5 Mars 2009
Douche écossaise sur le Grand Paris.
Le rapport Balladur, rendu public la
semaine dernière prévoyait la
création par la loi d'une collectivité
spécifique fusionnant à la hussarde
les quatre départements centraux.
Mais, en recevant hier les membres
du comité venus lui présenter leur
rapport sur la réforme territoriale
(lire ci-contre), Nicolas Sarkozy a
temporisé. Pas de mesures
autoritaires: «Il faut nous donner un
peu plus de temps» , a expliqué le
Président, évoquant une
«concertation spécifique» «Un
enterrement de première classe» , a
résumé Elisabeth Guigou, secrétaire
nationale du PS à la réforme de
l'Etat.
Un bol d'air frais en tout cas pour
nombre. d'élus de la région
parisienne. La perspective d'une
organisation décidée d'en haut sans
tenir compte de l'avis des
collectivités locales a fait hurler les
élus qui se sont engagés depuis
plusieurs années dans la démarche de
Paris Métropole. Aujourd'hui
syndicat mixte d'études, ce
regroupement était au départ un club
informel monté à l'initiative de Pierre
Mansat, adjoint (PCF) au maire de
Paris chargé des relations avec les
collectivités territoriales, en
compagnie de quelques pionniers,
dont certains de droite.
«Matrice».De l'attitude de Nicolas
Sarkozy hier, Pierre Mansat dit
qu'elle est l'application «du principe
de réalité» : «Il ny a pas de réforme
possible sans les acteurs des
collectivités locales.» Ceux-ci ne
sont regroupés pour l'instant que
«dans la matrice qu'est Paris
Métropole» . Ebauche d'une future
collectivité du Grand Paris qui
naissait dans la lenteur et la
prudence, le syndicat mixte d'études
semblait, . la semaine dernière,
sérieusement menacé par une
éventuelle création du conseil du
Grand Paris modèle Balladur.
Philippe Laurent, maire (divers
droite) de Sceaux (Hauts-de-Seine) et
membre fondateur de Paris
Métropole, l'exprime autrement: «Si
des lois nationales, votées par des
parlementaires de province qui n'en
ont rien à faire de Paris, organisent
nos affaires, on est mal.»
Les représentants de l'UMP des
Hauts-de-Seine, dont le président du
conseil général Patrick Devedjian,
semblent raisonner de la même
façon. Alors que 74 collectivités ont
déjà adhéré à Paris Métropole, ils
refusaient jusqu'à présent de le faire.
Et voilà qu'hier matin, ils
rejoignaient eux aussi le syndicat
d'études. Ont-ils senti qu'il valait
mieux être en formation groupée
quand souffle le vent du boulet?
Hara-kiri.François Kosciusko-
Morizet, vice-président (UMP) du
conseil général des Hauts-de-Seine,
s'en défend «Le processus
d'adhésion, nous l'avions souhaité
dès novembre.» Il leur fallait une
modification des statuts permettant
de sortir facilement en cas de litige.
N'empêche, dans le Grand Paris de
Balladur, les Hauts-de-Seine (le
département de Nicolas Sarkozy)
étaient priés de se faire hara-kiri.
Face à ce genre d'injonction, l'union
peut être « utile », concède
Kosciusko-Morizet, qui ne pense pas
que du bien du chapitre Grand Paris
du rapport : «Vouloir mettre au
panier les communautés
d'agglomération en reg/on
parisienne, ce serait complètement
bête» .
Dans ce concert d'élus soulagés, seul
le sénateur (UMP) de Seine-Sai nt-
Denis Philippe Dallier, émet un autre
son de cloche. Il milite pour la fusion
des départements qu'il a expliquée en
avril 2008 dans un rapport qui avait
fait du bruit. Le comité Balladur
avait repris ses propositions en
grande partie. Dallier «reste
persuadé de la volonté du président
de la République sur le Grand Paris))
. <<11 y aura des lois cadre pour la
province, poursuit-il. Et il en viendra
une en temps et en heure pour le
Grand Paris.»
SIBYLLE VINCENDON