Le géographe et politiste Philippe Estèbe sera présent au Forum «A nous le Grand Paris !» samedi 29 novembre. Il participe au débat «Vers une métropole solidaire et durable», de 16h à 17h30.
Entrée gratuite sur inscription
Le Grand Paris en trois mots, ça donnerait quoi ?
Métropolitain, festif et respirant
Qu’est ce qui fait l’identité du Grand Paris ?
Sa double appartenance. C’est un produit national et mondial.
De quelle idée à l’étranger le Grand Paris peut-il s’inspirer ?
Le Grand Paris est tout à fait unique. Mais on peut s’inspirer du cosmopolitisme de Londres, de l’unité de commandement new-yorkaise, du rapport homme/nature de Singapour et du rapport du territoire environnant de Milan.
Quel regard portez-vous sur le périmètre choisi pour le Grand Paris ?
Dans un monde idéal, c’est la région qui devrait prendre le leadership métropolitain. Mais compte tenu du fait qu’on est dans un système français compliqué avec toute une série de pouvoirs locaux, la solution confédérale qui se profile, avec un resserrement sur la zone dense, n’est pas complètement absurde.
«La banlieue va-t-elle disparaître» avec la métropole ? : c’est le thème d’un des débats du Forum. Y croyez-vous ?
Je pense que la banlieue a déjà disparu. Paris croit qu’elle est encore au centre du territoire mais en réalité cela ne fonctionne plus comme ça. Paris est intégrée dans des systèmes économiques, des systèmes de mobilité de la personne et de circulation incluant des morceaux de banlieues et de grande couronne. En réalité le centre parisien est un centre éclaté.
Quel endroit existant représente selon vous le mieux le Grand Paris ?
Le canal de l’Ourcq est un axe métropolitain extrêmement intéressant, un endroit de transformations incroyablement rapides mêlant vieux et neuf en une succession de paysages urbains hallucinants. On passe de la vieille petite couronne à la nature. Il est l’équivalent du faubourg Saint-Antoine au XIXe siècle. C’est un lieu où la ville se transforme et se développe. La vallée de la Bièvre et Roissy sont également des pôles étonnants.
Comment gouverner au mieux le Grand Paris ?
Joker, je ne sais pas. Pour moi l’idéal serait un gouvernement unique avec des subdivisions territoriales pour permettre à la métropole d’exister. Nous avons le choix entre un système fédéral avec une autorité limitée ou un système confédéral avec une souveraineté partagée. Je pense qu’on s’achemine vers ce dernier.
A quoi ressemblera le Grand Paris dans 50 ans ?
Ce dont j’ai peur c’est que la ville centre s’effondre. Il y a un risque d’implosion et d’asphyxie de la commune centre si elle n’évolue pas dans sa gouvernance, dans son mode d’administration patrimoniale et dans ses choix stratégiques, économiques et de logement. Si la métropole ne réussit pas à créer une osmose entre Paris et sa périphérie, il y a un grand risque que le centre devienne un espace figé, qui ne diffuse plus d’énergie, de créativité et de capitaux. Le reste du territoire est bourré de potentiel.
Un dernier mot sur le Grand Paris ?
C’est une chance pour le pays, à condition que cet espace assume sa vraie fonction métropolitaine : devenir un lieu d’hospitalité, de passage qui fonctionne comme une pompe, et attire des talents, des actifs, des jeunes et des moins jeunes… Il faut penser le Grand Paris comme un producteur de flux, de population et de créativité.