5 Mars 2015
Avis de tempête sur l'aménagement public francilien
L'accès au logement de tous les Franciliens est au coeur des préoccupations de tous les élus locaux. Nous sommes au plus près des besoins des familles et de la réalité de la politique de l'habitat. Cette réalité nous engage, nous oblige à des résultats.
Pour produire du logement, en quantité et en qualité, les élus franciliens se sont dotés d'outils performants en créant des sociétés d'économie mixte (SEM) et des sociétés publiques locales (SPL), qui aujourd'hui sont le premier aménageur public de la région avec la programmation de 45.000 logements entre 2010 et 2013, et 70.000 nouveaux prévus d'ici à 2017. Fortes de leur connaissance des territoires, de la compétence de leurs équipes et de la relation de confiance avec leurs collectivités actionnaires, les entreprises publiques locales (EPL) ont démontré leurs savoir-faire.
A l'automne, le mouvement EPL accueillait favorablement le plan de mobilisation pour le logement annoncé par le Premier ministre. Quatre mois plus tard, je suis très inquiet des mesures envisagées : l'Etat veut-il reprendre la main sur l'aménagement en Ile-de-France en préemptant plus de 3.700 hectares ? Quelle plus-value d'une opération d'intérêt national (OIN) tentaculaire, quand on sait que l'échelle de la proximité demeure un atout décisif pour construire des logements et que les EPL interviennent d'ores et déjà sur la majeure partie des sites envisagés ? En quoi un opérateur unique de l'Etat en région, Grand Paris Aménagement ou AFTRP reverni, ferait-il mieux que les opérateurs créés par les collectivités locales ? En quoi ces mesures répondent-elles aux besoins exprimés par les collectivités pour réaliser les opérations engagées ou en projet ? Pourquoi recentraliser ?
Sans compter la méthode. La création d'une OIN multisites, se substituant aux élus en leur retirant leurs compétences en matière d'urbanisme et d'aménagement, reviendrait à décider des opérations d'intérêt métropolitain, avant même la mise en place effective de la Métropole du Grand Paris. Pourquoi démonter ce qui fonctionne et créer un dispositif improbable ? De grâce, ne créez pas une usine à gaz, ne cassez pas la dynamique de la production de logements portée par les collectivités et leurs EPL. Les objectifs ambitieux assignés au Grand Paris ne seront pas atteints sans la mobilisation des EPL qui sauront s'adapter à la nouvelle donne territoriale sous la seule impulsion des élus locaux. Faites confiance aux collectivités !