La nouvelle géographie sociale à l’assaut de la carte électorale Christophe Guilluy, géographe - consultant
2 Mars 2008
Rédigé par Pierre MANSAT et publié depuis
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"......La métropolisation a, en effet, entraîné une spécialisation des activités et des emplois des grandes villes vers les secteurs les plus qualifiés. Dans le même temps, les périphéries périurbaines et rurales ont accueilli les activités les moins valorisées, notamment industrielles. En concentrant un nombre croissant d’emplois qualifiés, les métropoles attirent les cadres et les professions intellectuelles supérieures qui, du fait du renchérissement du foncier, trouvent prioritairement à se loger dans les anciens quartiers ouvriers des grandes villes. Ce processus de gentrification - ou d’embourgeoisement des quartiers populaires - touche désormais l’ensemble des grandes villes françaises, dont Paris, Lyon et plus récemment Marseille. Le mouvement atteint désormais les banlieues les plus proches, notamment à Paris et Lyon. Cette dynamique montre que, désormais, le centre des grandes métropoles déborde les limites de la « ville-centre ». Du fait de l’étalement urbain, les communes de banlieues de la première couronne se retrouvent désormais dans la zone la plus centrale des aires urbaines. Cette nouvelle centralité rend ainsi plus attractives toutes les communes des banlieues proches, même quand elles sont pauvres. Le processus est si puissant qu’après les ouvriers et employés, on assiste aujourd’hui à une éviction des catégories intermédiaires et moyennes de cette zone centrale. Ces catégories populaires et moyennes sont aujourd’hui contraintes d’habiter non pas « de l’autre côté du périph’ » mais « de l’autre côté des banlieues », loin, parfois très loin du centre, jusqu’à atteindre l’espace rural. Ce mouvement traduit une rupture fondamentale par rapport à la dynamique sociale et urbaine des deux derniers siècles...."