6 Juillet 2010
> Le Parisien
Que faire du Grand Paris sans Christian Blanc?
Le Grand Paris pourra-t-il survivre au départ du gouvernement de son concepteur, le secrétaire d’Etat Christian Blanc, victime de son amour des havanes? Hier, c’est le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, qui a ouvert le concert des critiques, estimant que «plusieurs choses pourraient être revues, y compris le Grand Huit », c’est-à-dire la double boucle de métro automatique imaginé par Christian Blanc autour de la capitale, d’ici 2023. Bertrand Delanoë a remis en avant les projets de transports de la région, validés par les élus, dont Arc Express, l’autre projet de métro automatique en concurrence avec le Super Métro de Christian Blanc.
Jean-Paul Huchon, président (PS) du conseil régional, appelle le gouvernement à «tirer toutes les conclusions d’un projet mal engagé, mal mené, avec une mauvaise méthode ». Malgré tout, Jean-PaulHuchon ne va pas jusqu’à demander le retrait du débat public sur la double boucle, qui doit avoir lieu à partir du 1er octobre, en même temps que celui sur Arc Express. «Je suis confiant, je sais que la population préférera notre projet.» Delanoë relance les projets de transports de la région En attendant, malgré la démission de Christian Blanc, son projet vit sa vie. La société du Grand Paris sera créée mi-juillet avec comme préfigurateur, chargé de la mettre en place, Marc Véron qui était directeur de cabinet de Christian Blanc. Cette société sera chargée de bâtir le Super Métro long de 130 km, avec une quarantaine de gares. Pour la présider, il est maintenant acquis que sera désigné le député-maire (Ne) d’Issy-Ies-Moulineaux (Hautsde-Seine), André Santini, 69 ans, malgré la règle exigeant que la présidence de ce type d’institution ne peut être conduite au-delà de 65 ans. «Le projet de double boucle sera mené à bien, assure Yves Pozzo di Borgo, sénateur (Ne) de Paris, principal soutien de Christian Blanc au Sénat. Des hommes très compétents y sont nommés. Mais il faut rester vigilant, je suis inquiet sur la suite du Grand Paris, le volet développement économique et territorial. C’est Christian Blanc qui avait cette vision.» Le départ de Christian Blanc ouvre une autoroute pour Paris Métropole, l’assemblée d’élus locaux créée par Bertrand Delanoë il y a un an. Elle rassemble plus de 100 collectivités et les élus UMP des Hauts-de-Seine viennent de décider d’y entrer, renforçant sa crédibilité politique. Paris Métropole pourrait désormais devenir le pivot du dialogue sur le Grand Paris, ainsi que les architectes du Grand Paris, qui avaient été écartés par Christian Blanc après leur travail sur la métropole du futur. L’atelier international leur permettant de poursuivre leurs travaux devrait être installé ce mois-ci.
Sébastien Ramnoux
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> Les Echos
C’est Michel Mercier. mmistre centriste de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, que Nicolas Sarkozy et François Pillon ont désigné pour reprendre en main le dossier du Grand Paris, abandonné par Christian Blanc, démissionnaire. Le secrétariat d’Etat chargé du développement de la région capitale, logé dans le même ministère que celui de Michel Mercier, disparaît en tant que tel. Mais le chantier luimême, cher au président de la République, va désormais entrer dans sa phase de réalisation depuis que la loi a été promulguée le 3 juin. Et surtout depuis qu’un compromis a été trouvé avec le conseil régional, celuici refusant jusqu’alors de revoir son schéma de développement (SDRIF), préalable indispensable à la mise en oeuvre du Grand Paris.
Dans l’immédiat va être mise sur pied la société du Grand Paris (SGP), bras armé de l’opération, puisque celle-ci doit à la fois porter le financement du métro automatique (une double boucle de 130 à 140 km autour de Paris pour 21,4 milliards d’euros), en assurer la maîtrise d’ouvrage, construire les gares et gérer la valorisation des terrains qui les entourent. C’est Marc Véron, exdirecteur de cabinet de Christian Blanc, qui a été nommé en fin de semaine dernière prétigurateur de la SGP. Juste avant la démission de son ancien patron. 11était alors question que Marc Véron devienne par la suite président du directoire de la société dans sa version définitive (un budget de 70 millions d’euros la première année, une centaine de collaborateurs installés sans doute en Seine-Saint-Denis) et André Santini, président du conseil de surveillance. Pour cela, le gouvernement doit toutefois adopter un décret prévoyant une dérogation à la limite d’âge dans la fonction publique (65 ans) en faveur du député-maire (Ne) d’Issy-Ies-Moulineaux, âgé de 69 ans. Il était d’ailleurs prévu, avant la démission de Christian Blanc, que les décrets de création de la SGP soient examinés dès demain en Conseil des ministres. Dans l’opposition, certains se prennent aujourd’hui à espérer que la démission de l’artisan de la loi, qui se réduit essentiellement au projet de métro et à une dizaine de pôles économiques autour de Paris, conduise le gouvernement à revoir son projet. «Peut-être que le départ de Christian Blanc pourrait conduire l’exécutif à re-réfléchir un peu à cette vision « , a lancé hier à la presse le maire de Paris. Sur le papier néanmoins, tout paraît en place pour de premiers coups de pioche en 2013 si la commission nationale du débat public s’empare, dès octobre prochain comme prévu, du dossier de la double boucle du métro et y intègre des éléments du projet de rocade ferroviaire (Arc Express) du conseil régional.
PH.M.
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