6 Février 2012
Intervention sur la métropole au Conseil de Paris
Mes chers collègues,
L’histoire de Paris ne s’arrête jamais. Les Parisiens comme les Franciliens ont besoin de métropole. C’est notre responsabilité d’élus de construire un territoire à l’échelle de nos ambitions collectives, l’un des plus peuplés et dynamiques d’Europe. Un territoire où nous pourrons mettre en œuvre toutes les actions cohérentes nécessaires à l’innovation et à la solidarité.
Pour conduire cette évolution, les conceptions, parfois simplifiées et imposées par l’Etat sont aussi inopérantes qu’inefficaces. La métropole parisienne ne se résume pas au Grand Parisde N Sarkozy. Ce n’est pas non plus Paris en grand. Ce n’est ni un centre ignorant sa périphérie, ni une périphérie privée de son centre. C’est bien au contraire l’espace que pratiquent dès à présent des millions de Franciliens et que représentent les élus locaux, des communes, des intercommunalités, des départements et la Région. La métropole est un territoire complexe, constitué de multiples réseaux, qu’avec une communauté de citoyens et de ses représentants légitimes nous voulons faire vivre.
Dialogue et solidarité. C’est le sens de la politique que mène Paris depuis plusieurs années avec ses partenaires. Projet après projet, notre action est restée fidèle aux influences nombreuses qui façonnent les territoires, soucieuse de leur diversité et de leur mémoire, respectueuse de chacun, afin de permettre à un nombre toujours plus grand de Franciliens de vivre ensemble, de vivre mieux. C’est dans cet esprit que nous avons lancé dès 2001 la conférence métropolitaine, suivie en 2006 du Syndicat Paris Métropole. Avec plus de 200 représentants, cette instance témoigne d’une prise de conscience collective de la nécessité de bâtir notre maison commune.
En quelques années, plusieurs avancées très concrètes ont ainsi vu le jour. Paris a retissé le lien qui s’était rompu avec les communes limitrophes que l’on pensait irrémédiablement cloisonnées. Je pense au vaste territoire de Paris Nord-Est, aux Batignolles, mais aussi à l’installation d’un tramway sur les boulevards des Maréchaux qui poursuit en 2012 la reconversion des limites d’hier en nouveaux lieux de rencontres. Désormais il faudra compter avec Autolib’ que nous avons lancé avec 45 communes et qui connaîtra cette année une forte montée en puissance. Voilà pour des millions de franciliens des avancées très tangibles, à la dimension des territoires qu’ils pratiquent réellement chaque jour. En matière de ressources, d’innovation ou d’emploi les partenariats se multiplient. Un climat de confiance s’est restauré avec la Région et l’ensemble de nos partenaires, avec la conscience de l’impérieuse nécessité d’avancer ensemble dans le sens de l’histoire.
Aujourd’hui notre responsabilité est de prolonger cette dynamique de projets. C’est pourquoi nous avons défini à la suite du rapport que nous a remis Jean-Pierre Caffet à l’automne dernier un programme de 30 actions prioritaires que nous mettrons en œuvre d’ici la fin du mandat. D’un accès métropolitain à la culture, à la préservation de notre patrimoine naturel ou au redéploiement de l’agglomération autour des grands canaux du Nord-Est de Paris, plusieurs avancées concrètes permettront de construire un espace plus solidaire, plus durable, plus citoyen.
Parallèlement nous devons doter la métropole d’outils opérationnels nouveaux pour pouvoir agir en priorité sur quelques sujets stratégiques : sur le logement, devenu en quelques années une préoccupation majeure. Dans un contexte de pénurie inédite, il est inadmissible que l’effort de construction incombe toujours aux mêmes collectivités territoriales. Plus qu’aucun autre ce sujet impose de transcender les égoïsmes locaux. Pour cela la métropole doit se doter d’une agence métropolitaine du logement disposant d’une vision globale et des leviers requis pour construire plus et mieux ; sous peine de voir l’exclusion sociale se durcir, l’étalement urbain prospérer. Et finalement les plus scandaleux entre-soi devenir la norme de toute opération d’urbanisme.
D’autres sujets devront suivre, tels que l’environnement qui par essence ne connaît pas de frontière, l’attractivité économique et le développement durable qui doivent pouvoir mobiliser toutes les énergies, l’urgence sociale qui demande une solidarité sans faille. Pour mener à bien ces actions résolues, il nous faudra bien sûr inventer une nouvelle forme de gouvernance métropolitaine aussi originale que l’est l’histoire notre territoire. Là aussi rien ne sera possible sans imagination ni respect de l’ensemble des partenaires institutionnels. Les territoires, départements, intercommunalités, communes, la Région, ont vocation à prendre place dans cette nouvelle organisation collégiale inspirée des pôles métropolitains. Car entendons-nous bien. Il n’est pas question, comme certains le suggèrent un peu rapidement, de créer une communauté urbaine de Paris. Cette option serait particulièrement inappropriée, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que le périmètre d’une communauté urbaine exclurait la grande couronne, qui doit être partie intégrante du dynamisme de la métropole. Et surtout parce que l’enjeu n’est pas d’ajouter une super structure de gestion supplémentaire mais de s’appuyer sur la logique de Paris Métropole, qui a fait ses preuves : celle de la coopération souple entre les élus.
Alors, comment faire ? Au nom de Paris, je vous suggère de proposer la création d’une confédération métropolitaine, dotée de réels pouvoirs de décision et d’action, et dont la légitimité démocratique s’exprimerait à travers une double assemblée. D’une part, une assemblée générale qui réunirait tous les élus actuels des collectivités membres de Paris Métropole. D’autre part, une assemblée exécutive, de vingt à trente membres, qui réunirait Paris, la région, les départements et les grandes intercommunalités. Les orientations stratégiques seraient fixées par la première de ces deux instances ; la gestion et l’application quotidienne seraient assurées par la seconde.
Mes chers collègues, notre monde a plus que jamais besoin de sens et d’une organisation de l’espace à la hauteur des défis de civilisation urbaine. C’est l’enjeu du débat que nous ouvrons en 2012 au Conseil de Paris et qui enrichi de nos échanges, doit être digne des attente des Parisiens et des Franciliens. Une nouvelle fois Paris doit se tenir aux avant-postes de la proposition et de l’audace. Je compte sur vous et tiens plus particulièrement à saluer Pierre Mansat pour sa lucidité, son écoute et sa détermination à mener à son terme ce débat nécessaire.