18 Janvier 2008
Les architectes dévoilent leur Grand Paris Marie-Douce Albert 17/01/2008 |
Pour beaucoup, l'agglomération parisienne ne peut continuer à s'enrouler autour d'un cœur historique, mais doit créer de nouveaux centres. Pour beaucoup, l'agglomération parisienne ne peut continuer à s'enrouler autour d'un cœur historique, mais doit créer de nouveaux centres.
Dix équipes désignées par concours esquisseront des propositions pour la métropole parisienne dont rêve Nicolas Sarkozy. Premières idées avec Jean Nouvel, Dominique Perrault, Richard Rogers… «Un nouveau projet d'aménagement global du Grand Paris». Nicolas Sarkozy l'appelle de ses vœux. Lors de sa conférence de presse du 8 janvier, il a affirmé qu'il ne laisserait pas cette ambition «s'enliser», provoquant une contre-attaque du maire de Paris, Bertrand Delanoë. Désormais, architectes et urbanistes vont s'emparer du sujet. Pour faire suite à la volonté présidentielle, le ministère de la Culture a lancé fin décembre une compétition internationale afin de choisir dix équipes, qui rassembleront architectes, sociologues, historiens, politologues… «Il s'agit d'une consultation en recherche et développement, précise-t-on au ministère. Les dix groupes réfléchiront ensemble à ce qu'est une grande métropole au XXIe siècle et devront aussi faire des propositions d'orientations pour le Grand Paris.» Les participants, qui devraient être désignés fin février, travailleront pendant six mois. Le fruit de leur réflexion sera publié et exposé en novembre à la Cité de l'architecture et du patrimoine. Les propositions devraient aussi être épluchées à l'Élysée, où d'autres initiatives sur la question du Grand Paris pourraient être lancées dans les mois à venir. Pas étonnant alors que les professionnels se montrent motivés. Pour l'architecte Dominique Perrault, ils ne peuvent être absents du débat «sinon cela veut dire qu'on n'est pas engagé». Sans attendre, architectes et urbanistes livrent déjà quelques pistes, à commencer par celle d'une ville «polycentrique». Créer une unité de l'agglomération Pour beaucoup, l'agglomération parisienne ne peut en effet continuer à s'enrouler comme un escargot autour d'un cœur historique, mais doit créer de nouveaux centres, constitués autour d'activités économiques fortes ou d'institutions emblématiques. «On peut trouver dix lieux magiques, bien desservis, où l'on imaginerait des projets fantastiques», pense l'urbaniste Bruno Fortier. François Ascher, également urbaniste et sociologue, dit même qu'il «faut probablement créer de nouvelles “villes nouvelles”, même si l'on peut discuter de l'appellation, qui répondront au besoin massif de logements». L'architecte Jean Nouvel défend aussi l'idée de dix sites d'intervention mais les imagine plutôt sur des «zones sensibles, ghettoïsées, où l'on mènerait des opérations e xpérimentales en accélérant actions et budgets». Toutefois, pour l'architecte, tout ne passera pas par de grands chantiers : «La ville ne se change pas d'un coup de baguette. Il y a des choses de l'ordre du sensible : où densifier ? Comment équilibrer le minéral et le naturel ? Il faut créer les conditions d'une évolution urbaine et le faire en terme de plaisir de vivre.» Une autre question sera le périmètre de ce Grand Paris : doit-il absorber la seule petite couronne ou s'étendre jusqu'à Roissy ou Marne-la-Vallée ? Et cette ligne de frontière doit-elle être étanche, comme le pense l'architecte Claude Vasconi ? Selon lui, «Paris doit être puissamment délimitée. Il faut en effet que la ville cesse de faire tâche d'huile et consomme sans arrêt du territoire». Pour le Britannique Richard Rogers, conseiller du maire de Londres, on doit «créer une ceinture verte autour de la ville. À Londres, nous avons décidé qu'il n'y aurait pas d'expansions futures et qu'on ne bâtirait que sur les zones déjà construites». Un Grand Paris permettra également de faire fi des actuelles strictes limites administratives. «On va pouvoir établir une nouvelle cartographie où les territoires seront plutôt liés à des réalités géographiques», estime Dominique Perrault. Ainsi des quartiers situés en bordure de Seine ou autour d'un grand parc seraient traités de manière cohérente et non plus différemment à chaque fois que l'on change de commune. Pour Laurent-Marc Fischer, de l'agence Architecture-Studio, il sera également crucial de créer une unité de l'agglomération. Il faudra notamment réfléchir à lui donner une identité de «capitale dans le monde, en la dotant d'équipements d'échelle internationale». Il faudra débattre d'éventuels grands chantiers et, à n'en pas douter, la question de la construction de tours sera au cœur des discussions. «Mais l'unité passera aussi par le détail, et par la création d'éléments ponctuels récurrents», ajoute Laurent-Marc Fischer. Le Grand Paris devra aussi soigner sa signalétique et ses bordures de trottoirs. .