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Pierre Mansat et les Alternatives

Luttes émancipatrices,recherche du forum politico/social pour des alternatives,luttes urbaines #Droit à la Ville", #Paris #GrandParis,enjeux de la métropolisation,accès aux Archives publiques par Pierre Mansat,auteur‼️Ma vie rouge. Meutre au Grand Paris‼️[PUG]Association Josette & Maurice #Audin>bénevole Secours Populaire>Comité Laghouat-France>#Mumia #INTA

Intra-muros contre banlieues, un article dans le Monde

Intra-muros contre banlieues, un article dans le Monde
[#Paris/Banlieues/#GrandParis article très juste de l'éditorialiste du Monde, Philippe Bernard dans le Monde 16/17 Octobre
Ce n'est pas faute d'avoir essayé de relancer une pensée critique 😡Je crains un enlisement définitif. Aucune envie côté présidentiel, gouvernemental, parlementaires, et élus locaux toutes tendances confondues.
‼️Ne rien faire mais ensemble‼️
Alors que les inégalités s'aggravent et que pollution, changement climatique, biodiversité, logement, tourisme, logistique, La Seine & La Marne, les Canaux, éducation, sécurité, hébergement d'urgence, accueil des réfugiés, transports et mobilité, université et recherche.. Tout appelle, tout exige un gouvernement métropolitain. Pierre Mansat  ]
Intra-muros contre banlieues

Philippe Bertrand

Le Monde Dimanche 16-Lundi 17 Octobre 2022

Quelle pénurie d’essence ? Alors que la France des régions et des périphéries galère pour faire le plein, les habitants de sa capitale, dont 65 % n’ont pas de voiture et dont seulement 25 % l’utilisent pour leurs déplacements quotidiens, vaquent à leurs occupations, comme sur une autre planète. Cette exception des vingt arrondissements parisiens résulte de l’extraordinaire quantité de richesses et de lieux de pouvoir que l’histoire du pays a concentrée à Paris. Ainsi que de la densité, sans équivalent dans le monde, de ses transports publics. Cent pour cent : c’est la proportion des Parisiens vivant à proximité d’un métro rapide et fréquent, une part réduite en moyenne de moitié dès que l’on franchit le boulevard périphérique.

Cette liberté de pouvoir se passer de voiture relève d’un immense privilège. Sur le plan national, « 45 % des Français déclarent ne pas avoir accès à un transport public. En zone rurale, la proportion monte à 71 %, contre 8 % dans les grandes villes. La différence est énorme », observe, dans Le Parisien du 11 octobre, Sandra Hoibian, directrice générale du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie. Le gouffre est abyssal en Ile-de-France : tandis que les édiles parisiens promettent une « ville du quart d’heure » où tout, de l’école aux commerces, du sport à la santé, est à moins de quinze minutes à pied, les banlieusards les plus éloignés recourent, de gré ou de force, à l’automobile pour 87 % de leurs déplacements.

Cette « fracture mobilité » béante, que le futur métro du Grand Paris doit commencer à réduire, est matérialisée par la muraille en béton du boulevard périphérique, autoroute urbaine de 35 kilomètres qui, sauf à l’ouest, sépare deux paysages urbains, deux univers. Construit entre 1956 et 1973 sur l’emprise des anciennes « fortifs » démolies en 1919, le « périph » en a recréé l’effet frontière. L’étrange expression « intra-muros » n’est pas seulement une survivance historique. Aberrante dans une métropole à vocation mondiale, elle exprime la coupure perpétuée entre les vingt arrondissements et leurs « banlieues », et pas seulement en matière de transports publics.

Fossé de richesses

De fait, la fracture sociale ne fait que s’aggraver, marquant l’échec des politiques de la ville censées la réduire. Une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), publiée en 2020, montre qu’en Ile-de-France les quartiers défavorisés sont de plus en plus pauvres et les zones riches de plus en plus opulentes. Même la gentrification de certaines communes de proche banlieue ne parvient pas à contrebalancer cette tendance à une « polarisation toujours plus marquée entre territoires aisés et territoires pauvres ».

Ce fossé de richesses, bien visible sur les cartes classant les communes selon les revenus des habitants, suit, au nord et à l’est, la ligne de démarcation du périphérique. De part et d’autre des « murs » de la ville-centre, deux régimes, fonciers, fiscaux, scolaires et politiques, se perpétuent de facto.

Au-delà du « périph », le mètre carré d’habitation perd en moyenne 30 % de sa valeur, voire 60 % entre le 18e arrondissement et Aubervilliers ou Saint-Denis, dans la Seine-Saint-Denis. Moins riches, dans des périphéries moins bien desservies, les banlieusards propriétaires de leur logement paient un impôt foncier considérablement plus élevé que les Parisiens intra-muros. Quant aux services publics, ils ont tendance à fonctionner en mode dégradé sitôt franchi la barrière.

Moins de policiers, moins d’enseignants, de greffiers, de magistrats, de médecins scolaires : le constat dressé en 2018 par les députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo sur la Seine-Saint-Denis est accablant : « Le moins bien doté des établissements scolaires parisiens reste mieux doté que le plus doté des établissements de la Seine-Saint-Denis », disait-il, cinglant, mettant en lumière le scandale d’un Etat donnant moins à ceux qui ont le moins. Le diagnostic a suscité un plan de rattrapage par l’Etat, dont les insuffisances ont été dénoncées en février par les élus.

Combien de temps Paris intra-muros peut-il continuer à prospérer en tournant le dos à ce qui se passe au-delà du périphérique ? La question se pose à la municipalité parisienne qui, tout en prétendant vouloir atténuer la blessure de cette frontière indéfendable en y contrôlant mieux la circulation et en la végétalisant, met en œuvre des politiques qui la renforcent. Les abords du périphérique, derniers gisements de revenus fonciers pour la Ville, font l’objet d’une urbanisation exacerbée qui épaissit la muraille plutôt que de l’atténuer.

Absolument justifié face aux nuisances, le stationnement payant des scooters et motos coûte quatre fois plus cher aux banlieusards qu’aux Parisiens. Les artisans, de fait chassés de Paris, eux, doivent payer 240 euros par an pour stationner et donc venir travailler dans la capitale. Quant à la légitime réduction de la circulation automobile intra-muros, elle n’est guère compensée par une offre de transports renforcée.

Seule l’échelle de la région ou de la Métropole du Grand Paris peut permettre de traiter la multitude de domaines (logement, climat, transports, etc.) d’intérêt commun. Mais, engluée dans son mille-feuille politique à cinq niveaux (communes, intercommunalités, départements, métropole et région), l’Ile-de-France, avec ses 12,2 millions d’habitants, semble condamnée à ces multiples et vaines guerres de tranchées.

Et rien, alors qu’Emmanuel Macron semble avoir renoncé à sa promesse de « simplifier drastiquement les structures » du Grand Paris, pas même le double fiasco électoral à la présidentielle des deux têtes d’affiche qui s’affrontent de part et d’autre de la muraille parisienne (Anne Hidalgo et Valérie Pécresse), ne permet d’envisager une sortie de cet antagonisme d’un autre âge entre l’« intra » et l’« extra » muros.

 

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