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Pierre Mansat et les Alternatives

Luttes émancipatrices,recherche du forum politico/social pour des alternatives,luttes urbaines #Droit à la Ville", #Paris #GrandParis,enjeux de la métropolisation,accès aux Archives publiques par Pierre Mansat,auteur‼️Ma vie rouge. Meutre au Grand Paris‼️[PUG]Association Josette & Maurice #Audin>bénevole Secours Populaire>Comité Laghouat-France>#Mumia #INTA

la frontière entre Paris et la banlieue, a longtemps été sacrifiée par les politiques publiques , une tribune baclée dans Le Monde

« La zone, la frontière entre Paris et la banlieue, a longtemps été sacrifiée par les politiques publiques »

 

La coupure entre Paris et les villes voisines n’a pas été créée par le périphérique, dont on célèbre les 50 ans. Elle est le résultat d’une histoire plus ancienne, celle de « la zone », un territoire longtemps victime du dédain parisien, rappelle l’historienne Isabelle Backouche dans une tribune au « Monde ».

A l’heure où l’on célèbre les 50 ans du périphérique, la notion de « Grand Paris » (une invention de l’entre-deux-guerres) s’impose au fil des mois, notamment dans la perspective des JO de 2024, et les portes de la capitale se transforment à vive allure. Après la porte de Clichy, qui a accueilli le tribunal de Paris, la porte de La Chapelle verra bientôt arriver le Campus Condorcet et ses étudiants. La porte de Montreuil devrait aussi entamer sa mue avec la construction d’immeubles et l’aménagement d’un vaste espace vert, à condition que le projet fasse l’unanimité.

Cette reconquête tardive de la périphérie parisienne tente de réparer l’abandon d’un territoire : la zone, un anneau de 35 kilomètres de circonférence qui enserra la capitale à partir de 1845.

Jamais considérée comme un territoire de peuplement, mais comme un territoire de services, la frontière entre Paris et la banlieue a longtemps été sacrifiée par des politiques publiques animées par le dédain parisien vis-à-vis des communes voisines. Paradoxalement, alors que Paris n’a pas de maire jusqu’en 1977 et que le préfet de la Seine préside aux destinées de la capitale et de sa périphérie, cette configuration politique n’a pas garanti une continuité urbaine. Cette dissymétrie entre Paris et sa banlieue a scellé le sort de ce territoire riverain de la Ville Lumière et signé l’échec de l’extension de Paris, une capitale dominée par des logiques qui échappent à l’urbain.

Un refuge populaire

L’histoire de la zone commence au milieu du XIXe siècle, alors que des fortifications sont érigées pour défendre la capitale d’éventuelles attaques extérieures. L’armée interdit de construire à leur pied, sur une distance de 250 mètres (sans toutefois détruire les habitations déjà existantes) – une servitude que les propriétaires des terrains concernés supportèrent sans être indemnisés. Paris traversa alors les décennies avec une ceinture de territoires congelés.

Compte tenu de la grave crise du logement, cette zone non aedificandi accueillit malgré tout jusqu’à 40 000 habitants, loin d’être tous des chiffonniers ou des apaches : s’y réfugiait le Paris populaire qui ne pouvait se loger ailleurs, aménageant des pavillons ou des baraques pour vivre en famille et aller travailler dans la capitale. L’image du bidonville a écrasé cette véritable cité, née de l’arrangement entre locataires et à contre-courant de l’idée que seul un plan pouvait garantir l’urbain.

Inefficace pendant la guerre de 1870, la fortification fut démolie au sortir de la première guerre mondiale. On édifia sur son emprise des habitations à bon marché, impressionnants bâtiments de briques rouges que l’on distingue aujourd’hui en faisant le tour de Paris en tramway.

Quant à la zone, annexée à Paris en 1919, elle resta inconstructible au prétexte de raisons sanitaires, la hantise de l’insalubrité ayant encore bon dos. La zone devint alors un lieu privilégié d’installation d’équipements au service de la capitale : le Palais des expositions et la Cité universitaire dans les années 1930, le stade Pierre-de-Coubertin ou, plus récemment, l’université Paris-Dauphine. Mais le grand projet de ceinture verte, porté par des urbanistes en herbe, ne verra pas le jour sur la zone.

Il fallut près de quarante ans pour évincer les zoniers, et le régime autoritaire de Vichy marqua un pas décisif, soucieux d’aménager un boulevard à la place de la « ceinture lépreuse ». Parce qu’ils résistaient, on ne se priva pas de dégrader la réputation des zoniers afin de légitimer leur disparition. Le souvenir de cette ville disparue s’est cristallisé dans l’expression « c’est la zone », dont on a aujourd’hui oublié l’origine.

Héritage méconnu

La construction du périphérique est engagée en 1956, et signe le réinvestissement d’un bricolage urbain aux portes de Paris au nom de la modernité. Nouvelle fuite en avant ignorante des logiques urbaines, elle prive les élus des communes périphériques d’aménagements à venir pour le bien de leurs administrés. Pourtant, dès 1953, sous la pression de la crise du logement, des immeubles ont poussé sur la zone (porte de Vincennes, porte de Vanves) sous l’égide de la Régie immobilière de la Ville de Paris et de la Société anonyme de gestion immobilière. Les résidents obtiennent l’insonorisation de 3 284 fenêtres dès l’achèvement du périphérique en 1973 et, en 1975, le Conseil de Paris examine la couverture de plusieurs tronçons, « considérant les graves conditions de vie des riverains du boulevard périphérique du fait de l’intensité permanente du bruit occasionné par l’importance de la circulation routière ».

Dès lors, comment réaliser un Grand Paris sans l’intégration au tissu urbain de ces portes de la capitale – qui sont autant d’entrées sur le périphérique – livrées à des usages fugaces et parfois sauvages, et peu densément peuplées ? Aujourd’hui, le prix à payer est fort, et les aménageurs méconnaissent cet héritage qui empêche le déploiement de Paris en continuité avec ses voisines.

La cacophonie des pouvoirs n’a pas disparu : on l’a vu notamment lorsque la maire de Paris a tenté d’imposer une logique urbaine au ministre de l’intérieur et au préfet de police. Ces derniers passèrent outre pour installer [provisoirement, selon les autorités], porte de La Chapelle et porte de La Villette – des sites non urbains à leurs yeux –, des campements de fumeurs de crack qui, ironie de l’histoire, rappelaient les images emblématiques de la zone.

Occultant l’histoire sociale de la zone, bien différente des grandes envolées des architectes ou des aménageurs, la puissance publique s’empêche de surmonter le vide chargé d’histoires de vies de cet espace urbain. La logique d’accumulation d’équipements au service de la capitale n’a pas fait ses preuves, et le périphérique a rendu très complexe l’urbanisation d’un territoire stratégique pour le Grand Paris. Voilà le défi auquel sont confrontées les politiques publiques à venir.

 
 

Isabelle Backouche est historienne, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Spécialiste d’histoire urbaine, elle a publié, entre autres, « Paris transformé. Le Marais 1900-1980 : de l’îlot insalubre au secteur sauvegardé » (Créaphis, 2019) et « La Zone et les zoniers parisiens. Un territoire habité, un espace stigmatisé », dans « Genres urbains. Autour d’Annie Fourcaut » (Créaphis, 2019).

Toujours  cette lecture bienséante dominant/dominés, rien de territorial, rien d'opérationnel, rien de réel quand on voit tout ce qui a été progressivement construit logements, bureaux, équipements grands ou petits et approches plus où moins réussies [Porte des Lilas] du périphérique

Parc de la Villette,Philharmonie, Hôpital Debré, Archives, Cité universitaire, Stade Charletty, Parc des expositions, Parc des Princes, Roland Garros, Dauphine( citée) , Palais des Congrès, Arena, Zénith, Cité des sciences, tramway des Maréchaux
Et côté #Banlieues, villes voisines tout est urbanisé : bureaux, hôtels, centres commerciaux, logements....

Visiblement l'ouvrage novateur de A.Fourcaut, E.Bellanger, M. Flonneau "Paris/Banlieues conflits et solidarité" est bien oublié

#Paris #grandparis
 

la frontière entre Paris et la banlieue, a longtemps été sacrifiée par les politiques publiques , une tribune baclée dans Le Monde

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