Ile de France: croissance sans développement, le rapport de Laurent Davezies
1 Septembre 2008
Rédigé par Pierre MANSAT et publié depuis
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"L'Ile de France reste aujourd'hui un des plus importants lieux de création de richesse du globe. Comme cela doit une nouvelle fois être rappelé1, en termes de produit intérieur brut, seules les villes de Tokyo, Los Angeles et New York font plus qu'elle. Si l'on compare son produit intérieur brut de 2003 (en dollars et au taux de change), avec 513 milliards, l'Ile de France représente encore à elle seule près de 40% du PIB chinois ! Peuplée de 11 millions d'habitants, la région Ile de France produit un peu plus que les 25 millions d'Australiens (492 milliards de dollars), beaucoup plus que les 101 millions de Mexicains (381 milliards), deux fois et demie plus que les 70 millions de Turcs,... Les Pays-Bas, qui sont souvent cités comme un pays économiquement vertueux, ont un PIB inférieur à celui de l'Ile de France (503 milliards) pour une population 40% plus nombreuse ! On peut multiplier ces comparaisons. Toutes conduisent à la conclusion que la région parisienne est une championne mondiale de l'efficacité économique. Pourtant, ce fait, et ce qu'il constitue comme enjeu pour la croissance française, reste largement ignoré alors même que, si l'on prend la peine d'y jeter un coup d'oeil, de nombreux voyants rouges clignotent depuis quelque temps sur le tableau de bord de son économie. Une façon de mesurer l'ignorance qui prévaut aujourd'hui sur la nature, les mécanismes et les enjeux de la croissance parisienne consiste par exemple, comme le lecteur peut le vérifier par lui-même, à se livrer à un exercice de cyber-lexicométrie sur le Web. Le moteur de recherche Lycos trouve 15 219 sites mondiaux dans lesquels apparaît l'expression « China economy » (et 920 pour « économie chinoise »), 2 900 dans lesquels apparaît le terme « New York economy », 1 659 avec « London economy » et...72 avec « Paris economy » (et 37 avec « économie parisienne » !). Il existe dans le monde des milliers d'économistes travaillant sur l'économie chinoise et pratiquement aucun travaillant sur l'économie parisienne, alors que la première, on l'a vu ne pèse pas plus de trois fois le PIB de la seconde. Généralement, quand on est affecté de multiples maladies, graves et combinées, les médecins se convoquent et se pressent à votre chevet pour montrer ou voir ce « très beau cas ». Concernant l'Ile de France, on en est loin. Pas d'attroupement. Sa situation actuelle, dans un contexte anti-urbain et pro-Province plus fort que jamais, arrange la plupart et ne fait pleurer personne. En dépit de la publication, depuis plusieurs années, de nombreux indicateurs inquiétants sur l'état et l'évolution économique et sociale de la région capitale, peu de diagnostics ont été produits pour donner de la chair sur ce qui ressemble fort à une crise francilienne.....> la suiteLaurent Davezies