8 Mai 2011
Dans l'émission " La voix est libre" présentée par Jean Jacques Cros
le sten de l'émission
JEAN-JACQUES CROS
Retour à La Voix est libre avec Brigitte KUSTER, maire UMP du
XVllème arrondissement à Paris et en face de vous, Pierre MANSAT, vous êtes
adjoint maire de Paris de Bertrand DELANOË en charge de Paris Métropole. Et
d'abord, vous avez assisté à la première partie de l'émission. Une réaction sur
ce que vous avez entendu?
PIERRE MANSA T
Bonjour. Une première réaction peut-être, je suis en désaccord avec
Brigitte KUSTER quant à sa position sur l'accueil des jeunes Tunisiens. Je crois
qu'il y a une responsabilité de la part de la France de savoir, dans ce moment
de démocratie et de libération de la Tunisie, de savoir être un pays généreux
qui puisse accueillir quelques milliers de jeunes Tunisiens qui viennent là
chercher sans doute du travail, mais peut-être aussi chercher de la formation et
chercher de l'éducation. Donc je crois qu'au contraire, plutôt que de les
enfermer ou de les expulser, il serait bien meilleur de savoir les accueillir, leur
donner des conditions d'accueil qui soient dignes et leur permettre d'accéder à
la formation et à l'emploi.
JEAN-JACQUES CROS
Réponse Brigitte KUSTER, vous l'avez dit déjà tout à l'heure ...
BRIGITTE KUSTER
Oui on l'a dit ...
JEAN-JACQUES CROS
... mais plus précisément ...
BRIGITTE KUSTER
En effet, je veux dire, il n'est pas question en même temps de refouler
systématiquement; je pense que la France terre d'accueil a fait preuve en effet
de savoir accueillir quad il faut, accompagner, ne serait-ce qu'en matière par
exemple d'alphabétisation quand certains ne savent pas parler. Je voudrais
aussi rappeler peut-être quelques chiffres: 50 millions d'euros mis sur la table
justement pour des populations qui arrivent et qui sont en grandes difficultés
d'insertion. Néanmoins, une arrivée massive, il faut quand même pouvoir la
gérer et les collectivités doivent aussi être au rendez-vous. On ne peut pas
demander à l'Etat de gérer seul. Il faut quand même trouver des logements, il
faut quand même trouver de quoi les nourrir et donc c'est quand même un
réseau qui doit se mettre en place. Néanmoins, on ne peut pas accepter tout le
monde. Donc il faut en effet avoir une générosité, mais en même temps faire en
sorte que les choses puissent se passer correctement.
JEAN-JACQUES CROS
Alors, on voit bien le désaccord entre vous? Pierre MANSAT, il Y a eu
une critique de Brigitte KUSTER parlant de l'absence de dialogue entre le maire
de Paris et ses adjoints et en particulier, pardon, et les maires d'arrondissement
et en particulier les maires d'arrondissement d'opposition?
Pierre MANSAT
Alors, je crois qu'il ne faut pas confondre l'attitude d'opposition
systématique puisqu'il y a malgré tout une attitude d'opposition systématique de
la part des maires d'opposition à la politique municipale. Je pourrai en citer des
exemples. On a eu les critiques sur le tramway par exemple même si
maintenant l'UMP est devenue fana du tramway des maréchaux ou les
politiques sociales, je pense aux tarifs des cantines. Donc il y a une politique
d'opposition systématique. Par ailleurs, je crois que la ville de Paris sur l'autorité
de la première adjointe, Anne HIDALGO, dont c'est la fonction par ailleurs mène
un dialogue que ce soit sur les questions budgétaires, que ce sQit les questions
d'urbanisme, les questions d'aménagement, mène un dialogue tout à fait correct
et courtois avec les maires d'oppos~tion.
JEAN-JACQUES CROS
Vous n'êtes pas d'accord?
BRIGITTE KUSTER
Mais Monsieur MANSAT là me titille, me cherche peut-être. Comment
dire? D'abord, 1, l'opposition n'est pas systématique. On pourrait dire cela
d'ailleurs au niveau national. L'opposition a un rôle d'opposition et donc par
définition s'oppose, mais l'opposition comme au niveau national de temps en
temps propose, ce qui est souvent notre cas et en matière d'aménagement sur
le XVllème arrondissement, nous avons fait des propositions et vous venez de
me parler de Madame HIDALGO qui nous écoute. Monsieur MANSAT! Vous
étiez au rendez-vous lorsque je suis venue présenter le nouveau regard sur les
Batignolles.
JEAN-JACQUES CROS
Vous avez fait un contre-projet en fait?
BRIGITTE KUSTER
L'attitude, oui .,.
JEAN-JACQUES CROS
Un contre-projet d'aménagement ...
BRIGITTE KUSTER
Un contre-projet, c'est-à-dire que ... Le mot « contre-projet» me gêne un
peu parce qu'on a fait en sorte de garder le coeur du projet, de l'améliorer, donc
on n'est pas dans quelque chose de complètement opposé, mais nous n'avons
absolument pas même été entendus, même écoutés et l'attitude de Madame
HIDALGO, sincèrement à mon ègard mais surtout à l'égard d'ailleurs même des
personnes qui m'accompagnaient et du projet, est tout simplement à la limite,
j'allais dire, de la correction. Ce n'est pas justement parce que nous proposons
quelque chose que c'est par définition mauvais. Or systématiquement, il n'y a
pas un voeu, pas un souhait que les élus du XVllème car accessoirement nous
sommes aussi dans notre légitimité, nous avons été élus nous aussi élus
d'arrondissement, excusez-nous, par les habitants du XVllème et donc nous
sommes là pour défendre les intérêts du XVllème. Ca me parait quand même
nécessaire de le rappeler parce que ...
JEAN-JACQUES CROS
Vous étiez à cette réunion?
PIERRE MANSA T
J'étais à cette réunion et peut-être pour les téléspectateurs, il faut
rappeler que nous sommes là dans un projet de quartier complètement nouveau
qui va s'établir sur les anciens ...
JEAN-JACQUES CROS
54 hectares, Batignolles 1Clichy ...
PIERRE MANSA T
54 hectares, une ancienne gare de marchandises en plein pratiquement
dans le coeur de Paris puisque nous sommes à dix minutes à pied de la gare
Saint-Lazare, nous sommes dans le coeur de la ville.
JEAN-JACQUES CROS
Justement, ça ne vaudrait pas le coup qu'il y ait un projet consensuel?
PIERRE MANSA T
Oui, je crois que l'effort qui a été proposé est tout à fait consensuel. Je
crois, j'ai bien entendu Madame KUSTER tout à l'heure qui n'est pas allée au
bout de son raisonnement sur la part des logements sociaux. Je pense que le
débat architectural, le débat sur la hauteur des immeubles ou le débat sur la
forme urbaine est un débat qui camoufle une opposition de fond assez
importante de la part de Madame KUSTER à la réalisation de logements
sociaux. Oui, il y a une crise terrible du logement dans notre région, dans Paris
BRIGITTE KUSTER
Oui, c'est vrai.
PIERRE MANSA T
... mais la municipalité parisienne essaye d'y répondre en produisant
beaucoup de logements et notamment beaucoup de logements sociaux
puisque, il faut le rappeler, 70% des demandeurs de logements sont des
demandeurs qui sont éligibles à l'HLM de base, je dirais, pour être bien compris
et donc dan ce quartier des Batignolles, il nous faut faire du logement avec les
équipements qui vont bien avec, avec des bureaux, des activités et la cité
judiciaire. Donc il faut répondre à cette exigence sur ce quartier en rappelant
par ailleurs qu'il y a un parc de 10 hectares, ce qui est un effort tout à fait
considérable.
JEAN-JACQUES CROS
Alors Brigitte KUSTER.
BRIGITTE KUSTER
Oui, resituons en effet ces ...on parle du 81ème quartier de Paris, c'est en
effet important de le rappeler, ca sera d'ailleurs dans le XVllème entre la porte
d'Asnières et la porte de Clichy avec 3500 logements, 12 à 15 000 nouveaux
habitants, 140 000 m2 de bureaux en effet autour d'un parc de 10 hectares et
l'arrivée d'une cité judiciaire.
JEAN-JACQUES CROS
Sur ces 3 500 logements donc ...
BRIGITTE KUSTER
Sur ces 3500 logements donc 55% de logements sociaux et oui, je
maintiens que je trouve que c'est trop. Bien sûr qu'il y a un besoin et vous avez
raison de le rappeler, un besoin criant de logements, mais de logements
sociaux bien sûr et de logements, j'allais dire, tout court. Et ce que je crois
aussi, c'est qu'il y a un moment il faut penser politique du logement et
malheureusement je trouve qu'on ne le fait pas assez au niveau aussi de la
région T1e-de-France. Nous avons quand même dans le cadre d'ailleurs du
Grand Paris au-delà même du SDRIF qui a annoncé 60 000 logements,
l'ambition présidentielle d'ailleurs de 70 000 logements. Paris doit être au
rendez-vous et vous avez raison. Moi, ce qui m'inquiète, c'est que si vous
mettez et on le voit bien dans les arrondissements qui ont déjà à l'heure actuelle
beaucoup de logements sociaux, les difficultés parfois de faire vivre certains ...
JEAN-JACQUES CROS
Vous voulez dire que ça ne respecte pas la mixitè sociale, d'un autre
côté, à l'envers ...
BRIGITTE KUSTER
Voilà, il faut faire attention. Oui, la mixité sociale, c'est nous, on était
plutôt pour un tiers, un tiers de logements sociaux, un tiers de logements
intermédiaires accessions à la propriété et un tiers de logements ... D'ailleurs,
on voit les prix sur les Batignolles. Les premiers immeubles qui sortent de terre
sont à plus de 10000 euros le m2 en matière d'habitat. Je veux dire, ce qui se
passe à Paris et avec d'ailleurs le milliard que récupère la ville de Paris sur les
droits de préemption, il parait a minima que la ville de Paris soit au rendez-vous
du logement. Je dis juste qu'il faut faire attention parce qu'au-delà du logement
et puis, il bne faut pas se lancer des chiffres comme ça : ce qui compte aussi,
c'est la politique d'attribution des logements. C'est ça aussi qui compte, c'est
qu'on soit aussi ...
JEAN-JACQUES CROS
Réponse aussi de Pierre MANSAT.
PIERRE MANSA T
Vous avez rappelé les chiffres tout à l'heure sur le XVllème
arrondissement.
BRIGITTE KUSTER
Oui!
PIERRE MANSA T
10% de logements sociaux, nous sommes là très en-deça de la loi SRU.
La loi SRU est une loi qui fait obligation normalement aux municipalités d'avoir
20% de logement social dans le parc.
JEAN-JACQUES CROS
Paris ne les atteint pas, elle est à 15% à peu près.
PIERRE MANSA T
Paris est à 15% et par la politique parisienne de production de 44 000
logements sociaux, nous serons à 20% à la fin de la mandature. Il faut que le
XVllème accepte de participer de cet effort, il faut que le XVllème accepte la
réalisation des logements sociaux.
BRIGITTE KUSTER
La loi SRU, c'est en effet 20% sur une collectivité. Un arrondissement
n'est pas une collectivité, on est bien d'accord, on est sur l'ensemble du
territoire. Mais vous avez raison, nous participons. Quand les votes arrivent en
conseil d'arrondissement, sur du logement social dans des endroits où on ne
rajoute pas un immeuble à côté déjà où vous n'avez que ça puisque vous avez
une barre en périphérie entre le boulevard des Maréchaux et le boulevard des
périphériques où ce n'est que logements sociaux Nous avons de chaque côté
d'ailleurs des nouveaux terrains Batignolles, déjà c'est ceux-là que l'on pointe
du doigt. Donc je ne me laisserai pas enfermer sur le fait « vous êtes contre» et
d'un côté, il y aurait les gentils, ils seraient pour le logement social et d'un autre
côté, il y aurait les méchants. Ca n'est pas ça. Moi, je suis en responsabilité
maire d'un arrondissement où je souhaite que - et d'ailleurs je p~nse même que
l'on n'arrive même pas imaginer à arriver ce qui va se passer - que nous
soyons dans une politique équilibrée, une politique pragmatique où la mixité soit
en effet au rendez-vous, mais on éonnait en effet, il y a 8 000 demandeurs de
logements sociaux en effet, 6000 dans le XVllème, d'ailleurs il pourrait y en
avoir 8000, mais combien sont en attente de logements tout courts pas
obligatoirement sociaux? Il Y a ...c'est le déficit majeur de la politique du
logement où nous devons tous mettre nos efforts, mais ne nous laissons pas
...Je veux dire, voilà, il y a une nécessité et nous sommes au rendez-vous les
uns et les autres avec nos responsabilités réciproques.
JEAN-JACQUES CROS
Pierre MANSAT?
PIERRE MANSA T
C'est bien pour cela que dans le programme des Batignolles, il y a à la
fois du logement social (55°A» mais il y a aussi, vous l'avez rappelé tout à
l'heure, de l'accession à la propriété ou du logement pour les classes
moyennes.
JEAN-JACQUES CROS
Est-ce que pour construire ces logements mais aussi, pour dynamiser ce
quartier, il faut construire des tours et dépasser la hauteur de 37 mètres qui est
la hauteur traditionnelle à Paris. Est-ce que parce que le maire y tient
beaucoup, c'est quand même y compris dans sa majorité très contesté, et
apparemment les habitants semblent hostiles?
PIERRE MANSA T
Il faut voir, je pense pour les téléspectateurs, imaginer ce que représente
ce débat, c'est-à-dire que nous proposons de passer pour un certain nombre
d'immeubles, pas pour tous puisque nous sommes partisans au contraire d'une
diversité dans la forme urbaine, nous proposons de passer de 37 mètres à 50
mètres pour un certain nombre d'immeubles et de logements, c'est-à-dire 13
mètres, c'est-à-dire en gros trois ou quatre étages au maximum
supplémentaires. Dons nous parlons là quand on parle de ces immeubles d'une
hauteur de 50 mètres, on parle d'immeubles de 15 ou 16 étages. Nous ne
sommes pas là dans des tours, nous ne sommes pas là dans la reproduction de
ce qui a échoué.
JEAN-JACQUES CROS
Je vais vous titiller, vous qui êtes en charge du Grand Paris, mais est-ce
que cela ne va pas créer une barre qui va séparer le XVllème arrondissement
de la proche couronne ?
PIERRE MANSA T
Non, les projets de ces immeubles et je le répète, certains seront à 30
mètres, certains seront à 37 mètres, d'autres seront à 50 mètres avec des
immeubles de logements, des immeubles de bureaux et nous avons donc là un
quartier qui sera parfaitement équilibré puisque je le rappelle, il est construit
autour d'un parc. Donc nous avons un quartier qui est en fait presque sousdensifié
puisque on tient compte de la réalité de ce parc, mais par ailleurs, il ya
un certain nombre de sites où nous proposons en fonction des programmes et
des projets, nous proposons la possibilité de réaliser des tours, là des vraies
tours. C'est le cas par exemple à la porte de Versailles avec la tow ...
JEAN-JACQUES CROS
... Ia tour Triangle.
PIERRE MANSA T
... Triangle. Ce sera le cas, nous l'avons accepté puisque nous sommes
même ceux qui avons proposé le terrain pour l'accueil du tribunal de grande
instance avec une tour de 160 mètres.
JEAN-JACQUES CROS
Brigitte KUSTER. Il reste très peu de temps, vous aviez émis l'idée d'un
référendum local. Où ça en est?
BRIGITTE KUSTER
Oui parce que nous avons donc présenté à la population donc ce
nouveau regard avec le même nombre de logements, je tiens à le préciser,
Monsieur MANSAT sauf que nous ne faisions pas des tours de 50 mètres mais
nous redistribuions avec une tour de très grande hauteur et donc ...
JEAN-JACQUES CROS
Il nous reste peu de temps.
BRIGITTE KUSTER
... oui, pour l'instant, il y a une enquête publique; le commissaire
Brigitte Kuster invitée de La voix est libre -... par MAIRIEDEPARIS17
enquêteur va rendre ses conclusions. En fonction des conclusions du
commissaire enquêteur et de la prise en compte par la ville de Paris de ces
conclusions, eh bien si nous avons été entendus tant mieux; si ça n'est pas le
cas, en effet, je serai appelée à lancer un référendum d'initiative locale pour
nous faire entendre, je l'espère cette fois un peu mieux que ça ne l'a été jusqu'à
présent.
JEAN-JACQUES CROS
Merci d'avoir été avec nous tous les deux, merci à vous de nous avoir
suivis. 12 :17 :34 FIN