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Pierre Mansat et les Alternatives

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> Pierre Mansat, des Combrailles à la mairie de Paris, mon portrait dans La Montagne

Des Combrailles à la mairie de Paris
La Montagne  - samedi 10 octobre 2009 Clermont-Ferrand -
le texte en pdf

À 19 ans, Pierre Mansat a quitté Montluçon pour la capitale. De la Poste au PC et à la CGT, il est devenu adjoint de Bertrand Delanoë, chargé des relations avec les collectivités voisines.
Xavier Panon


Une bombe volcanique, ramassée autrefois par sa mère, trône dans son bureau de l'Hôtel de Ville.
Au milieu des bouquins et dossiers sur Paris, le Grand Paris, la métropole, dont Bertrand Delanoë lui a confié la mission depuis 2001, ce morceau de lave lui rappelle l'Auvergne et les secrètes Combrailles de son enfance. « Je ne cultive pas le côté identitaire, confesse Pierre Mansat. Je suis un Parisien du monde entier. Mais j'ai un enracinement, un attachement fort pour le terroir de mes origines. J'aime l'art roman auvergnat, les volcans et la Sioule dans laquelle je me baignais, le pâté aux pommes de terre et la gastronomie en général. Et puis, bien des figures de ce pays font partie de ma vie. » À commencer par sa mère qui l'a élevé, seule, à Montluçon (Allier). Le fil rouge de sa vie d'homme et de militant. Femme de tempérament, syndicaliste et communiste, elle l'emmenait le dimanche à mobylette chez le grand-père, à Buxières-sous-Montaigut. Trente kilomètres sur le porte-bagages, pour boire à contre coeur du lait encore tout chaud du pis ! Souvenir de ce monde paysan modeste. La ferme a été vendue. Sa tante a fait construire un bungalow à côté, au lieu-dit « Les Beauffes », et Pierre y a fêté les 80 ans de sa mère l'été dernier.
Autre figure marquante ? L'oncle Armand, bien sûr, qui lui lisait Rabelais aux repas pendant que sa femme, Cécile, cultivait l'amour de l'histoire régionale. Un couple d'instituteurs de campagne, à Neuf-Eglise, dans ces Combrailles où le syndicalisme rural, à l'image des paysans mineurs de Saint-Éloy-les-Mines, a forgé des convictions fortes.
Communistes.
Armand Mansat et Pierre MansatMaire de 59 à 95, conseiller général pendant trois mandats, Armand Mansat, figure locale du Puy-de-Dôme, a donc influencé son neveu. Il évoque aussi Pierre Goldberg, député maire de Montluçon.
C'est dans cette ville ouvrière à l'industrie déclinante à l'époque, et pour laquelle il éprouve toujours « un attachement peiné », que Pierre Mansat a vécu toute sa jeunesse. Le temps de militer à son tour, dès 15 ans, aux Jeunesses communistes, un an après l'entrée des chars soviétiques à Prague. Puis de basculer au PC à 19 ans. Une adhésion naturelle, comme une filiation, mais qui n'a pourtant jamais laissé Pierre Mansat à de tranquilles certitudes. Bac D en poche, Pierre monte dans la capitale et rejoint, pour vivre, les bataillons de postiers dans les centres de tri des gares, souvent celles qui les rapprochent de leurs provinces !
Pierre Mansat et CGT Bureaux GaresMilitant PC et CGT, il devient en 1987 permanent du parti dans le 8e, ce triangle d'or où les salariés de La Poste, du chemin de fer et des banques sont encore nombreux.Apparatchik donc, mais « électron libre ».
Le bon militant est aussi torturé. Et il y a de quoi quand, de Prague à la réalité soviétique découverte lors d'un voyage en 81, la perestroïka de Gorbatchev, la chute du Mur de Berlin en 89, on vit tous les soubresauts du communisme jusqu'à son déclin. Une histoire catastrophe qui a mené à des désastres humains, mais l'aspiration a la justice demeure intacte. « L'idéal a été trahi, tué, mais je ne lâche pas. Un peu à côté, mais très fidèle d'autant que rien ne m'attire ailleurs ». Pas facile, il le concède, mais « la vie est une bagarre perpétuelle ».
Son engagement politique est aussi, depuis 20 ans, fait de combats locaux à la mairie du 20e et depuis 1995 au conseil de Paris. Avec, pour ce communiste, une fibre particulière, l'ouverture sur la banlieue, longtemps rouge !Les mains dans ce cambouis, il tisse des liens confiants avec l'autre côté du périph.« Je suis très heureux que Bertrand Delanoë m'ait confié cette mission. Sa confiance m'a épaté. » Des années d'un travail patient, conduit avec pragmatisme.
Le syndicat Paris Métropole est créé et tout semblait bien parti pour instaurer de nouvelles relations entre la capitale et la centaine de voisines de droite et de gauche.Et puis, patatras. En 2007, coup d'éclat de Nicolas Sarkozy, tout juste élu. Le président veut entrer dans l'histoire avec son « Grand Paris », vision d'une métropole du futur : audace architecturale, transports révolutionnaires, Paris jusqu'au Havre ! « Il tente un hold-up, mais il ne pourra réussir qu'en partenariat avec les collectivités », constate Pierre Mansat. Le combat continue.
Xavier Panon

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