Pourtant, les opportunités extraordinaires qu’elle offre à ses habitants sont bien mal partagées. La condition métropolitaine est de plus en plus difficile à vivre pour beaucoup. Les inégalités ne cessent de croître, comme les disparités d’accès aux services publics. Ceux qui votent dans des communes pauvres ont moins de services, car il n’existe pratiquement aucune péréquation entre communes riches et pauvres. La crise du logement, la pénibilité des transports et la dégradation environnementale amènent un nombre croissant d’habitants à voter avec leurs pieds et à quitter l’agglomération.
Les communes de l’Ile-de-France sont étroitement imbriquées, interdépendantes, la mobilité intercommunale est inscrite dans les modes de vie pour le travail, les loisirs, la culture, le sport, le soin, les achats, les relations interpersonnelles. Si la commune reste une cellule de base de la démocratie du quotidien, il est de plus en plus clair que les grands défis ne peuvent plus être relevés à cette échelle. Pire : les concurrences territoriales liées à l’émiettement communal aggravent les problèmes, économiquement, socialement et écologiquement.
Lutte contre les pollutions, atténuation du changement climatique et adaptation à celui-ci, transition énergétique, logement, déplacements, formation, emploi, hospitalité vis-à-vis des migrants et des visiteurs, recherche et innovation : autant d’enjeux qui ne peuvent être traités dans les seules limites communales, y compris pour la ville cœur, aussi puissante soit-elle. Et l’addition des politiques communales, voire intercommunales, ne suffit pas davantage à régler des problèmes qui relèvent d’autres échelles. La métropolisation doit être régulée et démocratisée grâce à des politiques publiques coordonnées et pilotées au niveau de l’agglomération réelle, incluant petite couronne et grande couronne, y compris dans ses franges rurales.
Le temps de la citoyenneté métropolitaine est venu. Il est indispensable que les candidates et candidats aux élections municipales en Ile-de-France abordent clairement ces enjeux, au-delà de quelques références de circonstance. En présentant leurs propositions pour contribuer à bâtir enfin ce Grand Paris attractif, solidaire, durable et démocratique dont l’absence handicape non seulement ses habitants mais la nation tout entière.
Signataires :
Pascal Auzannet, expert transports ; Marie-Hélène Bacqué, sociologue ; Daniel Behar, urbaniste ; Emmanuel Bellanger, historien ; Julien Beller, architecte ; Frédéric Bonnet, architecte-urbaniste ; Dominique Boré, présidente de la Maison de l’architecture d’Ile-de-France ; Patrick Bouchain, architecte-urbaniste ; Florence Bourillon, historienne ; Guy Burgel, géographe ; Xavier Capodano, libraire ; Silvia Casi, architecte-urbaniste ; Vincent Charlet, économiste ; Jeanne Chauvel, politiste ; Paul Chemetov, architecte ; Jean-Louis Cohen, historien ; Henri Coing, sociologue ; Laurent Davezies, économiste ; Aurélien Delpirou, géographe ; Anne Mie Depuydt, architecte-urbaniste ; Marie Deketelaere-Hanna, haut fonctionnaire ; Jacques Donzelot, sociologue ; Patrick Doutreligne, président d’une union nationale d’associations sociales et médico-sociales ; Monique Eleb, sociologue ; Carole Enfert, avocate-conseil ; Renaud Epstein, politiste ; Yves Farge, physicien ; Annie Fourcaut, historienne ; Nicolas Fremiot, artiste ; Béatrice Giblin, géographe ; Antoine Grumbach, architecte-urbaniste ; Vincent Guigueno, historien ; Cécile Hagmann, urbaniste ; Djamel Klouche, architecte-urbaniste ; Simon Laisney, DG Plateau Urbain ; Baptiste Lanaspeze, éditeur ; Bernard Landau, architecte voyer honoraire ; Céline Laurens, urbaniste ; Paul-Hervé Lavessière, géographe-urbaniste ; François Leclercq, architecte-urbaniste ; Christine Leconte, présidente de l’ordre des architectes d’Ile-de-France ; Christian Lefebvre, politiste ; Maud Le Floc’h, urbaniste ; Jacques Lévy, géographe ; Yves Lichtenberger, sociologue ; Yves Lion, architecte-urbaniste ; Magda Maaoui, géographe-urbaniste ; David Mangin, architecte-urbaniste ; Pierre Mansat, ex-élu parisien [1995-2014]; Ariella Masboungi, architecte-urbaniste ; Yvette Masson-Zanussi, Plateforme PACT ; Jean-Pierre Merlot, urbaniste ; Brigitte Métra, architecte ; Sandra Moatti, économiste ; Olivier Mongin, essayiste ; Jean-Marc Offner, politiste, urbaniste ; Jean-Pierre Orfeuil, ingénieur et urbaniste ; Patrick Pélata, ingénieur ; Chantal Pacteau, agronome, directrice de recherche CNRS ; Philippe Panerai, architecte-urbaniste ; Antoine Picon, historien ; Virginie Picon-Lefebvre, architecte-urbaniste ; Claire Piguet, architecte ; Caroline Poulin, architecte-urbaniste ; Beatriz Ramo, architecte-urbaniste ; Serge Renaudie, architecte-urbaniste-paysagiste ; Simon Ronai, urbaniste ; Nathalie Roseau, ingénieure, urbaniste ; Henri Rouillé d’Orfeuil, agronome, économiste ; Michel Savy, économiste ; Nicole Savy, historienne ; Robert Spizzichino, ingénieur-urbaniste ; Nathan Starkman, urbaniste ; Jean-Louis Subileau, urbaniste ; Patrick Urbain, architecte ; Martin Vanier, géographe ; Françoise Veltz, magistrate honoraire ; Pierre Veltz, sociologue, économiste ; Dominique Vernay, ingénieur ; Jean Viard, sociologue ; Jean-Louis Violeau, sociologue ; Mireille Viora, haut fonctionnaire ; Achille Warnant, géographe ; Thierry Weil, physicien.