Réagissant à notre tribune publiée par Le Monde, le groupe communiste du Conseil de Paris [conseil municipal] dépose un vœu [texte soumis au débat et au vote du Conseil] afin que soit décidé l'installation d'une plaque commémorative rue de Laghouat ainsi que le soutien à la demande de restitution de la clé.
Le texte (avec une petite erreur)ci-dessous
La prochaine séance du Conseil est prévue du 14 au 17 mars 2023.
L'occasion de faire entrer un peu d'histoire dans le débat sur les mémoires. Et peut être un premier signe pour contribuer à la contextualisation des lieux [rues, statues...] portant des noms liés à la colonisation.
Le texte >
Groupe communiste & citoyen du Conseil de Paris
Conseil de Paris des 14, 15, 16 et 17 mars 2023
Vœu relatif à la reconnaissance officielle du massacre de la population de la ville de Laghouat en Algérie en 1852
déposé par Nicolas Bonnet Oulaldj, Raphaëlle Primet
et les élu·e·s du Groupe communiste et citoyen
Considérant les soulèvements des habitants de la ville de Laghouat dans le sud de l’Algérie, aux portes du désert, en 1852 pour s’opposer à l’occupation française ;
Considérant que ces soulèvements ont été violemment écrasés par l’armée française pendant plusieurs jours massacrant plus de 2500 personnes, soit plus des deux tiers des habitants, y compris des femmes, des enfants et des vieillards ;
Considérant que cet assaut fut l’un des épisodes les plus violents mené par l’armée française dans la cadre de la colonisation de l’Algérie ;
Considérant que la ville a été partiellement anéantie à la suite de ce siège ;
Considérant que cette « prise » de Laghouat a été célébrée à Paris par, entre autre, une exposition des étendards et de la clé de la ville, présentés comme des trophées, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides où un Te Deum est célébré ;
Considérant que ce massacre a laissé un profond traumatisme au sein de la population locale actuelle qui continue d’appeler l’année 1852, l’année de la Am el-Khalia, qui signifie « vide » en arabe pour rappeler que la ville fut vidée de la très grande majorité de ses habitants.
Considérant qu’une rue de la ville de Paris célèbre le nom de la ville algérienne de Laghouat depuis 1864 dans le but de commémorer, à l’époque, une « grande victoire militaire » ;
Considérant qu’il est important de développer des liens de solidarité entre les peuples algérien et français en construisant ou relayant des initiatives concrètes de coopération, de partenariat culturel, social, économique ;
Considérant que la connaissance de l’histoire commune de la France et de l’Algérie et des actes consolidant cette évolution doivent perdurer ;
Considérant que certains actes symboliques peuvent largement contribuer à renforcer l’amitié entre nos deux peuples ;
Considérant que la lettre ouverte du journaliste et écrivain algérien Lazhari Labter, auteur de Laghouat, la ville assassinée, ou le point de vue de Fromentin, au Président de la République, Emmanuel Macron, lui demandant d’agir pour la restitution de la clé et des étendards est restée sans réponse ;
Considérant la tribune du 6 février dernier dans Le Monde d’un large collectif, demandant ces mêmes restitutions ;
Considérant que la restitution de la clé et des étendards de Laghouat est possible dans la mesure où même s’ils sont actuellement la propriété du Musée de l’Armée française, ils ont été acquis dans des conditions dites anormales et sont donc considérés comme des prises de guerre ;
Considérant qu’une telle restitution peut dès lors s’effectuer à la simple demande d’une autorité algérienne ;
Sur proposition de Nicolas Bonnet-Oulaldj, Raphaëlle Primet et des élu·es du groupe Communiste et citoyen, le Conseil de Paris émet le vœu que la Ville de Paris :
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Installe une plaque commémorative et explicative rue de Laghouat, dans le 18e arrondissement de Paris afin de faire connaître les origines du nom de cette rue ;
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Soutienne auprès de l’État français le processus de restitution de la clé et des étendards aux institutions algériennes.
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