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11 Avril 2025
« Les banlieues ont été de véritables sas d’entrée dans la ville »
Publié le 08/04/2025 • Par Mathilde Elie •
L'historien Emmanuel Bellanger [ également l'un des auteurs de l'ouvrage collectif " Pour en finir avec le petit Paris " ]
🔥« C’est la première grande exposition sur les banlieues dans un musée national ! » Mardi 8 avril, Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte dorée, présentait l’exposition « Banlieues chéries » (1) à la presse. Films, tableaux, photos, maquettes, reconstitution d’un salon, installation sonore… Dans un parcours qui commence à la fin du 19ème siècle et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui, l’objectif est d’incarner la banlieue et de montrer qui se trouve derrière les façades anonymes et vertigineuses des grands ensembles.
🔶️Membre du conseil scientifique de l’exposition, Emmanuel Bellanger, historien et directeur du Centre d’histoire sociale des mondes contemporains de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et du CNRS Sciences humaines et sociales, décrypte pour La Gazette des Communes les grands enjeux de cette exposition.
🔸️Quel est l’ambition de cette exposition ?
« Banlieues chéries » est née d’une volonté partagée de déconstruire les représentations négatives des faubourgs, des quartiers et des banlieues populaires en mettant en perspective leur histoire sociale, politique et culturelle. Nous étions convaincus de la nécessité de nous défaire de la vision anxiogène des banlieues pour rappeler que leurs habitants et leur famille ont pu y être heureux.
L’exposition montre aussi que la banlieue se décline au pluriel. On y découvre la « banlieue verte », celle qui nourrira la capitale devenue métropole au 20ème siècle ; la « banlieue bleue » de la villégiature, qui formera les banlieues résidentielles ; sans oublier la « banlieue noire et rouge », ouvrière et industrielle, qui va jouer un rôle essentiel dans la reconnaissance et l’intégration sociale et politique du monde ouvrier.
🔸️En quoi les banlieues sont-elles un lieu de mémoire et de transmission ?
Les banlieues font partie intégrante de notre histoire. Elles ne se résument pas aux clichés qui contribuent à leur relégation. Au contraire, elles ont toujours été des laboratoires du social, de la culture et de la politique où se sont forgés des sentiments d’appartenance et de fierté. Elles ont été de véritables sas d’entrée dans la ville et des territoires d’accueil, où des vagues successives d’immigration ont trouvé refuge.
En observant l’histoire des banlieues, on mesure aussi l’engagement des élus locaux et des fonctionnaires territoriaux au service de ces territoires qui n’ont cessés de connaître des mutations depuis l’industrialisation jusqu’au choc de la désindustrialisation.
🔸️Quelles sont les grandes étapes de cette histoire ?
L’exposition est divisée en trois séquences, comme trois chapitres de l’histoire des banlieues. Elles ont d’abord été « douces et amères », lorsqu’elles étaient des territoires d’accueil mais aussi d’expérience des discriminations. Elles ont porté l’histoire du déracinement et des migrations de la Bretagne à l’Algérie. Mais ces banlieues ont aussi été des lieux de sociabilité et de solidarité. On l’oublie parfois mais les fêtes communales, de quartier, ont été essentielles dans la fabrique de ce lien social entre de multiples communautés.
La seconde partie, intitulée « banlieues engagées », reflète le temps politique et l’émergence des banlieues rouges. L’histoire singulière des trajectoires familiales se fond aussi dans une histoire collective. C’est dans ces territoires que l’acculturation politique, l’expérience d’un « nous » populaire contre eux les « bourgeois », les possédants, va se bâtir et forger l’image du « bastion » et plus tard du « ghetto».
Lorsque la ville est encore industrielle, on travaille et on habite dans le même territoire. Avec la désindustrialisation, cette matrice d’affiliation s’effondre avec pour conséquence la désagrégation des sociabilités militantes. Cette disparition, c’est le versant triste de l’histoire de ces « banlieues chéries » et idéalisées.
La dernières partie, « banlieues centrales », évoque une réappropriation de leur histoire par les habitants des banlieues…
Sur les réseaux sociaux notamment, les jeunes générations se réapproprient encore aujourd’hui l’héritage de l’esprit communal des villes de banlieues.
On ne quitte jamais réellement un quartier populaire qui nous a accueilli et vu grandir. C’est ce que notre association, l’AMULOP (pour association pour un musée du logement populaire du Grand Paris, ndlr), avait déjà constaté en réalisant l’exposition « La vie HLM » dans la cité Émile Dubois d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en 2020. Cette première exposition était essentielle car elle préfigurait la création du Musée du logement populaire, soutenu par le département de la Seine-Saint-Denis, Plaine commune, les villes d’Aubervilliers et de Saint-Denis et le mouvement HLM. Ce musée devrait voir le jour dans les prochaines années.