TourMagazine.fr - Comment se porte la fréquentation touristique de la Seine-Saint-Denis ?
Daniel Orantin : Si derrière ce terme, on pense à la fréquentation hôtelière, l’évolution est redevenue positive après la période difficile du début de la crise. C’est la tendance générale de la métropole parisienne dans laquelle s’inscrivent les établissements de Seine-Saint-Denis.
Il faut noter que les bons taux d’occupation ne sont pas affectés par l’augmentation régulière du nombre d’établissements et du nombre de chambres.
En ce qui concerne la fréquentation des plus grands lieux de tourisme d’agrément situés en Seine-Saint-Denis, elle est globalement stable.
Les Puces de Saint-Ouen, le Musée de l’air et de l’espace, la Basilique, le Stade de France et les équipements situés sur le Parc de la Villette à la charnière de Paris et de la Seine-Saint-Denis constituent un ensemble qui accueille chaque année plusieurs millions de visiteurs.
Enfin, les parcs d’exposition de Villepinte, du Bourget et nombre de lieux d’événements d’affaires génèrent la venue de millions de visiteurs faisant du département un territoire majeur du tourisme d’affaires à Paris.
TM.fr - Le département est très proche de Paris. Comment parvenez-vous à tirer votre épingle du jeu ?
D.O : Pour le tourisme, la Seine-Saint-Denis ne peut être comprise autrement que comme une composante de la première destination touristique mondiale qu’est Paris. Ce qui est vrai pour ce département l’est pour l’ensemble urbain du Grand Paris.
Le temps où le Paris des touristes était confiné aux limites administratives de la capitale est révolu, si jamais il l’a été un jour. L’offre hôtelière parisienne est aujourd’hui, pour une part très significative située dans les départements de la petite couronne, comme le sont des infrastructures parmi les plus importantes pour les événements d’affaires, les grandes rencontres sportives et les grands spectacles.
C’est un fait : le tourisme peut de moins en moins s’envisager à Paris sans la banlieue. L’augmentation prévisible des flux touristiques impose de penser le développement du tourisme à l’échelle du grand Paris et l’élargissement du réseau du métro que va constituer le Grand Paris express ouvre de grandes possibilités. C’est particulièrement vrai pour la majeure partie du territoire de la Seine-Saint-Denis.
TM.fr - L’image du département dans les médias est rarement liée au tourisme. Que faites-vous pour changer cette image ?
D.O : Que les médias n’associent pas Seine-Saint-Denis et tourisme, c’est le moins qu’on puisse dire.
Mais franchement, qu’est-ce que les médias évoquent quand ils parlent du tourisme à Paris ? La tour Eiffel, les Champs-Élysées, le Louvre, Montmartre… Les grands classiques en somme… Il n’y a là rien de surprenant et rares sont ceux qui associent le tourisme à l’image du 11ème, du 12ème ou du 19ème arrondissement.
Pourtant la Villette est devenue un des lieux majeurs de Paris pour les touristes, la Bastille, Oberkampf font partie des quartiers identifiés par les touristes. Cela dit, il est indéniable que l’image qu’on donne généralement de la Seine-Saint-Denis pose problème.
Les efforts pour le décollage économique de ce territoire, pour son aménagement sont sans aucun doute plus importants que le seul tourisme pour faire changer cette situation. Mais il est vrai que le tourisme peut donner à voir des réalités trop souvent occultées de ce territoire et de ceux qui y vivent.