24 Juin 2008
Propos recueillis par Bertrand GRECO
Le Journal du Dimanche
Candidat UMP aux élections régionales en Ile-de-France en 2010, Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, snobait la Conférence métropolitaine. Il a changé d'avis et se rendra mercredi aux "Assises de la métropole". Les maires de la petite couronne et les élus de la région plancheront cette fois sur la "gouvernance de la métropole".
Pourquoi participez-vous mercredi à la Conférence métropolitaine de Bertrand Delanoë, alors que vous la boycottiez jusqu'ici?
Au début, cette Conférence métropolitaine était une opération publicitaire visant à montrer que Paris discutait avec ses voisins. Mais chaque fois qu'un problème concret se posait, Bertrand Delanoë décidait de manière unilatérale, sans consulter les communes limitrophes. Ainsi, il a fermé le tunnel de Charenton ou la sortie sur Vanves, il a déclassé des logements sociaux à la Garenne-Colombes, sans informer les maires concernés. Nous n'avions aucun intérêt à être les figurants de cette mise en scène. Ceci dit, on observe un changement ces derniers temps. Je constate que Bertrand Delanoë, Claude Bartolone ou d'autres, acceptent désormais de dialoguer avec la droite et le gouvernement sur la question du Grand Paris. Dès lors, dans la mesure où le débat est lancé, toutes les tribunes doivent être utilisées. Il ne s'agit pas d'institutionnaliser la Conférence métropolitaine, qui n'a pas de base légale, ni aucun pouvoir de décision. Mais de diagnostiquer ensemble ce qui ne va pas dans cette région et tenter de trouver des solutions.
Quelles propositions concrètes comptez-vous faire?
Je dirai que la définition d'un Grand Paris ne doit pas être classiquement territoriale, mais construite sur de grands projets, permettant la relance de l'emploi, de la croissance, du logement, des transports... en petite comme en grande couronne. Avant de penser à la structure, il faut d'abord se mettre d'accord sur ces grands projets. J'ai proposé la création d'un ou deux grand campus universitaires, d'un grand pole d'affaires à l'Est (Val-de-Marne ou Seine-et-Marne), d'une ou deux écopolis en grande couronne. Je défends non seulement Métrophérique, en proche couronne, mais aussi la rocade ferrée SNCF reliant les tangentielles. Bien sûr, je soutiens à fond le développement d'un grand pole d'innovation et de technologie sur le plateau de Saclay ou encore le pole aéroportuaire de Roissy, souhaités par le Président de la République. Le Grand Paris doit être une chance à saisir, au-delà des clivages politiques. Et surtout, il faut absolument refuser l'enfermement de Paris sur lui-même, ou sur les communes limitrophes. Une marginalisation de la grande couronne remettrait en cause la totalité des solidarités en Ile-de-France.
"Nous sommes en compétition"
Cette Conférence métropolitaine a pour thème la "gouvernance de la métropole"...
La priorité, ce sont les projets. Après, on réfléchira à un modèle le plus léger possible. Je ne crois pas à la création d'une nouvelle entité territoriale qui se rajouterait au mille-feuilles déjà très lourd en Ile-de-France. Imaginons une structure ad hoc, définie par une loi cadre _en 2009_, qui regrouperait tous les acteurs et permettrait des actions et des financements complémentaires. Aujourd'hui, les contraintes légales et réglementaires sur les grands chantiers nous freinent: nous mettons des années de plus qu'il y a vingt ou trente ans pour réaliser des opérations. Or, nous sommes en compétition avec le Grand Londres, Berlin, Barcelone, Amsterdam... Il faut donc une loi cadre, pour faciliter les grands chantiers par des dérogations aux normes et règles trop tatillonnes.
Le Grand Paris ne risque-t-il pas de "faire pschitt", comme le pronostique Jean-Paul Huchon?
Il y est opposé depuis le début. C'est une position absurde. On n'est pas là pour défendre nos chapelles. A part lui, tout le monde _à droite comme à gauche_ est conscient que quelque chose ne marche pas dans notre région. La dynamique régionale est en panne. Il est de notre devoir de trouver des solutions pour relancer la machine. Il ne s'agit pas de déclarer la guerre aux institutions, mais à l'immobilisme.
Nicolas Sarkozy a évoqué l'idée d'un référendum sur cette question. Qu'en pensez-vous?
Il en a parlé. Je ne sais pas s'il imagine un référendum sur la gouvernance ou sur un projet global. Il en dira plus à l'automne. Je ne vois pas pourquoi on ne demanderait pas aux Franciliens leur avis. Ils pourraient choisir entre deux projets, par exemple. Pour cela, il est sage d'attendre les propositions que feront les dix équipes d'architectes et urbanistes mandatées par le Président. Et celles de Christian Blanc, qui, pour l'instant, consulte et prépare le grand projet commun.
Les présidents des conseils généraux de gauche en Ile-de-France se sont réunis cette semaine. Ils réclament une "solidarité financière"...
Je m'étonne de voir ces cinq départements de gauche Paris n'était pas invité, d'ailleurs organiser des réunions... sans la région. Cela ressemble fort à un désaveu, une remise en cause de la région. Ce n'est pas la volonté du Président de la République lorsqu'il lance le Grand Paris. Quant aux "solidarités financières", on verra. D'abord, mettons nous d'accord sur ce qu'on veut réaliser ensemble, ensuite on parlera des financements. Il faut faire les choses dans l'ordre.