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Pierre Mansat et les Alternatives

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Pourquoi Paris a décidé de reprendre de la hauteur

Des tours ? Pourquoi Paris a décidé de reprendre de la hauteur

Par Michaël Hajdenberg

Mediapart.fr

A la mairie de Paris, on ne parle pas de tours, on parle de «hauteurs». C'est dire si le sujet fait peur. Depuis une enquête menée en 2003 à l'occasion des discussions sur le PLU (Plan local d'urbanisme) laissant deviner qu'une majorité de Parisiens étaient opposés aux tours, le sujet est toujours abordé avec la plus grande prudence.

La proposition de Nicolas Michelin pour le site de Bercy

Les Verts se sont toujours opposés à leur édification. Mais depuis leur lourde défaite aux municipales, ils ne font plus obstacle. Le champ est libre, ou presque. «Pendant la campagne, le maire a dit qu'il se savait minoritaire, mais qu'il ne s'interdisait pas de convaincre», explique Anne Hidalgo, adjointe à l'urbanisme. Bertrand Delanoë a-t-il pris sa réélection comme une manifestation de sa force de persuasion? En tout cas, la question n'est plus aujourd'hui de savoir s'il y aura des tours. Mais où et comment.

Et c'est sur la question des sites que la mairie avance le plus vite. Bien sûr, il n'est pas question de toucher au cœur de Paris. Mais uniquement à des sites délaissés, situés à la périphérie et qui font actuellement office d'échangeurs routiers ou de voies de chemins de fer.

Cinq emplacements ont d'ores et déjà été cités: porte de la Chapelle (18e), porte de Bercy (12e), Masséna-Bruneseau (quai d'Ivry, 13e), les Batignolles (17e) et porte de Montreuil (20e). Sur trois d'entre eux, des "workshops" avaient été lancés (dont sont extraites les images ci-dessous qui n'ont valeur que de documents de travail). C'est sur celui de Masséna-Bruneseau que la Ville estime les études les plus «concluantes». Un concours d'architectes pourrait être lancé en 2009. En revanche, pour la Chapelle et Bercy, il faudra encore attendre.

La proposition de l'agence Brenac et Gonzalez pour le site de la porte de la Chapelle

Partout, de grands traits communs ont toutefois été dessinés. Ainsi, si la ville envisage des tours pouvant atteindre les 100 ou 200 mètres, celles-ci devraient se compter sur les doigts d'une main. Car dans ces immenses tours là, personne n'habitera. On y mêlera bureaux, hôtels, restaurants et équipements publics. Les immeubles destinés au logement, eux, ne dépasseront pas les 50 mètres, soit 16 étages.

Ne pas reproduire les erreurs de l'après-guerre

La raison est simple: au-delà, les charges sont trop lourdes. Pour des raisons de sécurité, il faut par exemple qu'il y ait un pompier à résidence, ce qui coûte très cher.

La proposition de Philippe Barthélémy pour le site de Bercy

Mais avec une hauteur si relative, le gain en logements sera-t-il encore conséquent? Depuis 1977, le PLU interdisait de construire plus haut que 37 mètres. En permettant d'aller jusqu'à 50 mètres sur certaines zones, les architectes escomptent un gain de superficie de 25 à 33% par immeuble. Dans chacune des constructions, la moitié des habitations devrait être réservée au logement social.

«Les coûts d'entretien sont très importants dans une tour. Il ne faut donc pas reproduire les erreurs de l'après-guerre en ne faisant que du logement social», explique l'architecte Eric Lapierre.

Pour le projet Masséna, Anne Hidalgo évoque «quelques centaines d'appartements». Pas de quoi en finir avec la pénurie de logement à Paris, convient la mairie. Mais «il faut se donner un peu de marge et de souplesse», explique la mairie, qui avance à pas prudents pour parler de la future ville dense et durable. Le projet est celui de créer des «zones mixtes» (logements donc, mais aussi activités, équipements publics...). La hauteur devant libérer de grands espaces au sol pour des logements plus bas, «des quartiers vivants» et «riches en espaces verts». » Le tout dans une «dynamique d'agglomération».

Pierre Mansat dit: «Bien sûr, il y a l'image, le signal, qui sont aussi recherchés.» Mais il nuance: «La Défense pourrait suffire.» Sur la même ligne, Anne Hidalgo précise: «Les tours ne sont ni un tabou ni une obsession. On ne fait pas des tours pour être à la mode ou identifier une mandature.»

Mireille Ferri, vice-présidente (Verts) de la région en charge des questions d'aménagement du territoire, n'est pas convaincue. «Les tours démontrent la puissance, le rayonnement, répondent à un volonté de communication. Mais elles ne répondent pas aux besoins.» Pour elle, le logement constitue l'urgence. «Or à Paris, il n'y pas de place pour faire du logement ET de l'activité.»

Mireille Ferri ne voit pas en quoi les tours collent à un vision de la ville durable. «Les tours sont beaucoup trop consommatrices d'énergie. Elles nécessitent des ascenseurs nombreux. Sans compter la question de l'aération, puisqu'à partir d'une certaine hauteur, on ne peut plus ouvrir les fenêtres.»

Pour Mireille Ferri, tout cela peut se gérer «mais cela coûte très très cher. 30% de plus qu'un logement standard. Or la question se pose du coût pour la collectivité. Le problème, ce n'est pas le paysage urbain. C'est qu'on pose le problème de façon abstraite sans nous dire qui va entretenir, comment. Avec les tours, on va recréer des copropriétés ingérables.»

Vivre et travailler dans le même quartier

Les Verts mettent aussi en avant la question de la densité. Ils estiment qu'une tour ne permet qu'une très faible rentabilité de l'espace en raison «des interstices entre les tours qui ne servent à rien. Les hauteurs nécessitent des grandes voies, comme à Pékin, pour un équilibre des masses. Alors qu'il n'y a rien de plus dense que des maisons de ville à l'anglaise, collées, avec des jardins devant et derrière, qui permettent de penser l'intimité».

Mireille Ferri donne en exemple les maisons construites au nord des jardins de Bercy, dos à la Seine.
A la Ville, Pierre Mansat moque la vision défendue par Denis Baupin, adjoint aux transports (Verts) pendant la dernière mandature: «Il considère qu'il faudrait moins de monde dans la ville, moins de bureaux, moins d'activité. Dans ce cas-là, c'est vrai, il n'y a pas besoin de tours. Mais si on estime qu'au contraire, il faut préserver un certain équilibre social, générationnel, et produire plus de richesses pour créer des emplois, cela change la vision des choses. Car actuellement, le parc de bureaux parisiens vieillit. Et puis il faut produire des bureaux là où les gens habitent, porte de la Chapelle, porte d'Aubervilliers, à Bercy. Autant qu'ils y travaillent plutôt que de se rendre tous les jours à la Défense. »

 


Le projet de Jacques Ferrier pour le site Masséna

 

Sur la question du développement durable, il cite la tour Hypergreen développée par Jacques Ferrier en collaboration avec des ingénieurs spécialistes d'environnement. Hypergreen est capable de produire l'essentiel de l'énergie nécessaire à sa consommation (voir détails dans l'onglet Prolonger).

Thierry Paquot, philosophe de l'urbain, reconnaît les mérites de Jacques Ferrier, mais ne partage pas les autres analyses de Pierre Mansat. Dans un article du Monde diplomatique, il met en doute les arguments de «quelques architectes stars stimulés par tout un lobby immobilier». Selon lui, «les tours sont coûteuses (les charges représentent un second loyer) ; elles ne possèdent aucun espace public, la vie est centrée sur l'ascenseur, la livraison à domicile, l'isolement de la ville "réelle" ». S'agissant des bureaux, il s'interroge sur «l'absentéisme provoqué par l'enfermement dans un univers dédié à l'air conditionné» et sur les «angines à répétition».

Des tours sans dalle

Les architectes toussent. Ils doivent aussi répondre aux attaques à répétition sur les échecs du front de Seine, des Olympiades ou encore de la tour Montparnasse. On leur renvoie les image des habitants des Villes nouvelles qui se voyaient vivre heureux dans ces immeubles, et qui déchantent aujourd'hui.

 

Le projet de Dietmar Feichtinger pour le site de Bercy

 

«C'est normal qu'il y ait cette méfiance dans le pays qui a inventé les grands ensembles, analyse Eric Lapierre. Ce qui est plus regrettable, c'est d'avoir une approche manichéenne, alors qu'il y a des tours très réussies.» La Ville n'a de cesse de répéter que 166 tours existent déjà dans Paris, et que les plus intégrées sont forcément les moins remarquées (les orgues de Flandres, le 29 du boulevard Arago...). Elle rapporte des témoignages d'habitants de tours qui louent «l'absence de bruits liés à la circulation automobile», «la vue dégagée en plein ciel», «une convivialité favorisée par la verticalité», «la clarté et la luminosité».

 

Un point d'accord toutefois: l'échec des dalles aux pieds des tours. La vie ne s'y est jamais développée; c'est la rue qui génère l'activité. Et elles limitent la densité. Or celle-ci est absolument essentielle. Car si un point semble aujourd'hui mettre tout le monde d'accord, c'est l'urgence de stopper l'étalement urbain: une ville écologique serait une ville nécessairement compacte.

 

«Plus on vit éloigné, plus le coût de la vie est cher, analyse l'architecte Eric Lapierre. Quand on vit à plus de 20 kilomètres de Paris, les études montrent que les économies réalisées en logement sont perdues en raison du coût des services et du carburant...»

 

Fort de ces constatations, Mediapart a choisi de vous présenter deux projets originaux de tours. Le premier est issu des workshops demandés par la ville: Eric Lapierre commente le travail qu'il a réalisé pour le site Masséna-Bruneseau (13e). Le second est une réhabilitation: Jean-Philippe Vassal explique comment il va réhabiliter tour Bois-le-Prêtre (17e).



URL source: http://www.mediapart.fr/journal/france/080708/des-tours-pourquoi-paris-a-decide-de-reprendre-de-la-hauteur

Liens:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/michael-hajdenberg
[2] http://www.mediapart.fr/journal/france/230608/eric-lapierre-nous-fait-visiter-sa-tour
[3] http://www.mediapart.fr/journal/france/220608/pourquoi-detruire-une-tour-quand-peut-la-transformer
[4] http://www.mediapart.fr/journal/france/200608/la-seconde-vie-du-periph
[5] http://www.mediapart.fr/journal/france/190608/en-voiture-deux-urbanistes-nous-expliquent-le-periph
[6] http://www.mediapart.fr/journal/france/200608/paris-c-est-fini
[7] http://www.mediapart.fr/journal/france/230608/paris-voit-son-avenir-en-flou-n-est-ce-qu-une-ville-fatiguee-et-sans-energie
[8] http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/54/07/70/03132006-group-hypergreen-3d-bilanguage-fr.wmv

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