22 Mars 2009
Par Jacques Trentesaux, publié le 18/03/2009 14:28 - mis à jour le 18/03/2009 14:59
AFP PHOTO PIERRE VERDY
Christian Blanc dévoilant son projet pour le Grand Paris, mardi 17 mars à la Cité de l'Architecture à Paris.
Le secrétaire d'Etat chargé de la région Capitale, resté muet depuis plusieurs mois sur son projet de Grand Paris, a dévoilé quelques pistes de travail mardi, alors qu'il clôturait les consultations sur l'avenir de la capitale.
"A force de ne rien dire, j'en fini par être haï." Cette confidence de Christian Blanc a pris toute sa saveur, mardi 17 mars à la Cité de l'Architecture de Paris, où se tenait la journée de conclusion de la vaste consultation internationale sur l'avenir de la métropole parisienne. Devant un public de 1200 personnes loin de lui être acquis, le secrétaire d'Etat à la Région Capitale a levé un coin du voile sur ses intentions. Et assuré qu'il avait reçu, samedi 14 mars, le feu vert du président de la République sur son projet de développement économique et de transport urbain. Mieux ! Nicolas Sarkozy aurait exprimé le souhait "de le présenter lui-même dans sa globalité, après avoir rencontré les grands élus de la région parisienne". Le discours aura lieu le 29 avril prochain, à l'occasion de l'inauguration de la grande exposition de la Cité de l'Architecture consacrée au Grand Paris.
Le réseau de transport du XXIe siècle
Le projet de rocade ferroviaire souterrain de 130 kilomètres autour de Paris a focalisé toute l'attention. Christian Blanc imagine un mode de transport lourd et automatique (c'est à dire sans chauffeur), circulant 24 h sur 24 h (mais avec des cadencements différents) et doté d'une sécurité maximale. D'après les calculs de ses équipes, il pourrait être mis en oeuvre dans un délai ramené à "10 à 12 ans". Son coût est estimé entre "15 et 20 milliards d'euros". Le secrétaire d'Etat prévoit un montage financier sur 50 ans de "type PPP", c'est à dire qui fasse appel au secteur privé. "L'Etat prendra toutes ses responsabilités, assure-t-il, mais nous proposerons aussi à la région Ile de France de participer."
Le monde
Qualifié de "réseau primaire structurant", cet anneau reliera les zones de développement économiques de la région et les grands aéroports parisiens. Il servira d'ossature à un maillage des lignes de transport secondaires. Ce projet suscite déjà un tir de barrage. Certaines équipes d'architectes (Nouvel, Portzamparc, Mangin...) l'estiment inadapté et plaident en faveur de modes de transports aériens. Le président (PS) de la région Ile de France n'entend pas qu'on lui impose un projet tombé du ciel qui remet en cause son projet de métrophérique situé en petite couronne. Christian Blanc suit une toute autre logique : il ne veut pas se contenter d'accompagner la croissance du trafic et réaliser "ce qu'il aurait fallu faire il y a quinze ans" mais répondre, dès à présent, aux enjeux de demain. Un pari difficile, tant la situation est tendue dans les transports franciliens.
Organiser le développement économique de la "ville-monde"
La question économique est "la grande absente des réflexions des élus comme des architectes", a déploré le secrétaire d'Etat à la région Capitale. Lui en fait sa priorité. Il estime que les "villes-monde" (New-York, Londres, Tokyo, Paris...), comme il aime à les appeler, font et feront la croissance de demain. Or, constate-t-il, "Paris ne joue pas le rôle moteur qu'elle devrait pour l'économie française". Les prévisions de croissance sont faibles (+ 1% par an sur 25 ans). Et il juge les réponses apportés par la Région Ile de France dans son schéma directeur, trop timorées.
Pour aller chercher cette croissance, il compte organiser une meilleure accessibilité des zones d'excellence grâce à leur articulation avec les aéroports, les gares TGV, voire avec le port du Havre, "le seul que nous ayons avec le reste du monde". Autre axe de réflexion: accroître la visibilité et la notoriété de ces zones de développement économique "à potentiels inédits" (Paris Sud-Evry pour la pharmacie, Plaine Commune pour la création artistique, Saclay pour les sciences dures, etc.). "Nous avons découvert des terres inconnues, des gisements inexploités, a indiqué Christian Blanc. Qui sait que 50 à 60 % de la pharmacie se situe dans un rayon limité entre le Sud de Paris et Evry? Qui s'alarme de voir notre Cancéropole complétement asphyxié?" Sur ce point cependant, le secrétaire d'Etat à la région Capitale s'est contenté de généralités. Il reviendra à Nicolas Sarkozy, fin avril, d'apporter les indispensables précisions.