Tribune publièe dans Les Echos Pour une communauté urbaine parisienne L'Etat a longtemps considéré que les nécessaires équilibres du territoire devaient passer par un transfert des richesses et des compétences de l'Ile-de-France vers la province. Ce schéma est depuis vingt ans totalement obsolète : l'ouverture européenne et la mondialisation ont bousculé les habitudes. Les entreprises, souvent au prix de sacrifices importants, se sont adaptées à ce nouveau contexte, mais les structures administratives régionales n'ont pas accompli la mue nécessaire à ces changements. Résultat : depuis le début des années 1990, l'Ile-de-France, bien que restant dans le peloton de tête, a perdu du terrain par rapport à ses principales concurrentes européennes. De 1995 à 2005, la croissance de notre région a été en moyenne de 2,4 % par an pendant que le Grand Londres connaissait une progression annuelle du PIB de 8 %, et la région de Madrid de 3,7 %. Cette faible croissance a eu des conséquences directes en matière d'emplois, puisque, pour la première fois, l'Ile-de-France a connu un taux de chômage plus élevé qu'au niveau national pendant une partie de cette décennie. L'emploi industriel a particulièrement souffert : il s'agit d'un signe évident de faiblesse. De même, les insuffisances en matière de logements (un déficit de 20.000 logements par an) et le manque d'investissements dans les transports en commun remettent en cause l'attractivité de la région capitale, aux équilibres socio-économiques fragiles. Comme l'économie française a besoin d'une croissance francilienne forte, l'Ile-de-France a besoin d'un coeur dynamique et performant. Pourtant, c'est bien Paris qui a subi l'affaiblissement économique le plus importan t. Avec 300.000 emplois perdus en quinze ans, il s'agit d'une véritable hémorragie, certes peu visible, mais comparable aux désastres industriels subis par certains territoires français au début des années 1980 comme en Lorraine. L'année dernière encore, le solde arrivées-départs des entreprises à Paris a été négatif (1.055 établissements perdus), alors que, dans le même temps, la petite couronne connaissait un regain économique important. Les débats menés dans le cadre du nouveau schéma directeur de la région n'ont pas permis de mettre clairement en lumière ces phénomènes. Or il n'y aura pas de dynamisme régional fort sans une métropole s'inscrivant durablement dans un processus de croissance créateur d'emplois. Les exemples étrangers réussis le montrent clairement : que serait la Catalogne sans le développement qu'a connu Barcelone depuis l'organisation des jeux Olympiques de 1992 ? Que serait la région londonienne sans la puissance de sa capitale en matière financière ? Que serait la Rhénanie-du-Nord sans son réseau de capitales industrielles régionales ? Or la zone dense de l'Ile-de-France demeure particulièrement mal organisée et mal structurée : absence de cohérence en matière de politique des transports, peu de dialogue au niveau des politiques d'urbanisme, aucune possibilité de pouvoir mener une politique économique commune. Il est donc urgent d'engager une vaste réflexion sur la création d'une communauté urbaine parisienne. La région pourrait craindre l'émergence d'un nouveau pouvoir indépendant avec des moyens financiers largement supérieurs aux siens. Nous croyons au contraire, comme défens eurs du fait économique régional que l'Ile-de-France a tout à gagner à clarifier la répartition des compétences et à engager des politiques de mutualisation des richesses entre les différents territoires, aux inégalités parfois criantes. Ce n'est pas en affaiblissant la Défense que nous enrichirons La Courneuve mais bien en structurant le coeur de l'agglomération pour en faire une métropole attractive, qui s'inscrit résolument dans une dynamique de croissance partagée, au bénéfice de tous les Franciliens. JERÔME DUBUS est délégué général du Medef-IDF ; DIDIER DURAN président du Medef-IDF. Pour une communauté urbaine parisienneJÉRÔME DUBUS ET DIDIER DURAN