2 Avril 2008
LE FIGARO. Vous organisez aujourd'hui un déjeuner de travail sur la question du Grand Paris. Dans quel but ?
Roger KAROUTCHI. On dit depuis vingt ans que les structures actuelles ne permettent pas l'attractivité économique de la Région Ile-de-France, ni l'élaboration d'un vrai schéma de transports publics ni une création suffisante de logements. Pourquoi cet échec ? La région manque de grands projets et de souffle. Le millefeuille institutionnel correspond de moins en moins aux réalités humaines et économiques de l'Ile-de-France. Il faut donc imaginer une structure qui ne tue pas les collectivités existantes. Le Grand Paris doit être compris comme un élément dynamique et non pas comme une substitution. Cette structure ne doit pas être un échelon administratif supplémentaire mais une administration de mission pour réaliser de grands projets d'urbanisme et d'architecture favorisant l'attractivité économique, grâce à un véritable maillage de transports publics.
Jean-Paul Huchon, le président socialiste du conseil régional, est résolument hostile à l'idée de Grand Paris. Comment pouvez-vous travailler sans lui ?
En réalité, Jean-Paul Huchon s'arc-boute sur l'institution régionale en refusant d'admettre les retards ou les échecs. La Région ne doit pas s'enfermer ni se «bunkeriser». Elle doit s'engager dans ce débat dans lequel elle a tout à gagner. D'autres socialistes, comme le maire de Paris Bertrand Delanoë, ou le nouveau président du conseil général de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, se disent prêts à négocier sur un certain nombre de sujets comme le logement, l'urbanisme ou la fiscalité.
Nous proposons que le débat sur le Grand Paris transcende le clivage droite-gauche et que nous puissions trouver par la concertation la meilleure solution pour créer, comme je le propose, la rocade de métro, «Métrophérique», des Ecopolis (villes écologiques), pour réfléchir à un grand pôle d'affaires dans l'Est parisien ou pour installer un grand campus universitaire en Ile-de-France. Tout cela implique un plus grand engagement financier de l'État, et des mesures dérogatoires d'impulsion pour abréger les délais de réalisation. La Région capitale a des obligations nationales, en particulier dans le domaine des transports, qui doivent être en partie assumées par l'État.
Pourquoi fallait-il créer un ministère pour faire avancer le projet de Grand Paris ?
Les idées sont nombreuses, à gauche comme à droite. Il faut beaucoup de concertation avec tous les élus pour faire un diagnostic et des propositions fédératrices d'aménagement structuré. Or, il n'existe aucune structure de débat entre les différents niveaux de responsabilité. La création d'un ministère a donc toute son utilité. Christian Blanc a une mission essentielle de rapprochement des points de vue et de synthèse. Il a été préfet de Seine-et-Marne, président de la RATP, député des Yvelines, trois expériences nécessaires pour assumer au mieux cette tâche.