10 Mars 2010
"Selon vous, les problèmes très lourds liés aux transports et au logement en Ile-de-France sont-ils le résultat de blocages institutionnels ou politiques? Fautil changer d’échelle? Le projet du Grand Paris est-il une réponse Logements et transports sont les deux urgences. Elles mettent en lumière les problèmes institutionnels de la région et maints blocages politiques en découlent. La décentralisation n’a jamais vraiment considéré la région I1e-de-France comme requérant une organisation particulière. Or, c’est la seule qui soit à la fois une région et une métropole.
Ailleurs, les enjeux d’aménagement sont dissociés des questions d’urbanisme. En I1e-de-France, ils se confondent mais la plus grande région urbaine de France a moins de
pouvoirs qu’une simple intercommunalité. La région n’a pas le pouvoir d’exiger l’application de la loi de solidarité urbaine ni la mise en conformité des plans locaux d’urbanisme. De même, Jean-Paul Huchon, qui dirige la région depuis 1998, n’a de poids au sein du
syndicat des transports que depuis mars 2006. Et encore les compétences techniques restent aux mains de la RATP et de la SNCF, c’est-à-dire de l’Etat! On est dans un
jeu particulier où l’acteur central, le conseil régional, a un poids institutionnel lilliputien. Dans ces conditions, chacun pousse son avantage et le consensus est impossible entre grands élu franciliens, villes et région ou Etat et région. L’enjeu dépasse en partie les élections régionales : la réforme des collectivités locales élude l’exceptionnalité francilienne. J’attends beaucoup de la loi annoncée sur la répartition des compétences entre les collectivités : on pourrait renforcer la région en lui reconnaissant plus de pouvoirs ou en lui transférant les budgets sociaux et le logement aujourd’hui gérés par les départements et les communes. La logique gouvernementale est, malheureusement, tout autre. La loi sur le Grand Paris en discussion au Së,nat contourne la région. Elle ajoute de o’u’buyeaux acteurs et organise un face-à-face entre les maires et la Société du,. Grand Paris, sans place pour la régulation politique ni aucune péréquation entre les territoires. Propos recueillis par Ch. G."
____________________________________________________________________________________________________________
Philippe Dallier, sénateur maire (UMP) des Pavillons"sous"Bois en Seine"Saint"Denis (*)
« Grand Paris: il était temps de relancer
le débat sur la gouvernance»
Que retenez·vous de l'interview de Nicolas Sarkozy
publiée le 2 mars dans la revue «l'Architecture d'aujourd'hui
»?
Alors que le 29 avril 2009, à la cité de l'Architecture et du
patrimoine, il avait. en une phrase, la dernière de son discours,
douché les partisans d'une évolution forte et renvoyé
à ses successeurs le soin de traiter du sujet. il
relance aujourd'hui le débat sur la gouvernance. Il était
temps car depuis près d'un an, les choses étaient pratiquement
figées. Tout un après-midi durant. au Sénat. nous
avons débattu du statut des futures métropoles qui n'existeront
qu'en province. Rien sur notre ville-monde, rien sur
le Grand Paris. Nicolas Sarkozy consacre aujourd'hui le
syndicat Paris métropole comme précurseur possible
d'une future assemblée territoriale du Grand Paris, invitant
ainsi sans ambages les élus de la majorité à franchir
le Rubicon. Mais il va plus loin encore en faisant. pour
l'avenir, explicitement référence au Grand Londres, et en
appelant. sous dix ans, à une révolution des institutions.
Je ne peux que saluer le propos en rappelant cependant
que le temps presse.
Pourquoi faut-il, selon vous, agir plus vite?
C'est avant l'été qu'il faut réinventer un mécanisme de solidarité
financière entre les communes, qui viendra se substituer
au fonds de solidarité de la région lIe-de-France,vidé
de sa substance par la réforme de la taxe professionnelle.
Si nous voulons atteindre l'objectif de 70000 nouveaux
logements par an, en lIe-de-Franceet principalement dans
la zone dense, il y a urgence à revoir la gouvernance aussi
bien que les moyens de cette politique. Dèsle lendemain
des élections régionales, le 22 mars, il faut. droite et
gauche, que nous avancions sur ces sujets.
Propos recueillis par Jean"Baptiste Forray
1*) Auteur du rapport «Le Grand Paris: un vrai projet pour un enjeu
capital».