8 Octobre 2020
Signée par plus de 100 architectes, urbanistes, historiens, etc. cette tribune emmenée - notamment - par Paul Chemetov, Jean-Louis Cohen et Nathalie Régnier-Kagan; appelle à protéger l’architecture parisienne contemporaine et, en particulier, l’ensemble architectural signé de Michel Kagan (1953-2009), dans le XIIIe arrondissement…
De part et d’autre du boulevard périphérique parisien, deux bâtiments remarquables - l’Hôtel industriel Berlier de Dominique Perrault et la Cité administrative de la Ville de Paris de Michel Kagan (1953-2009) - ont attiré l’attention des media et du monde de l’architecture au début des années 1990. Le site, très ingrat sous les fumées de l’usine de traitement de déchets du Syctom, était un «non-lieu», un délaissé de la construction de l’échangeur du périphérique en bord de Seine, quai d’Ivry. En confiant ces deux programmes à de jeunes architectes, l’intention de la Ville était d’investir ces franges urbaines, en leur apportant dignité et qualité.
Le premier bâtiment, rue Berlier près des boulevard des Maréchaux, un pur volume de verre et d’acier, défie avec élégance l’univers des voies ferrées et automobiles qui lui font face. Il vient d’être rénové. Le second, rue Bruneseau, construit à l’alignement, offre aux piétons, dans cet environnement déstructuré, les repères d’une urbanité retrouvée. Son programme, réparti en plusieurs bâtiments, propose une promenade architecturale intérieure. En 2005, la RIVP avait confié sur ce site à Michel Kagan la construction d’une résidence étudiante qui complète sa composition initiale. La rue Bruneseau, limite administrative entre Paris, le Val-de-Marne et Ivry, donne aujourd’hui son nom à la fin du chantier de Paris-Rive-Gauche, le plus grand projet urbain parisien de ces trente dernières années.
«Massena Bruneseau», tel est le nom du nouveau quartier en chantier autour des bretelles redessinées du périphérique. Une rue centrale, l’allée Paris-Ivry, reliera de plain-pied sous les infrastructures routières le XIIIe arrondissement et Ivry. Plus de 250 000 mètres carrés répartis en plusieurs bâtiments de 100 à 180 m de haut sont prévus. Le chantier en cours des tours Duo, visible de tout Paris, préfigure les évolutions du paysage parisien.
Les bâtiments de Michel Kagan seront au cœur du nouveau quartier. Ils doivent être acquis par le groupe AILN Développement qui a remporté la consultation organisée sur le devenir de ce site. L’îlot reconfiguré accueillant les deux bâtiments dénommés «Cité Kagan», verra s’implanter une tour de logements de 100 mètres de haut en bord de Seine et un immeuble d’habitat participatif.
Après une rénovation nécessaire, la Cité administrative abritera, pendant la durée d’un chantier de plusieurs années, des ateliers associatifs, le parking vélos des nouveaux logements et le QG de l’urbanisme transitoire qui accompagnera la mutation du site. A terme, il est question d’en faire une Cité artisanale. Les permis de construire des nouveaux bâtiments sont à l’étude, les études d’impact et enquêtes publiques vont arriver, les cessions et redécoupages fonciers suivront.
L’ensemble architectural de Michel Kagan, ne bénéficiant d’aucune protection, que ce soit sous la forme du «Label Architecture Contemporaine Remarquable», ou sous celle d’un classement au titre des Lois de 1913 et 1930, on peut s’inquiéter sur la préservation d’un ensemble significatif de l’architecture parisienne moderne. Nous demandons à la Ville de Paris et à la ministre de la Culture de protéger les bâtiments de Michel Kagan, au titre du patrimoine architectural des XXe et XXIe siècles, au-delà de la symbolique de la dénomination du nouvel îlot.
Les signataires
Adamczyk Georges , Ameller Philippe et Dubois Jacques, Arnold Françoise, Babin Eric et Renaud Jean-François, Badia Marie-Hélène, Barthelemy Philippe et Grino Silvia, Basbous Karim (Le Visiteur), Beaudouin Laurent, Bichat Jean-Marc, Bonne Jean-François, Borel Frédéric, Bourdeau Michel, Brugel François, Brunet Jérôme, Buffi Jean-Pierre, Burkalter Marianne et Sumi Christian, Calori Jean-Patrice et Azimi Bita et Botineau Marc (CAB), Cabestan Jean-François, Caille Emmanuel (D'A), Carducci Laura, Casi Silvia, Castro Roland et Denissof Sophie, Carrilho da Graça Joao Luis, Chaslin François, Chemetov Paul, Ciriani Henri, Cohen Jean-Louis, Colas Serge, Colboc Emmanuelle, Contenay Florence, Courtiau Jean-Pierre, Croset Pierre-Alain, Dervieux Alain, Devillers Christian, Dottelonde Phine, Dubois Hervé, Faivre-Aublin Cyrille, Faloci Pierre-Louis, Fortier Bruno, Frampton Kenneth, Furet Catherine, Gahinet Olivier (SFA), Galantino Mauro, Gangnet Pierre, Garces Jordi, Gazeau Philippe, Girard Olivier, Gromarck Sten, Grubert Mireille, Guuinic Théodore, Hammoutene Franck, Heuze Thomas, Ingersoll Richard, Kagan-Régnier Nathalie, Katz Pablo, Kempe André, Klein Richard (Docomomo), Ktenas Nikos, Labbé Christian et Dollé Béatrice, Landau Bernard, Laurent Norbert, Lazo Antonio et Mure Edouard, Leclercq François, Leconte Christine (CROAIF), Lee Eun Seok, Lefebvre-Picon Virginie, Lemoine Bertrand (Académie), Lucan Jacques, Madec Philippe, Mangin David, Margot-Duclot Gilles, Martinat Philippe (Le Parisien), Mas Jean, Morales-Sanchez José et de Giles Sarah (MGM), Nebout Emmanuel, Pages Muriel, Panerai Philippe, Paquot Thierry, Paurd Bernard, Pélissier Alain, Péneau Gaëlle, Perrault Dominique, Pinon Helio, Portzamparc Christian (de), Querrien Gwénaël, Quintard-Hofstein Pascal, Reichlin Bruno, Richter Pascale, Rodriguez Simon, Robain Martin, Salomon Laurent et Rotbart Judith, Sancho Juan-Carlos et Madridejo Soledad, Schoeller Frédéric et Richard Isabelle, Schmuckle-Mollard Christiane, Souto de Moura Eduardo, Stera Stefania, Suet Jean-Baptiste, Taillandier Ingrid Toulier Bernard, Tricot Catherine (Regards), Tschumi Bernard, Valente Ilaria, Valero Bernard et Gadan Frédéric, Veillerot Jean-Michel, Vezzoni Corinne, Vignaud Philippe (RVA), Wingaert Thierry (van de).