». Ce qui est la moindre des choses.
A contrario, Huchon demandait, lui, «des éclaircissements», agitant le spectre du «retour d'une conception jacobine d'un autre temps». Pour des raisons de fond, cette fois, Patrick Braouezec, président (PCF) de la communauté d'agglomération Plaine Commune, se dit opposé à la perspective d'un Grand Paris. Lui est favorable à une «polycentralité». C'est-à-dire à une organisation territoriale du coeur de l'Ile-de-France autour des cinq pôles économiques structurants, La Plaine-Saint-Denis, la Défense, Marne-la-Vallée, etc.