La tour Utrillo de Montfermeil (93) bientôt transformée en Villa Médicis selon le voeu du ministre de la Culture. (DR)
C’est un chantier présidentiel sur lequel Nicolas Sarkozy ne s’était pas exprimé depuis bien longtemps. Il réparera cet oubli lundi matin à la Cité de l’architecture et du patrimoine. À 10 heures, devant de nombreux plus franciliens, des architectes et urbanistes, le chef de l’État prononcera un discours attendu sur le Grand Paris. Son intervention ouvrira une journée de débat intitulée "Le Grand Paris quatre ans après. Les grands projets en cours". C’est en septembre 2007 que le président de la République avait inauguré la Cité de l’architecture installée dans le palais de Chaillot, place du Trocadéro (16e). C’est là qu’il avait lancé l’idée d’une consultation internationale d’architectes urbanistes chargés de faire des propositions pour l’avenir de la métropole. Le 29 avril 2009, c’est encore dans ce lieu magnifique, où étaient alors exposés les travaux des dix équipes retenues (Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Richard Rogers, Yves Lion…), qu’il avait prononcé son discours fondateur, auquel se réfèrent tous les acteurs du Grand Paris.
Retour donc là où tout a commencé. Nicolas Sarkozy ne devrait pas faire d’annonce spectaculaire, mais "marquer une étape et dessiner de nouvelles perspectives à ce beau projet", selon François de Mazières, président de la Cité de l’architecture et maire UMP de Versailles. "Pour ma part, je n’attends pas grand-chose de cette intervention. Les espoirs que les collectivités locales placent dans le Grand Paris risquent d’être déçus, comme bien souvent, par des paroles creuses", soupire Pierre Mansat, président de l’Atelier international du Grand Paris (AIGP) et adjoint au maire (PCF) de Delanoë.
Après les transports, le sport et l’enseignement supérieur
Depuis quatre ans, le volet transport est le seul qui ait vraiment avancé, avec le lancement du projet Grand Paris Express, le supermétro en rocade. Le ministre de la Ville Maurice Leroy (NC) et le président de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon (PS) ont réussi à s’entendre sur ce dossier. De son côté, le préfet de région Daniel Canepa concocte en ce moment des contrats de développements territoriaux entre l’État et les collectivités locales autour des gares. Lundi, le président de la République devrait tout de même évoquer ce qu’Antoine Rufenacht, l’ancien maire UMP duHavre, qualifie dans son rapport d'"acte II du Grand Paris", à savoir l’axe Paris-LeHavre, le Grand Paris et la Seine, défendu par l’architecte Antoine Grumbach.
Il sera également question du Grand Paris du logement, du développement économique, du sport, de l’enseignement supérieur, ou encore de la culture, avec la récente décision du ministre Frédéric Mitterrand de transformer la tour Utrillo en Villa Médicis, en plein coeur d’un quartier déshérité de Clichy-Montfermeil (93). Sans oublier la question cruciale du financement. L’AIGP a identifié 650 projets d’urbanisme, dont Saclay, Roissy, Orly, Le Bourget, la Défense, l’île Seguin, Saint-Denis, la cité Descartes, Versailles… "Tout l’enjeu consiste à faire en sorte que cette constellation de projets converge vers un destin commun, une identité commune, explique Bertrand Lemoine, directeur de l’AIGP. Je reviens de Tokyo: le processus engagé avec le Grand Paris intéresse beaucoup de monde à l’étranger. C’est passionnant. Mais on n’est pas au bout de nos peines".