15 Août 2023
Dans Archphoto [ Italie]
Cohen: l’architettura come avventura intellettuale
Cohen : l'architecture comme aventure intellectuelle [ traduction de l'italien avec DeepL]
Avec Jean-Louis Cohen disparaît l'une des figures majeures de la scène architecturale internationale. Historien, critique, conservateur, il a su, au cours de sa carrière d'universitaire et d'enseignant, construire et promouvoir un vaste réseau collégial de connaissances sur l'architecture et la ville. Un réseau qui, à partir de la France, s'est étendu à l'Europe, aux États-Unis, à l'Union soviétique et à l'Afrique du Nord. Dans la densité et l'originalité de ces recherches, Cohen a proposé des hypothèses d'interprétation, souvent dans une clé comparative, avec des perspectives inédites jouant sur les liens entre architecture, société et politique. "J'ai essayé de construire - comme il le disait - une route alternative ; je ne prétends pas avoir tracé un chemin, plutôt des pistes dans le désert".
Ceux qui l'ont connu ont sans aucun doute été frappés par son immense érudition, sa prodigieuse mémoire et son inépuisable curiosité intellectuelle. Des qualités qui s'accompagnaient d'une grande générosité à l'égard de ses collègues et de ses étudiants, même lorsqu'il était absorbé par un nombre considérable de publications et d'études. Polyglotte et globe-trotter (comme il aimait à se définir), Jean-Louis savait toujours mettre ses interlocuteurs à l'aise, en leur demandant de parler tranquillement dans leur propre langue... Assister à ses conférences à Paris ou à New York était une expérience engageante et stimulante : que ce soit sur l'histoire urbaine, l'architecture française entre le XIXe et le XXe siècle, le constructivisme soviétique, l'architecture et la ville entre les deux guerres, Cohen incitait à une attitude critique, sans crainte révérencielle, et à l'autocritique. Une attitude qui devait néanmoins se fonder sur la rigueur et la profondeur de la recherche, acquises par un travail intense (y compris dans les archives), une interprétation attentive des textes et la capacité d'établir des liens (je me souviens, par exemple, de certaines discussions avec lui sur la lecture linguistique de certaines architectures italiennes pendant le fascisme, en termes de morphèmes et de syntagmes).
Son parcours intellectuel est marqué par son adhésion de jeunesse au Parti communiste (dont il se distanciera plus tard) et sa familiarité avec les événements de l'URSS (son père était journaliste, spécialiste de l'URSS ; membre, avec sa femme, de la résistance française). La connaissance du russe a permis à Cohen d'avoir un contact direct avec l'Union soviétique et de devenir un profond connaisseur de son architecture et de ses villes, en particulier des années 1920 et 1930. Influencé d'abord par Manfredo Tafuri et Hubert Damisch, il travaille surtout dans une perspective comparative - entre les États-Unis et l'URSS, la France et l'Italie - en s'intéressant à des figures marquantes (comme Le Corbusier et Mies Van der Rohe) et à des auteurs moins connus (comme André Lurçat et Gaston Bardet). L'Italie a été un champ de réflexion important pour Cohen : à la fin des années 1970, il a analysé les relations entre la France et l'Italie, explorant l'"italophilie" de certains pans de la culture architecturale française de l'époque et le détachement entre les intellectuels et les architectes (La coupure entre architectes et intellectuels, ou les enseignements de l'Italophilie, de 1984, réédité en 2015). L'architecture et la ville italienne ont ensuite été parmi les thèmes principaux de l'exposition
Année 30. L'architecture et les arts de l'espace. Entre industrie et nostalgie (1997).
La modernité, les relations entre l'architecture, l'histoire et la société, la transmission de l'expérience et les modèles sont au centre de plusieurs expositions dont il est le commissaire, comme Architecture in Uniform : Designing and Building for the Second World War au Centre canadien d'architecture en 2011 et Modernity : Promise or Threat ? au Pavillon français de la Biennale de Venise en 2014. Sur l'URSS et les États-Unis, en particulier l'américanisme, Cohen a écrit de nombreux livres et articles, dont Le Corbusier et la mystique de l'Urss. Théories et projets pour Moscou, 1928-1936 (1987), Américanisme et Modernité :
l'idéal américain dans l'architecture (avec Hubert Damisch, 1992) ; il a été commissaire de l'exposition Building a New World : Amerikanizm in Russian Architecture au CCA en 2019. Confirmant le fil rouge qui traverse son parcours de recherche, son récent travail en cours sur l'architecture en France sous le régime de Vichy, provisoirement intitulé Le Maréchal et les architectes : l'une des pistes qu'il a laissées inachevées, avec l'ouvrage sur Frank Gehry (dont le premier volume Frank Gehry : The Masterpieces a été publié en 2021).
La contribution de Jean-Louis Cohen à l'architecture contemporaine, et pas seulement à son histoire et à sa critique, reste encore en partie à explorer, notamment en Italie. C'est pourquoi une traduction italienne de l'histoire de l'architecture L'architecture au futur depuis 1989, publiée en 2012 par Phaidon en éditions française, anglaise et portugaise, serait la bienvenue. Ainsi que les conférences qu'il a données au Collège de France dans le cadre de la chaire internationale " Architecture et forme urbaine (2013-2021) ", dont l'importance réside d'ailleurs dans le fait qu'avec lui, l'architecture entre pour la première fois dans la prestigieuse institution française, témoignant d'une idée de l'architecture elle-même comme aventure intellectuelle, ce qui me semble constituer le principal héritage de Cohen.
Luigi Manzione
13.8.23
Cohen: l’architettura come avventura intellettuale
Con Jean-Louis Cohen scompare una delle figure maggiori della scena architettonica internazionale. Storico, critico, curatore, durante la sua carriera di studioso e di insegnante ha saputo costruire e promuovere una rete, vasta e collegiale, di conoscenza sull’architettura e sulla città. Una rete che, partendo dalla Francia, si è estesa all’Europa, agli Stati Uniti, all’Unione Sovietica, all’Africa settentrionale. Nella densità e originalità di queste ricerche, Cohen ha proposto ipotesi interpretative, spesso in chiave comparativa, con inedite prospettive giocate sulle connessioni tra architettura, società e politica. “Ho cercato di costruire – come diceva – una strada alternativa; non pretendo di aver tracciato un cammino, piuttosto delle piste nel deserto”.
Chi lo ha conosciuto è stato senz’altro colpito da una enorme erudizione, una memoria prodigiosa, una curiosità intellettuale inesauribile. Doti che si accompagnavano ad una grande generosità verso colleghi e studenti, anche nei momenti in cui era assorbito da una mole rilevante di impegni editoriali e di studio. Poliglotta e globetrotter (come amava definirsi), Jean-Louis riusciva sempre a mettere a proprio agio i suoi interlocutori, chiedendo di parlare tranquillamente nella loro lingua…Assistere alle sue lezioni a Parigi o a New York era un’esperienza coinvolgente e stimolante: che trattasse della storia urbana, dell’architettura francese tra Ottocento e Novecento, del costruttivismo sovietico, dell’architettura e della città tra le due guerre, Cohen esortava ad assumere un’attitudine critica, senza timori reverenziali, e autocritica. Un’attitudine che doveva tuttavia fondarsi sul rigore e sulla profondità della ricerca, acquisiti grazie ad un intenso lavoro (anche in archivio), ad un’attenta interpretazione dei testi e alla capacità di istituire collegamenti (ricordo, ad esempio, alcune discussioni con lui sulla lettura linguistica di alcune architetture italiane durante il fascismo, in termini di morfemi e di sintagmi).
Il suo percorso intellettuale è stato segnato dalla adesione giovanile al partito comunista (da cui prenderà poi le distanze) e dalla familiarità con le vicende dell’URSS (il padre era un giornalista, specialista dell’URSS; membro, con la moglie, della resistenza francese). La conoscenza del russo permise a Cohen di avere un contatto diretto con l’Unione Sovietica e di diventarne un profondo conoscitore dell’architettura e della città, in particolare degli anni 20 e 30 del Novecento. Influenzato all’inizio da Manfredo Tafuri e da Hubert Damisch, lavorerà prevalentemente in una prospettiva di comparazione – tra gli USA e l’URSS, la Francia e l’Italia – concentrandosi su figure di spicco (come Le Corbusier e Mies Van der Rohe) e su autori meno conosciuti (come André Lurçat e Gaston Bardet). Quello italiano è stato per Cohen un importante terreno di riflessione: alla fine degli anni ’70, analizza le relazioni tra la Francia e l’Italia, esplorando la “italophilie” di certa parte della cultura architettonica francese dell’epoca e il distacco tra gli intellettuali e gli architetti (La coupure entre architectes et intellectuels, ou les enseignements de l’Italophilie, del 1984, ripubblicato nel 2015). L’architettura e la città italiana sono state in seguito tra i temi portanti della esposizione Année 30. L’architecture et les arts de l’espace. Entre industrie et nostalgie (1997).
La modernità, i rapporti tra architettura, storia e società, il transfert di esperienze e di modelli sono al centro di alcune esposizioni da lui curate, come Architecture in Uniform: Designing and Building for the Second World War al Canadian Centre for Architecture nel 2011 e Modernità: promessa o minaccia? al padiglione francese della Biennale di Venezia del 2014. Sull’URSS e gli Stati Uniti, in particolare sull’americanismo, Cohen ha scritto numerosi libri e articoli, tra i quali Le Corbusier et la mystique de l’Urss. Théories et projets pour Moscou, 1928-1936 (1987), Américanisme et Modernité:
l’idéal américain dans l’architecture (con Hubert Damisch, 1992); ha curato la mostra Building a New World: Amerikanizm in Russian Architecture del 2019 al CCA. A confermare il filo rosso che attraversa questo suo percorso di ricerca, è il recente lavoro in corso sull’architettura in Francia durante il regime di Vichy, dal titolo provvisorio Le Maréchal et les architectes: una delle piste da lui lasciate incompiute, insieme all’opera su Frank Gehry (di cui è stato pubblicato nel 2021 il primo volume Frank Gehry: The Masterpieces).
Il contributo di Jean-Louis Cohen all’architettura contemporanea, e non solo alla sua storia e alla sua critica, è ancora in parte da esplorare, in particolare in Italia. Anche per questo, sarebbe auspicabile una traduzione italiana della storia dell’architettura L’architecture au futur depuis 1989, pubblicata nel 2012 da Phaidon in edizione francese, inglese e portoghese. Così come delle lezioni tenute al Collège de France nella cattedra internazionale “Architecture et forme urbaine (2013-2021)”, la cui importanza risiede peraltro nel fatto che, con lui, l’architettura entra per la prima volta nella prestigiosa istituzione francese, a testimonianza di un’idea dell’architettura stessa come avventura intellettuale, che mi sembra costituire il lascito principale di Cohen.
Luigi Manzione
13.8.23