8 Décembre 2011
Adjointe PS au Maire de Paris chargée de la solidarité, Olga Trostiansky déplore les atermoiements et le manque de courage du gouvernement sur la question des gens du voyage.
Gens du voyage… Cette expression est encore bien souvent synonyme de rejet, de peur de l’autre. Mais derrière cette catégorie juridique, il y a des femmes, des hommes, des enfants, menant une vie itinérante. Doit-on pour autant les ostraciser, les cantonner loin des villes, leur refusant de fait d’accéder aux services publics les plus élémentaires, comme l’éducation et la santé?
Un projet conjoint avec l'Etat...
En 2004, nous avons décidé conjointement avec l’Etat et les associations de familles de gens du voyage d’accueillir sur quelques aires de tailles réduites les familles dont l’un des leurs est hospitalisé à Paris.
Après 6 ans de travail sur ce dossier, la ministre en charge de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, Nathalie Kosciusko-Morizet, doit dans les jours à venir trancher sur l’implantation d’aires d’accueil des gens du voyage dans les bois de Boulogne et de Vincennes. Les avis de l’Etat sont partagés: l'avis défavorable de la commission supérieure des sites rendu le 17 novembre dernier fait écho au soutien en avril dernier de la commission départementale des sites présidée par le préfet en faveur d’une aire d’accueil dans le bois de Vincennes mais pas dans le bois de Boulogne.
Je ne reviendrai pas sur les garanties en matière de protection des bois et de reconquête d’espaces naturels que ces projets offrent, ni sur la requalification de sites qui sont à l’heure actuelle des parkings dégradés et très peu utilisés. Mais ce dossier illustre particulièrement bien les conditions dans lesquelles les élus travaillent avec l’Etat: trois terrains avaient été identifiés dès 2003 pour l’accueil des gens du voyage puis actés dans leur principe lors de la signature du schéma départemental par le Préfet en 2004. Ces trois sites ont ensuite été inscrits au plan local d’urbanisme en 2006, toujours avec l'accord de l'Etat.
...qui pourrait aboutir à un échec
Trois années plus tard, la réalisation de ces trois aires est sur le point d'être empêchée par des décisions d'interdiction prises par l'Etat lui-même.
Dès 2009, le Gouvernement a exigé l’abandon de la première localisation dans le 15e, à toute proximité de l'hôpital Georges Pompidou, le voisinage des gens du voyage et du futur Pentagone n’étant pas souhaité par le ministère de la Défense.
Qu’à cela ne tienne, la Ville a bâti deux projets en partenariat avec les associations et les services de l’Etat, sur les deux terrains restant pour des aires de taille réduite, 64 places en tout. Ces deux projets prévoient des aires prioritairement réservées aux familles proches de personnes hospitalisées à Paris. Avec Pierre Mansat, nous avons rencontré les Maires des villes voisines pour apaiser leurs inquiétudes et présenter le projet dans sa globalité: valorisation paysagère mais aussi gestion locative, accompagnement social et scolarisation des enfants. Là où Michèle Blumenthal, Maire du 12e arrondissement, a accompagné et soutenu le projet auprès de ses habitants, Claude Goasguen, Maire du 16e arrondissement, a affirmé avec force son désaccord.
Au final, nous nous dirigeons certainement vers une décision négative, après six ans de travail sur ce dossier et sans qu’aucune alternative de localisation n’ait été proposée par l’Etat. Nous réaffirmons notre volonté de créer des aires d'accueil pour les gens du voyage à Paris, conformément à la loi du 5 juillet 2000 et continuerons à nous engager et à avancer en ce sens, malgré les manoeuvres dilatoires de l'Etat