6 Février 2012
06/02 | 07:00 | Laurence Albert
Delanoë veut faire entrer le Grand Paris par étapes dans une confédération
Bertrand Delanoë veut créer une confédération coordonnant l'action des collectivités du Grand Paris en matière de logement, de recherche, de tourisme et d'environnement. Bras armé de cette ambition, Paris Métropole serait doté de vrais pouvoirs. Ce qui ne convainc pas tous les élus.
L'encre des premiers contrats territoriaux est à peine sèche que, déjà, une question taraude les élus franciliens : comment gouverner le futur Grand Paris ? Accusé par la droite d'avoir sous-investi ce dossier, titillé par son adjoint Jean-Marie Le Guen, Bertrand Delanoë reprend la main ce matin au Conseil de Paris avec une communication ultrapolitique dans laquelle il dévoile ses ambitions métropolitaines : créer une confédération, qui coordonne l'action des collectivités locales. Un peu sur le modèle des pôles métropolitains créés en province. Actuellement, une seule structure réunit les élus, Paris Métropole (200 membres), mais elle est sans pouvoir. Le temps est venu qu'elle devienne « un lieu politique qui dispose de vraies compétences », estime le maire. Quitte à en ôter un peu aux autres...
Les susceptibilités locales sont fortes. Paris a longtemps tenu ses voisines dans une faible considération. Emancipées depuis quelques années par le biais, notamment, de puissantes intercommunalités, elles tiennent à leur indépendance. Le maire, qui l'a compris et admis, avance donc à pas comptés. Son projet prévoit d'abord de partager des équipements (sportifs, culturels, déchetteries, Autolib'...) et des réflexions (plan sur l'hôtellerie, nouveaux couloirs de bus...). Trente idées réalisables à moindre coût d'ici à 2014. « Il faut déborder les seules limites parisiennes. Certaines politiques nécessitent un changement d'échelle », argue Pierre Mansat, adjoint au maire chargé du dossier.
Logement : une autorité unique
A terme, Paris Métropole aura vocation à aller plus loin en coordonnant des politiques stratégiques : tourisme, environnement, Samu social, recherche, urbanisme et, surtout, logement. Pour pallier une crise du logement largement liée à la pénurie d'offres, Bertrand Delanoë suggère la création d'une autorité unique dotée d'un pouvoir de planification des constructions et de substitution aux maires défaillants. « Certains ne jouent pas le jeu. Leurs plans locaux de l'urbanisme sont malthusiens. L'intérêt général doit primer », affirme Pierre Mansat.
Pour lui donner les moyens d'agir, Paris veut aussi doter Paris Métropole d'un fonds d'investissement, de l'ensemble des aides à la pierre et d'un exécutif fort. Introduisant, discrètement, au passage une réforme du mode de scrutin qui donnera un primat aux grandes villes, tout en se défendant de vouloir « devenir chef du Grand Paris ».
Reste à voir ce qu'en diront les autres maires. « Le projet parisien va dans la direction souhaitée par de nombreux élus, car il respecte la dynamique des intercommunalités », estime Patrick Braouezec, le président de Paris Métropole.
De fait, Paris a écarté certaines hypothèses discutées de longue date, comme la création d'un département unique de la Seine ou d'une communauté urbaine, qu'il juge « trop brutales ». « Du coup, son projet risque d'être inefficace », regrette l'élu NC Jérôme Dubus, pour qui l'initiative du maire se résume beaucoup à « un coup politique pour reprendre la main sur le Grand Paris à trois mois des élections ». « Paris veut surtout déshabiller Jean-Paul Huchon de ses compétences », tonne l'UMP Jean-François Lamour. De fait, la région avait déjà posé des jalons sur la création d'une autorité du logement : contrairement à Paris, elle estime que le bon périmètre d'action n'est pas celui des 200 communes de la zone « dense », mais celui de la région.
L. A., Les Echos