28 Janvier 2008
Toujours sur 20 mn.fr Roger Karoutchi (UMP), secrétaire d’Etat en charge des Relations avec le Parlement, est président du groupe Majorité présidentielle au Conseil régional d’Ile-de-France.
Vous avez annoncé la semaine dernière l’idée de créer un «syndicat mixte ouvert» pour gérer le Grand Paris. Cette annonce a été accueillie froidement par une partie de la classe politique. Certains élus affirment même que c’est en réalité un recul de votre part sur le sujet. Est-ce le cas ? Que notre annonce soit critiquée, c’est normal. Il existe deux camps autour du débat sur le Grand Paris : ceux qui ne veulent rien faire, donc qui n’en veulent pas, et ceux qui veulent aller trop vite, en voulant imposer immédiatement une communauté urbaine, au risque de faire échouer le projet. Je rappelle au passage que la communauté urbaine implique un transfert obligatoire de compétences dans tout un tas de secteurs (habitat, transport, activité économique) ainsi qu’un transfert de fiscalité. Ce qui veut dire que toutes les collectivités perdent leur taxe professionnelle et une partie de leur autonomie fiscale au profit de la communauté urbaine. Nous, nous proposons un syndicat mixte ouvert, une structure pas trop contraignante, et qui permet de ne pas perdre de temps, car la création du Grand Paris est une nécessité absolue.
Quand est-ce que ce syndicat verrait le jour ? Dès le lendemain des élections municipales. Tout le monde, départements, communes, région, Etat, sera invité à se mettre autour d’une table, et à définir les sujets sur lesquels travailler. Quels seraient ces sujets ? Il y a deux points clés : la création de grands gestes urbanistiques, comme le souhaite le Président de la République, et la relance de l’attractivité économique. Les deux étant intimement liés. Je suis terrifié par le départ de nos entreprises vers Londres ou les autres grands centres d’affaires étrangers. C’est pourquoi je réclame que soit créé à l’Est, en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne, un deuxième grand centre d’affaires, du type de La Défense. Le cœur d’agglomération a besoin d’une révolution, car il est en train d’étouffer.
Mais est-ce qu’un simple syndicat mixte ouvert, où tout le monde viendrait à la carte, peut réellement régler de tels problèmes ? Il permet de mettre le débat sur la table, et d’avancer. Mais j’ai bien conscience que ce serait pour démarrer, et s’il faut aller plus loin, alors il faudra une structure issue de la loi, quelque chose de détonant dans le paysage français, où il y aura et l’Etat et les collectivités.
Ce qui n’existe pas à l’heure actuelle ? Non, hormis la structure de type établissement public. Je ne dis pas que ce n’est pas la solution d’ailleurs, mais il faut travailler dessus.
Sur la fiscalité, qui sera le nerf de la guerre, y aura-t-il une solidarité financière de Paris et des Hauts-de-Seine, les deux départements les plus riches, avec les autres collectivités ? Si on met en place une structure « sui generis », ce sera forcément une structure qui aura une fiscalité commune. Il y aura donc de la solidarité, et les départements les plus riches devront donner. Mais on ne serait pas non plus dans la contrainte fiscale : cette nouvelle structure définirait aussi sa structure fiscale.
Mais pour beaucoup de communes le Grand Paris repose sur une solidarité financière totale ? Cette solidarité financière dépendra de ce qu’on met dans le Grand Paris. S’il prend tout, le transport, le logement, l’économie, etc… il aura besoin de beaucoup. Mais dans ce cas, vous tuez la région. Si on ne met pas autant de sujets, la solidarité peut être plus maîtrisée.
Donc de votre point cette structure ne s’occuperait pas des transports ? Pourquoi pas, sur des projets bien précis, comme Métrophérique http://www.20minutes.fr/dossier/metropherique par exemple. Mais il ne faut pas non plus que le Grand Paris déstabilise tout le reste, et soit le fossoyeur de la région. Cela dit je souhaite que le fonctionnement du Syndicat des transports d’Ile-de-France soit revu, car il est trop lourd, pas assez décentralisé. Prenons un exemple : pourquoi la SNCF et la RATP gèrent conjointement les RER ? C’est absurde et coûteux d’avoir des lignes de RER partagées de la sorte. Il faut une révolution dans les transports, comme dans le logement, et je la propose maintenant.
Que proposez-vous pour le logement ? Le rapport Pommelet http://www.lexisnexis.fr/pdf/DO/pommelet.pdf dit qu’il y a 2,5 millions de mètres carrés en Ile-de-France qui appartiennent à des administrations d’Etat ou des entreprises publiques, qui n’en font pas usage. Je demande à ce qu’on mette en place un plan de cinq ans de rétrocession de ces terrains aux collectivités, ou au Grand Paris, pour faire du logement et de grands gestes urbanistiques.
Et est-ce que le Grand Paris s’occuperait aussi du logement ? Non. Concernant le logement, il faut un autre débat, car c’est devenu le sujet clé. Et je suis prêt à porter l’idée d’une plus grande co-responsabilité entre la région et les collectivités départementales pour relancer la construction en Ile-de-France. Rendez-vous compte qu’entre 2001 et 2007 la construction de logements en France a progressé de 50%, et de seulement 15 % en Ile-de-France ! Sur Paris et la proche couronne, il faut construire, et certainement pas que du logement social. Il faut du mixte.
Propos recueillis par Mickaël Bosredon