11 Octobre 2011
Quatre ans après le discours de Roissy, la métropole capitale, première région d'Europe, n'est plus qu'un gigantesque champ de bataille : territoire morcelé, institutions déstructurées, collectivités bafouées, élues divisés et citoyens perdus.
Ce que Nicolas Sarkozy a fait pour la France, il l'a fait pour la métropole capitale : casser, fracasser... Vantant les économies et la simplification sur fond d'une politique d'excellence et de compétitivité, les décisions brutales et autocratiques de ces dernières années ont abouti à l'anéantissement des forces vives, le découragement des initiatives, le blocage de tous les rouages, l'instillation du doute et de la peur.
Il ne restait plus que le rêve, ce rêve martelé d'un réseau de transport imaginaire, imprimé de force, qui sauverait la métropole à coup de milliards virtuels ! Qui peut encore y croire ?
Car la vérité est là : sans changement de cap dans les mois qui viennent, les Franciliennes et les Franciliens ne verront rien venir avant un long moment. Ils continueront à s'entasser dans des transports saturés, resteront les habitants d'une commune en compétition avec ses voisines et les héros d'un destin commun qui leur faut révéler : celui d'une métropole solidaire, durable et démocratique.
Notre devoir, celui de l'écologie politique, est d'opposer une alternative à la hauteur de l'urgence : « faire métropole » pour rassembler, transformer et ouvrir. Ce chantier du « Grand Paris vert » repose sur trois piliers :
Le chantier du Grand Paris est d'abord politique. Depuis dix ans, la conscience métropolitaine a pris corps simultanément à travers les recherches, les initiatives et le quotidien. Il apparaît que dans son magnétisme extraordinaire, elle brasse les populations et exacerbe les inégalités. Ce fonctionnement libéral appelle une réponse de gouvernance. Une forme d'organisation collective capable de rééquilibrer les écarts entre les territoires et les habitants devant être mise ne débat, au-delà des sphères réservées.
Principe essentiel, la démocratie, les citoyennes et citoyens en seront les premiers artisans quel que soit leur rapport au territoire.
Outre leur participation à la définition collective de leur avenir, cette réponse politique doit prendre en compte la spécificité de la métropole. Alimentée par des flux migratoires ininterrompus, elle questionne les formes élémentaires de la participation citoyenne, et invite à l'innovation démocratique.
Pour donner une réelle portée à ces orientations politiques, un deuxième pilier – technique – est nécessaire. Apporter des réponses pratiques aux choix débattus collectivement, orienter clairement un développement écologique. Etre par exemple capable de :
Cette dimension est confrontée à deux enjeux : répondre à l'urgence en termes de logement en créant une dynamique avec les territoires naturels et agricoles tout en améliorant la qualité de l'environnement ; mais aussi, coordonner des acteurs publics et privés extrêmement fragmentés, chacun avec ses pouvoirs de décision, ou de blocage.
Le sentiment d'appartenance à un même territoire vient compléter ces deux premiers piliers ; pas de métropole sans identité commune. L'ambition est de sortir d'un rapport clivant où chacun se définit toujours en opposition à son voisin : le « banlieusard », le « Parisien », le « périurbain », l'habitant des « quartiers »…
Cette identité collective se joue dans des mesures très concrètes. Par exemple dans la mise en place d'une tarification unique pour les transports, ou dans un nouveau rapport collectif à l'eau et aux sols, biens communs métropolitains qu'il est impératif de mieux protéger et partager. Le partage d'un destin commun permettra finalement de faire du Grand Paris cosmopolite et écologique une force face à une logique compétitive et destructrice de tous-tes contre tous-tes.
Ce chantier est complexe et politiquement sensible, mais les inégalités bien réelles et quotidiennes pour les habitants. Il nécessite le courage de choix politiques clairs pour la création d« une véritable métropole écologique garante d'un bien-être équitable et solidaire.
Ces trois piliers en fixent les principes, et esquissent une organisation institutionnelle et politique nouvelle. Une zone de coopération renforcée aux limites évolutives dont les représentants sont élus au suffrage universel direct. Une métropole tendant vers une fiscalité homogène garantissant la solidarité entre les territoires et la redistribution efficace.
Face à la déstructuration des territoires et leur mise en opposition, nous proposons le bien-vivre ensemble reposant sur la coopération et la solidarité