14 Avril 2010
|
C'est sur l'âge du capitaine que coince le dossier. Du haut de ses 69 ans, M. Santini ne passe pas sous le barrage des 65 ans. Une brèche s'est entrouverte en novembre à l'Assemblée nationale, avec le dépôt d'un amendement supprimant cette limite. Mais elle a été réinstaurée au Sénat par les socialistes, avec la bénédiction du rapporteur du projet, le sénateur Jean-Pierre Fourcade (UMP), qui a pour l'occasion voté avec eux.
Pour superviser la SGP, explique M. Fourcade, "il nous faut un type de 50-55 ans qui puisse rester longtemps à son poste, car nous avons besoin de stabilité pour construire le Grand Paris". L'inimitié entre les deux hommes est ancienne. Aux dires du maire d'Issy-les-Moulineaux, M. Fourcade se vengerait, en tentant de lui barrer la route, de sa perte de la mairie de Boulogne-Billancourt, conquise par l'ex-chef de cabinet de M. Santini, Pierre-Chrisophe Baguet, en 2008.
Etablissement public, dans lequel l'Etat sera majoritaire, la SGP est conçue comme le coeur du réacteur du Grand Paris. Elle aura pour mission de mettre sur les rails le futur métro en rocade, promu par Christian Blanc. Elle prélèvera une partie des recettes tirées des opérations immobilières et commerciales pour financer le futur métro évalué à 21 milliards d'euros, au terme de "contrats territoriaux" signés avec les maires pour l'aménagement des terrains autour des gares.
Et M. Fourcade d'ajouter à propos du candidat parfait à ce très convoité poste : "Il ne devra pas être élu des Hauts-de-Seine. Ce département a mauvaise réputation auprès des autres élus qui voient d'un mauvais oeil l'extension de la Défense. M. Santini ne me paraît donc pas l'homme idoine. Il a montré lors des régionales qu'il n'avait pas su fédérer, y compris dans son propre département et même dans sa ville. De plus, c'est un métier à temps plein. Or, il est député." Tout est donc dit.
M. Santini ne manque certes pas d'occupations. Réélu, en mars, conseiller régional d'Ile-de-France, déjà député et maire, il déroge à la loi sur le cumul des mandats. Un recours a été introduit contre le scrutin régional. Mais tant que le conseil constitutionnel ne se sera pas prononcé sur la régularité de l'élection, il peut conserver ses trois sièges. L'ex-ministre de la fonction publique préside le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif), qui rassemble 144 maires de toutes étiquettes. Il est également président du comité de bassin de l'Agence de l'eau Seine-Normandie qui regroupe 7 régions et 25 départements. "Je suis un fédérateur", plaide celui qui se prévaut de ses bonnes relations avec de nombreux élus de gauche dont le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Un peu moins avec Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région, depuis que M. Santini a raillé sa "sénescence ".
La question de l'âge du capitaine du Grand Paris sera tranchée, dans les prochains jours, en commission mixte paritaire au parlement.