2 Septembre 2008
LA PREMIÈRE VILLE d'Ile-de-France après Paris sera-t-elle aussi la première ville de banlieue à disposer de son réseau Vélib' ? C'est en tout cas ce que souhaite le maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet, qui a confirmé lors du dernier conseil municipal l'arrivée des vélos en libre-service dans la ville avant Noël. La mairie annonce 21 stations et près de 650 vélos à disposition. Les sept conseils de quartier de Boulogne ont déjà planché sur un document de travail pour concertation. Ce plan prévoit la couverture de 80 % du territoire de Boulogne et de 90 % des habitants. Une restriction due à la règle posée par le Conseil d'Etat. La couverture Vélib' est en effet limitée à 1 500 m au-delà des frontières parisiennes.
Si l'annonce de l'arrivée des vélos en libre-service ne peut que réjouir les amateurs de déplacements non polluants, elle met cependant en relief une réalité boulonnaise : la rareté des pistes cyclables. Pour Sébastien Scognamiglio, responsable des Verts à Boulogne, « cette extension apparaît précipitée. Les pistes cyclables existantes sont largement insuffisantes. J'aimerais savoir par exemple comment s'y prendront les cyclistes pour traverser la place Marcel-Sembat ».
Le vélo, il est vrai, reste le parent pauvre des transports boulonnais. Pour Pierre Toulouse, président de l'association francilienne Mieux se déplacer à bicyclette, le constat est accablant. « Boulogne, plane et peu étendue, se prête bien au vélo. Les soucis viennent de l'aménagement. Les pistes existantes sont difficiles à aborder ou ne débouchent sur rien. Sur les grands axes et les ponts, les cyclistes sont en danger. Nous avions contacté l'ancienne équipe à plusieurs reprises. Sans réponse de leur part. » En 2006, l'épisode de la piste de l'avenue Robert-Schuman touchait au ridicule. Devant les plaintes des riverains, la mairie avait en effet dû faire machine arrière et renoncer à l'aménagement pourtant réalisé. La facture, entre construction, démolition et reconstruction, s'est élevée à 500 000 € p our une piste de 750 m. Pointés du doigt à l'époque, le manque de concertation et une politique cyclable gadget.
La nouvelle équipe conduite par Pierre-Christophe Baguet est arrivée aux commandes en affichant de fortes ambitions cyclistes. « Nous avions cette occasion d'installer Vélib', il ne fallait pas la laisser passer », explique le maire. « Nous avons amorcé la concertation sur l'implantation des stations et des futures pistes », précise-t-on à son cabinet. « Pour l'instant, on évitera les boulevard Leclerc et Vaillant-Couturier, trop dangereux. En revanche, l'adjoint à l'urbanisme étudie la possibilité de créer des zones 15 (limitées à 15 km/h) ou des voies cyclistes à contresens. »
Les Verts, eux, suggèrent, une refonte radicale du réseau urbain « avec des voies réservées aux bus, ouvertes aux vélos », les fameux « bus way » qui se développent à Paris. En attendant peut-être de voir un jour la rue Jean-Jaurès totalement piétonne comme les Boulonnais ont pu en profiter samedi 20. Pour une fois, les cris des enfants avaient réveillé les riverains, pas les voitures...
Le Parisien