18 Juillet 2009
Urbanisme. Manque de coordination entre la région et l’Elysée.
Par SIBYLLE VINCENDON
Le Grand Paris est plus facile à dire qu’à faire. Le 29 avril, en inaugurant l’exposition des travaux de la consultation internationale d’architectes sur le sujet, Nicolas Sarkozy a fait rêver le peuple francilien. Le métro géant de Christian Blanc, le secrétaire d’Etat au Développement de la région capitale ? Il sera réalisé. Le plan du conseil régional pour remettre les transports collectifs à niveau ? Idem. Fromage et dessert, à 35 milliards d’euros l’ensemble. Autre promesse : réunir les dix équipes d’architectes dans un atelier international du Grand Paris. Enfin, gauche et droite seraient invitées dans une agora des élus pour travailler ensemble.
Deux mois plus tard, ça se complique. Lundi, en Conseil des ministres, le secrétaire d’Etat a repris les annonces que le Président avait faites un mois plus tôt à la Défense. Un projet de loi sera débattu à l’automne au Parlement, fourre-tout où l’on mettra tous les outils pour construire la métropole : un dépoussiérage de l’urbanisme pour aller plus vite dans les projets, un volet pour «préparer» la RATP à la fin prochaine de son monopole et enfin, la création d’une «nouvelle entité publique» qui pilotera la construction du futur métro géant. Des «études préalables» seraient «lancées sans délai».
La curiosité, c’est que pendant ce temps-là, la région Ile-de-France, présidée par la gauche, s’est déjà lancée dans les études pour son métro à elle, baptisé Arc Express. Faisant le tour de Paris par la banlieue comme celui de Blanc, il suit en partie un autre trajet. Le Syndicat des transports d’Ile-de-France (le Stif), bras armé de la région, qui s’est lancé dans l’examen des deux tronçons nord et sud, a fait valider ce travail par son conseil d’administration et a saisi dans la foulée la Commission nationale du débat public. «La saisine a été votée à l’unanimité», droite comprise, fait-on remarquer au Stif. Y aurait-il deux métros géants en concurrence ? «Tout s’emboîtera», affirme-t-on au secrétariat d’Etat. En attendant, dit-on au Stif, «on est dans une logique où tant qu’on ne nous arrête pas, on avance».
Le financement de cette grande affaire est encore plus épineux. Le chef de l’Etat a chargé le député Gilles Carrez, de proposer des solutions pour trouver les sommes nécessaires. L’élu a expliqué vendredi dernier où il en était : tout mis bout à bout, il lui reste à trouver 6 à 10 milliards d’euros. Pour une première phase jusqu’en 2025.
Même les propositions sympathiques ont réussi à créer des remous : l’atelier international du Grand Paris a fâché les architectes à qui l’on proposait une structure dirigée par l’Etat. Quant à l’agora des élus, elle ressemble à s’y méprendre au regroupement Paris Métropole, initié par la gauche parisienne. Et il se pourrait bien que l’Elysée se résolve à ce que ce groupe tienne lieu d’agora.