Grand Paris. Jacques Marsaud : «Couvrir l’Ile-de-France d’intercommunalités»
10 Mars 2009
Rédigé par Pierre MANSAT et publié depuis
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Grand Paris. Jacques Marsaud : «Couvrir l’Ile-de-France d’intercommunalités»Le délégué régional de l’Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) voit dans les projets de communautés, qui fleurissent avec l’onction de l’Etat en petite couronne, une alternative à la «mégastructure» prônée par Edouard Balladur. Interview du directeur général des services de la communauté d’agglomération de Plaine Commune (Seine-Saint-Denis).
Comment votre association de «DG» intercommunaux accueille la proposition du rapport «Balladur» de supprimer les communautés de la petite couronne parisienne ? Ce «Grand Paris» casserait aussi les communautés en deuxième couronne, puisque des communes, dans cet espace, pourraient demander à y être individuellement rattaché. Les réactions les plus vives, lors de la réunion que nous avons organisée le jour même de la remise du rapport, le 5 mars, sont d’ailleurs venues des collègues de ces territoires. Toutes les communes, membres d’une telle instance, perdraient des pouvoirs dans des domaines aussi essentiels que l’aménagement, l’urbanisme et le logement. Les quelques quinze directeurs généraux des services des communautés d’agglomération d’Ile-de-France présents, le 5 mars, ont, dans leur motion, désapprouvé, à l’unanimité, la proposition du comité «Balladur».
Vous retrouvez-vous davantage dans l’allocution prudente de Nicolas Sarkozy, le 5 mars ? Le 5 mars l’évènement n’a pas été son discours, mais la rencontre entre les représentants de la conférence métropolitaine et les élus des Hauts-de-Seine. Patrick Devedjian et Jean Sarkozy ont accepté le projet de syndicat mixte Paris Métropole. A partir de ce moment-là, la messe était dite pour le «Grand Paris» d’Edouard Balladur.
Edouard Balladur a, en dépit de tout, suggéré également une communauté urbaine, lors de son audition, le 10 mars, par la mission sénatoriale sur la réforme des collectivités. N’est-ce pas, à vos yeux, un moindre mal ? Cette communauté serait toujours constituée de 6, 7, voire 8 millions d’habitants. Elle ne pourrait donc pas assurer l’indispensable proximité. Nous croyons bien davantage, à l’instar du secrétaire d’Etat au développement capitale, Christian Blanc, à une logique de projets et de pôles de développement.
Votre objectif n’est-il pas, avant tout, de marginaliser la ville de Paris ? Nous ne nous inscrivons pas dans le registre du rapport de force mais du partenariat. Paris doit naturellement constituer le pôle central. Sept ou huit pôles forts doivent aussi s’affirmer. L’image de la marguerite et des pétales, que nous avons utilisée à Plaine Commune, ne nous paraît plus la bonne. Car derrière la première rangée, il existe aussi d’autres pôles qui doivent intégrer l’ensemble. Nous devons créer de nouveaux espaces, qui dépassent les frontières fictives entre la petite et la grande couronne. Il s’agit de couvrir l’Ile-de-France d’intercommunalités.
L’expérience de Plaine Commune peut-elle servir de matrice ? Nous avons beau être la communauté d’agglomération francilienne qui a le plus de sens, notre territoire n’est pas forcément toujours pertinent. Voilà pourquoi, nous voulons créer de nouvelles solidarités avec la boucle nord des Hauts-de-Seine autour de Gennevilliers, la ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), la communauté d’agglomération de Roissy-Porte-de-France (Val-d’Oise) et la communauté de communes de l’aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis).
Les projets d’intercommunalité ne doivent-ils pas être mis entre parenthèses afin de donner de la cohérence à la métropole, comme le réclame le sénateur (UMP) Philippe Dallier ? Nous relevons, avec beaucoup de satisfaction, qu’il n’en est rien. A la veille de la remise du rapport Balladur, l’Etat a pris un premier arrêté autorisant, dans les Hauts-de-Seine, la fusion d’Arc de Seine et de Val de Seine. Ce sera la deuxième intercommunalité d’Ile-de-France, derrière Plaine Commune. L’Etat ne voit pas non plus d’un mauvais œil les autres projets de communautés, notamment dans le secteur de Pantin et Montreuil (Seine-Saint-Denis). S’il est une proposition, que nous approuvons dans le rapport «Balladur», c’est bien celle qui vise à achever la carte intercommunale.